C'est demain soir qu'on connaîtra le nom du successeur du Cameroun au palmarès de la Coupe d'Afrique des nations. L'objectivité nous oblige à dire que la présence du Sénégal, premier du classement continental, était prévisible. En revanche, personne n'a misé sur l'équipe nationale algérienne sauf Belmadi. Tout le monde croyait qu'il s'agissait d'un discours de circonstances du coach visant à motiver son groupe et à troubler ses adversaires. Le déroulement de la compétions lui a donné raison. Grâce à quoi ? Sa connaissance du football ? Son intuition qui le fait penser à son autre grande victoire en coupe d'Asie 2014 lorsqu'il était aux commandes de l'équipe du Qatar, contre des adversaires redoutables comme l'équipe de l'Arabie Saoudite, abonnée aux rendez-vous de la Coupe du monde ? Tous les observateurs et anciens joueurs ont reconnu que c'est la finale idéale, en tout cas logique entre deux belles formations très près l'une de l'autre quant au niveau. L'Algérie est montée en puissance au fur et à mesure de la compétition avec cinq victoires et un nul contre la Côte d'Ivoire, tandis que le Sénégal n'a perdu qu'une seule rencontre face à l'Algérie justement en phase de poules. Ce sont donc des Sénégalais revanchards que vont affronter demain soir au stade du Caire les coéquipiers de M'Bolhi. Quels schémas tactiques ? Dans ce genre de match, il est indéniable qu'on doit soupeser les divers paramètres afin d'évaluer au plus juste les chances de chaque formation. On commencera par signaler les absences. Objectivement, celle de Koulibaly pèsera plus lourd que celle d'Atal du côté algérien, pour la bonne raison que ce dernier a été bien remplacé par Zeffane, moins offensif mais qui a prouvé qu'il est digne de la confiance de son entraîneur. En revanche, l'absence de Koulibaly aura certainement des retombées tactiques et morales. Car il s'agit d'un des meilleurs défenseurs au monde et leader des Lions de la Teranga. Aussi bon soit-il, son suppléant annoncé, (probablement Sally Sané), ne peut avoir le même rôle ni la même influence sur le jeu auprès de ses coéquipiers. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard si la défense sénégalaise n'a concédé qu'un seul but (inscrit par Belaili en phase de poules), alors que le secteur défensif algérien en a encaissé deux dont un sur un penalty face au Nigéria. Il y aura donc demain soir deux blocs face à face déterminés à justifier leur réputation. Il s'agit pour les analystes de tourner leurs regards vers le milieu et l'attaque. Et là, tous les observateurs s'attendent à une bataille farouche. Car, du côté sénégalais, cinq joueurs sont habituellement chargés de l'entre-jeu avec le traditionnel 4-5-1, les deux latéraux restant plus bas pour plus de prudence. Dans le camp algérien, il y a le trio Guedioura-Feghouli-Bennacer qui a fait ses preuves mais, en phase défensive, il y aura égalité numérique avec le repli des ailiers Mahrez et Belaili. Théoriquement, ce sera le 4-1-4-1 algérien face au 4-5-1 sénégalais, d'où l'importance des duels au milieu où toute perte de balle est interdite. Il reste les secteurs offensifs, réduits lorsque le ballon se trouve chez l'adversaire, mais qui seront plus denses en phases d'attaque. Dans ce domaine, l'Algérie s'est montrée jusqu'à présent plus efficace avec 12 buts contre 8 pour le Sénégal. Quels schémas tactiques ? Mahrez-Mané, le Ballon d'or africain en jeu Dans cette rencontre appelée à figurer dans les annales de la CAN, il y aura aussi « un match dans le match ». Le plus évident est celui qui opposera à distance les deux stars des équipes en présence, à savoir Mahrez contre Mané. Ces deux cracks sont appelés à donner le tempo à leurs équipes chacun à sa façon, et tout porte à croire que ce sera une lutte acharnée. En jeu, bien sûr et d'abord, la conquête de la Coupe d'Afrique. Ensuite, et selon tous les experts, le « Ballon d'or » africain 2019 est en jeu. Si Mané a remporté la Ligue des champions avec Liverpool, Mahrez a déjà gagné la Premier League avec Manchester City devant Liverpool, la Community Shield, la Cup et la FA Cup, soit quatre trophées. En outre, Mahrez a été distingué « homme du match » à deux reprises, alors que Mané a alterné le bon et le moins bon. Est-ce faire preuve d'un optimisme excessif si on présume que Mahrez, avec sa virtuosité technique et son ingéniosité à effectuer le bon geste, sera plus à l'aise que Mané qui se frottera à une rude défense algérienne. Il reste maintenant à évaluer le rôle des deux entraîneurs, anciens coéquipiers et amis de toujours. Pour le vécu, et c'est normal, la balance penche du côté d'Aliou Cissé, en poste depuis le mois de mars 2015, et qui a conduit son équipe au Mondial-2018 de Russie, avec un comportement honorable. Mais lorsqu'on pense à la métamorphose de l'équipe nationale en 10 mois seulement à la barre technique, on ne peut que tirer un grand chapeau à Djamel Belmadi. Les deux entraîneurs, à partir des schémas presque identiques, devront trouver la bonne formule pour rafler le trophée. Ce sera donc ce duel qu'on suivra de très près. Par ailleurs, quelques réflexions à propos de Bounedjah, travailleur acharné mais malchanceux. En l'absence de Koulibaly, Baghdad a une opportunité à saisir pour briser cette inefficacité qui devient une véritable obsession chez lui. Pour cela, il lui faudra rester concentré et non réclamer auprès de l'arbitre comme ce fut le cas lors des dernières rencontres. Le fait est qu'en dépit de cette stérilité, Bounedjah a toute la confiance de Belmadi, qui apprécie son pressing tout terrain sur l'adversaire et son abnégation au profit de l'équipe nationale. Et pourtant, le sélectionneur a toujours sous la main d'autres cartes offensives avec Ounas (déjà trois buts en peu de temps de jeu), Slimani et Delort, qui piaffent d'impatience sur le banc. Mais faisons confiance à Belmadi qui a battu tactiquement des entraîneurs adverses plus âgés et plus expérimentés. Enfin, quelques mots sur les supporters algériens qui, même en nombre égal, sont plus enthousiastes et plus influents que les autres galeries. Dans ce contexte spécial que demeure la finale de la Coupe d'Afrique des nations, le rôle de douzième homme n'est pas négligeable, loin de là. Or, tous les joueurs ont promis de vaincre le Sénégal et de récompenser comme il se doit ce magnifique public pas comme les autres. Rendez-vous est pris vendredi soir et que les cardiaques prennent leurs précautions !