L'information donnée par les médias marocains puis largement reprise, avait été révélée il y a à peu près un mois : le chef de l'exécutif marocain a signé un décret paru dans le journal officiel du royaume chérifien, autorisant la construction sur un terrain d'une superficie de 23 hectares, au profit des Forces armées royales, d'une base militaire dans la province de Jérada, tout près de la frontière avec l'Algérie. Plus précisément, il s'agit d'un lot de terrain relevant du régime forestier, situé dans la forêt de Ben Ali, dans la région de Laâouinate qui relève de la commune de Jérada, qui doit être transféré au domaine privé de l'Etat en vue de la construction de cette base militaire. Les mêmes médias avaient indiqué que la construction de la nouvelle base militaire «s'inscrit dans le cadre d'importants efforts déployés depuis 2014 par le Maroc pour blinder davantage sa frontière terrestre avec l'Algérie», en fait pour espionner l'Algérie. On est loin de la simple «petite caserne à vocation d'hébergement de troupes» qui entrerait dans le cadre du «projet global de délocalisation des casernes militaires ayant pour objectif la libération du foncier urbain, partout dans le Royaume », selon la thèse servie tardivement par les médias marocains. Il s'agit bien d'une base militaire, comme l'a indiqué le chef du gouvernement dans le décret. Selon des sources au fait de ce dossier, le Maroc compte construire cette base militaire d'écoute avec l'aide des Etats-Unis et d'Israël. Les mêmes sources indiquent que l'Algérie ne compte pas rester les bras croisés devant un tel projet qui vise sa sécurité. L'état d'esprit belliciste qui domine le Makhzen s'est traduit tout récemment dans le «dérapage contrôlé » de l'ex-consul du Maroc à Oran (un officier des renseignements marocains, comme on le saura plus tard) qui a qualifié l'Algérie de «pays ennemi». «Comme vous le savez, nous sommes dans un pays ennemi. Je vous le dis en toute franchise », avait déclaré le consul marocain à des ressortissants marocains. Sa déclaration avait été filmée et partagée sur les réseaux sociaux. Le rappel de l'ex-Consul du Maroc à Oran, est intervenu après un entretien téléphonique entre le ministre des affaires étrangères, Sabri Boukadoum et son homologue marocain Nasser Bourita. Les démarches, conformes à la pratique diplomatique universelle, entreprises par le gouvernement algérien pour dénoncer le grave dérapage du consul général marocain et appeler la partie marocaine, dans des termes appropriés et sans équivoque, à prendre les mesures qui s'imposent, lesquelles ne peuvent avoir une autre acception ni autre interprétation que celle du rappel par le Maroc de son consul à Oran, avait expliqué le ministère algérien des Affaires étrangères. L'état d'esprit belliciste des responsables marocains est confirmé par l'étude intitulée «Pour une nouvelle stratégie de défense intégrée du Maroc», produite par un think tank marocain qui considère l'Algérie comme «un rival historique et un ennemi permanent». C'est contre l'Algérie, que ce think tank préconise pour le Maroc, «une nouvelle stratégie de défense intégrée». La base militaire projetée par le Maroc entre certainement dans cette stratégie. Pourtant, pour le moment, s'il y a une menace, c'est bien celle de la propagation dans notre pays du fléau de la drogue qui vient du Maroc. Des tonnes et des tonnes de kif traité sont fréquemment saisies près de la frontière avec le Maroc.