Cinq ans après la condamnation par le Tribunal criminel près la Cour de Blida d'Abdelmoumène Rafik Khelifa, en 2015, à 18 ans de prison ferme, inculpé pour «constitution d'une association de malfaiteurs», «vol en réunion et escroquerie» et «banqueroute frauduleuse, abus de confiance et falsification de documents bancaires», le même procès a rouvert dimanche dernier par le même tribunal, en présence du principal accusé. Un dossier qui revient sur l'épineux sujet des manœuvres et pratiques frauduleuses de la Khalifa Bank, à l'époque. Des accusations que réfute, aujourd'hui, l'accusé qui se dit confiant en «la partialité et l'équité de la justice algérienne pour rétablir la vérité» et l'acquitté des accusations qu'il estime «infondées». Des propos soutenus et corroborés par plusieurs co-accusés de Rafik Khalifa auditionnés, avant-hier, par le juge de siège. Ils sont revenus pour la plupart lors de leur interrogatoire sur leurs déclarations faites auparavant (lors du premier procès en 2015), dans lesquelles, ils ont incriminé le principal accusé dans l'affaire Khalifa, au sujet du retrait de fonds sans titres réguliers. Une accusation niée par le principal accusé, Abdelmoumene Khalifa qui a affirmé au juge que «le retrait de fonds s'est fait qu'il ait quitté le territoire national», intentant «les faits aux anciens dirigeants et responsables». En effet, lors du premier procès tenu en 2015, plusieurs personnalités politiques et publiques ont été citées dans cette affaires qui a fait pendant des semaines la Une des médias et provoquée un tollé au sein de la société. Des politiciens, des syndicalistes, des administrateurs et des hommes d'affaires ont défilé pendant des jours sur le banc des accusés avant que le verdict tombe. Un verdict qui a étonnement disculpé plusieurs personnalités publiques, suspectées de complicité. Cinq ans durant, le principal accusé, Abdelmoumene Khalifa tente de renverser la situation pour bénéficier de circonstances atténuantes. Cette fois-ci, le procès se déroule dans une conjoncture politique exceptionnelle et certaines parties s'interrogent sur l'éventuelle convocation à nouveau de toutes les personnes accusés et impliquées dans cette affaire et qui ont été relaxées ou innocentées à l'époque. Le procès n'est qu'à son deuxième jour. Deux jours marqués par des révélations intéressantes de certains accusés qui se sont, aujourd'hui, rétractés, remettant en question les déclarations faites auparavant ainsi que le contexte du procès tenu sous une certaine pression et probablement une manipulation médiatique de l'opinion publique. L'accusé Abdelmoumene Khalifa n'a d'ailleurs pas assisté à son procès et il a été condamné par défaut à 18 ans de prison ferme, avant d'être extradé en 2018. Tous les détails de l'affaire refont surface, avec de nouvelles révélations, en supplément. Confronté dès le premier jour du procès aux accusations retenues contre lui, l'accusé Khalifa avait nié «toutes les charges concernant le retrait de fonds sans titres réguliers», estimant avoir été victime d'un complot avec la complicité de l'ancien système». Accusé de complicité, à l'époque, l'ancien directeur général adjoint chargé de la sécurité au sein du Groupe Khalifa, Abdelhafid Chachoua, s'est défendu de toute implication dans cette affaire affirmant «n'avoir jamais procédé au retrait et au transfert de fonds sans titres réguliers ni à leur remise à Khalifa», concédant à l'accusé principal «la théorie du complot» en raison des pressions que lui ont faut subir certaines parties, qu'il n'a pas voulu nommer. Le co-accusé d'Abdelmoumene Khalifa a qualifié «les allégations de la défense à l'époque, d'infondées». Même défense adoptée par son frère Badr-Eddine Chachoua, accusé, également, d'avoir mené une campagne auprès des directeurs et des responsables d'entreprises publiques afin de les convaincre de déposer des fonds dans Khalifa Bank en contrepartie d'avantages personnels. Un chef d'accusation que le prévenu Badr-Eddine Chachoua et l'ancien directeur de l'Agence de Blida, Belaid Kechad, auditionné le même jour, ont récusé, contredisant ainsi les allégations de plusieurs autres accusés et témoins, cités dans cette affaire. Cinq ans après sa condamnation, l'accusé Abdelmoumene Khalifa espère avec la réouverture de son procès de «se disculper». Un espoir nourrit, probablement, par les derniers évènements politiques et judiciaires qui ont marqué l'Algérie avec l'inculpation de plusieurs personnalités politiques et publiques exerçant, sous l'époque du Président démissionnaire, Abdelaziz Bouteflika.