Le Maroc cachait bien son jeu en réintégrant l'Union Africaine en 2017 après 33 ans d'absence. Pour certains observateurs avertis le Maroc avait demandé de revenir à l'UA non pas pour se conformer aux principes fondateurs de cette organisation et à ses objectifs, mais pour imposer le fait accompli de sa colonisation du Sahara occidental. Trois ans après son retour, Rabat abat ses cartes en ramenant certains petits pays africains à ouvrir des consulats à Layoune, dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Une provocation qui a fait réagir l'Union Africaine et l'Algérie, après la décision prise par la Côte d'Ivoire d'ouvrir un consulat honoraire à Layoune. L'Union Africaine, présidée actuellement par l'Afrique du Sud rappellera aux pays membres les principes fondateurs de l'organisation et le respect du processus de décolonisation du Sahara occidental mené par l'ONU, il y a plus de 30 ans. L'Algérie tout en soutenant le processus onusien rappellera son ambassadeur en Côte d'Ivoire. Concernant les autres pays africains qui ont ouvert des consulats à Layoune, nous trouvons l'Afrique Centrale, un pays miné par l'instabilité et l'insécurité, l'Union des Comores, dont l'Ile de Mayotte est occupée par la France, Sao Tomé et principe, des iles dans le golfe de Guinée, représentant le plus petit pays d'Afrique, la Gambie, un des pays les plus pauvres d'Afrique et le Gabon. L'ouverture de ces consulats a été totalement financée par le Makhzen vu que la situation économique des pays concernés ne leur permet pas de payer les loyers et les salaires des personnels de consulats ouverts dans une région où ils n'ont même pas de ressortissants. Certains de ces pays africains pauvres ont même bénéficiés de l'effacement de leurs dettes par l'Algérie en 2010. Un geste que rares sont les pays qui le font et que la diplomatie algérienne doit le rappeler à ceux qui ont en bénéficié. Cette nouvelle situation, introduite par le Maroc en Afrique, nécessite une rapide riposte de l'Union Africaine. Lors de la tenue du 33e sommet de l'Union Africaine, tenu à Addis Abeba, le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, fraîchement élu a rappelé les positions de principes de notre pays concernant la cause palestinienne et le processus de décolonisation de la dernière colonie en Afrique, le Sahara occidental. Cela fait plus de huit ans, depuis la maladie du président déchu Abdelaziz Bouteflika, que l'Algérie n'avait pas été représentée, au rang de président, aux sommets de l'Union Africaine. Ce vide, laissé par notre pays a ouvert la voie au Maroc qui a lancé, avec l'aide de la France, une offensive diplomatique et économique en Afrique, qui s'est soldée par son retour à l'Union Africaine en 2017. Depuis l'élection d'un nouveau Président en Algérie au mois de décembre 2019, les provocations du Makhzen à l'égard du Polisario se sont multipliées. Mais le timing choisi par Rabat pour mener cette offensive provocatrice et imposer graduellement le fait accompli de la colonisation du Sahara occidental n'est pas fortuite. Ainsi et après une période d'observation de la situation politique de l'Algérie depuis le 22 février 2019, le Maroc renoue avec la provocation juste après l'organisation de l'élection présidentielle du 12 décembre passé. Le 22 février 2019, des millions d'Algériens sortent dans les rues pour rejeter le 5e mandat et exiger la démission d'Abdelaziz Bouteflika, incapable depuis 2013 d'assumer ses prérogatives de président de la République en raison de sa maladie. Après le départ de Bouteflika, la contestation populaire se poursuivra et certains milieux vont prédire à l'Algérie un avenir incertain et une violence inévitable. Malgré les provocations et les manipulations, les manifestations resteront pacifiques et l'élection présidentielle du 12 décembre aura lieu. Une fois que le nouveau Président, Abdelmadjid Tebboune, prête serment, la donne va rapidement changer. Rabat va vite comprendre que la politique extérieure de l'Algérie adoptée depuis son indépendance en 1962 ne va pas changer. Les provocations du Makhzen à l'égard du Polisario vont alors se multiplier. Mais le Maroc peut-il imposer le fait accompli de la colonisation du Sahara Occidental alors que plus d'un tiers de ce territoire est libéré et sous contrôle du Polisario. Le maintien de cette politique de provocation conduirait inévitablement à la reprise de la guerre dans la région et les conséquences déstabiliseront toute la région du Maghreb et de l'Afrique subsaharienne. Mais au-delà de ces provocations, le Maroc travaille pour un agenda qui n'est pas le sien et qui vise en réalité l'implosion de l'Union Africaine.