«Il est essentiel, pour la crédibilité de l'Etat et des institutions publiques que les engagements pris soient honorés car c'est la condition sine qua non du rétablissement du lien de confiance entre l'Etat et le citoyen», a déclaré le Président Abdelmadjid Tebboune, au cours de la réunion du Conseil des ministres qu'il a présidée samedi. S'adressant aux ministres, il a ordonné la rupture avec les pratiques du passé, étant donné que les citoyens attendent la concrétisation des promesses auxquelles il s'est engagé afin de constater le changement dans leur quotidien. Le président de la République a insisté sur l'impératif de hiérarchiser les priorités en fonction de nos capacités financières et matérielles en établissant un calendrier précis de mise en œuvre. Il faut, a-t-il souligné, impérativement, mettre un terme à l'influence accrue des lobbies et des groupes d'intérêts dans les politiques publiques. Le début d'un processus A l'ouverture des travaux du Conseil, le Président Abdelmadjid Tebboune a caractérisé la phase actuelle comme le «début d'un processus qui devra nous conduire, avec l'aide de Dieu, à une refondation de l'Etat et de ses Institutions, sur des bases saines et à un redressement économique, social et culturel qui garantira une vie décente pour chaque algérien dans un climat de paix et de sérénité. La réalisation de ces objectifs requiert la mobilisation et la détermination de tous et la prise de conscience de chacun sur les enjeux et les défis que nous devons ensemble relever. Aussi, dans l'exercice quotidien des obligations de votre charge, vous devez toujours garder à l'esprit l'impératif de leur concrétisation ». Le Président Tebboune a fait savoir aux ministres que «désormais l'exercice des missions et attributions sera évalué et apprécié à l'aune de la responsabilité et de la redevabilité qui s'y attachent en tenant compte, essentiellement, du niveau de prise en charge réelle des besoins et préoccupations exprimées par les citoyens en général et par les opérateurs économiques et sociaux, en particulier». Les priorités dans l'industrie Après avoir entendu une communication présentée par le ministre de l'Industrie et des Mines sur le bilan et les perspectives de relance et de développement de son secteur, le Président Tebboune a mis l'accent sur ce qui revêt un caractère urgent comme l'importation de véhicules en kits SKD-CKD, insistant sur l'assainissement de cette situation et la mise en place de nouvelles règles, ainsi que la question du Complexe sidérurgique d'El Hadjar. Il faut rompre, a-t-il dit, avec les industries consacrant la dépendance. Le chef de l'Etat a donné plusieurs orientations concernant ce secteur : encourager l'investissement privé et consacrer des fonds étatiques à l'investissement dans les secteurs stratégiques ; appui immédiat à l'investissement privé avec la possibilité d'accorder des incitations importantes aux opérateurs utilisant les matières premières locales ; organiser des Assises nationales sur la nouvelle politique industrielle auxquelles prendront part les compétences de la diaspora et les différents acteurs économiques, avec le concours d'institutions internationales, pour l'élaboration d'une politique industrielle nationale répondant aux aspirations de la nouvelle Algérie ; mettre en place un système juridique stable pour une durée d'au moins dix années ; instaurer un contrôle strict des importations d'équipements et de services ; encourager le développement des industries manufacturières, telle la transformation de l'alfa et les industries agro-alimentaires; procéder à un état des lieux du foncier industriel; lutter contre les importateurs qui pratiquent la surfacturation, à travers la criminalisation de ces pratiques. Agriculture : les problèmes à traiter dans l'immédiat Concernant le programme d'action du secteur de l'agriculture pour la période quinquennale 2020-2024 présenté par le ministre de l'Agriculture et du Développement Rural, le Président Tebboune a identifié deux priorités: le traitement définitif, dans un délai n'excédant pas six mois, de la question du manque de lait, et mettre en place une politique nationale de stockage de produits alimentaires afin de pallier les problèmes de commercialisation, et dans le même sillage, résoudre le problème d'irrigation, notamment dans les Hauts plateaux et le Sud. Il a instruit la création d'un Institut de l'agriculture saharienne au Sud. Habitat : le droit à un logement décent Après la Communication présentée par le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville sur le plan d'action du secteur, le Président Tebboune a mis en avant le droit du citoyen à un logement décent soulignant l'impératif de lutter contre l'habitat précaire et d'éradiquer les bidonvilles. Il à donné des orientations pour l'amélioration de l'habitat à travers un renforcement du contrôle technique des constructions, la lutte contre la fraude dans les matériaux, l'interdiction de l'utilisation du bois dans les chantiers publics afin de préserver la richesse forestière, et la réduction des importations. A ce propos, il a instruit la création d'une banque du logement et a exhorté à une réflexion globale sur la création de villes périphériques afin de contenir l'exode vers les grandes villes. Commerce : associer la société civile Le Président Tebboune a souligné que les questions urgentes doivent être traitées en associant la société civile. Il a donné comme orientations : l'interdiction d'importer les produits fabriqués localement, dans l'objectif de protéger le produit national et réduire la facture d'importation ; la création de laboratoires au niveau de tous les accès frontaliers en vue du renforcement des mécanismes de contrôle des importations alimentaires; la création de zones franches avec les pays africains limitrophes; réduire la facture d'importation des médicaments. Santé : deux urgences Enfin, pour le secteur de la santé, le Président de la République fixe deux priorités : la prise en charge dans les services d'urgence et la prise en charge des femmes enceintes. Il a mis en avant l'importance de la prévention en concertation avec les associations de la société civile. Il a mis en garde contre le refus d'admission des femmes enceintes juste avant l'accouchement par n'importe quel service médical. Le Président de la République a également ordonné l'accélération de la réalisation d'un hôpital d'une capacité de 700 lits à Alger, insistant sur l'impératif de hâter la numérisation du secteur afin d'améliorer les prestations.