L'Algérie veut opérer un changement rapide de cap vers la production par la connaissance et la culture, indispensable au développement économique et social. Une reconfiguration profonde de tous ses modes de gouvernance et réglementaires s'impose pour redynamiser les secteurs productifs et industriels dans l'ombre. Egalement, ressusciter et réhabiliter les activités qui ont été victimes du désintérêt des anciens dirigeants. Aujourd'hui, le Gouvernement veut relancer et dynamiser le secteur de la culture pouvant contribuer potentiellement au développement économique et social. Il veut soutenir et développer l'industrie culturelle et lui donner une dimension purement économique. C'est ce qu'a fait savoir, d'ailleurs, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, avant-hier, lors du coup d'envoi du Forum de l'économie culturelle (3-5 avril) au Centre international des conférences (CIC) Abdelatif- Rahal. «L'Etat est engagé à soutenir, à accompagner l'innovation artistique et à réhabiliter le métier de l'artiste et des travailleurs du domaine de la culture, car l'artiste en tant que ressort de l'acte culturel figure au centre de ses préoccupations», a-t-il souligné. Un avis que partage la ministre de la Culture, Malika Bendouda, affirmant, dans le même registre, qu'«il y a une volonté politique pour relancer l'industrie cinématographique et inciter l'investissement dans le secteur culturel». La production culturelle marchande avec toutes ses branches peut, une fois développée, générer des gains importants et constituer une source de financements et de croissance. Pour parvenir à dynamiser ou revitaliser l'activité artistique et touristique en particulier, les professionnels du monde de la culture appellent à apporter des solutions cohérentes et pratiques afin qu'il puissent participer pleinement au développement économique national ou local. Ce qui ne peut se faire, en l'absence d'un environnement favorable et des conditions adéquates. Ces conditions ne peuvent être assurées que par la levée de tous les obstacles réglementaires, matériels et financiers qui empêchent l'artiste algérien de travailler et surtout de produire. Ce qui a, aussi, compliqué l'évaluation de façon exhaustive de l'impact économique de la culture sur le développement local. Ce premier forum était une occasion pour débattre autour de la situation de la culture en Algérie et des préoccupations de ses acteurs en vue de trouver des solutions pratiques pour sauver cette activité, menacée et démunie face aux différentes formes d'expressions en évolution permanente. L'intérêt exprimé par les pouvoirs publics au domaine de la culture redonne de l'espoir aux artistes et aux investisseurs qui souhaitent structurer les activités culturelles en filiales d'activité économique. L'objectif serait de libérer et profiter des ressources culturelles issues du patrimoine culturel important que recèle le pays. Egalement, soutenir et encourager les services et manifestations culturelles et sportives qui véhiculent les valeurs identitaires et culturelles de la population algérienne. Riche de sa culture et de ses traditions. La diversification culturelle et économique est étroitement liée. Les professionnels de ce secteur veulent concourir à développer les activités culturelles sans amalgame avec les entrepreneurs sociaux. Toutefois, il faudrait mettre en place une stratégie efficace pour libérer l'industrie culturelle et surtout renforcer la valeur économique dans le pays. Lors de son intervention, à l'occasion de ce Forum, le cinéaste et producteur Belkacem Hadjadj, également représentant de l'Association des producteurs algériens de cinéma (Apac), a proposé «la mise en place d'un comité intersectoriel qui aura pour charge de prendre en compte les projets liés à l'investissement dans le secteur culturel». Ce comité sera «composé de plusieurs ministères, contribuera à résoudre toute problématique entravant l'aboutissement des projets culturels», mettant en avant l'importance de développer «l'industrie cinématographique et télévisuelle qui demeure la locomotive de la relance culturelle en Algérie». Dans ce cas, l'identification des obstacles qui freinent les initiatives des professionnels de la culture est indispensable pour relever les défis et les lacunes législatives ou réglementaires. M. Ryad Ayadi, représentant de MD-ciné, une entreprise spécialisée dans la distribution cinématographique, a relevé la quasi-inexistence de la production cinématographique en Algérie et le manque d'espace d'expression culturelle posent une véritable problématique. Pour les aider à développer leur activité, il a suggéré «des mesures incluant des facilités fiscales et législatives pour inciter les porteurs de projets à investir dans l'industrie du cinéma en leur accordant des avantages fiscaux, parafiscaux et fonciers». Les professionnels de la culture veulent sortir leur activité de l'ombre.