Les essais nucléaires français dans le Sahara algérien ont été évoqués par le général de Corps d'Armée Saïd Chanegriha, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP) au cours de sa rencontre, au siège de l'Etat-major de l'ANP, jeudi, avec le général d'armée, François Lecointre, chef d'Etat-major des Armées françaises. Il s'agit de «la problématique liée à la réhabilitation des deux anciens sites d'essais nucléaires français, à Reggane et In-Ekker». «Je tiens à évoquer la problématique des négociations, au sein du Groupe algéro-français, au sujet des anciens sites d'essais nucléaires et des autres essais au Sahara algérien, où nous attendons votre soutien, lors de la 17ème session du groupe mixte algéro-français, prévue en mai 2021, pour la prise en charge définitive des opérations de réhabilitation des sites de Reggane et In-Ekker, ainsi que votre assistance pour nous fournir les cartes topographiques permettant la localisation des zones d'enfouissement, non découvertes à ce jour, des déchets contaminés, radioactifs ou chimiques», a indiqué le général de Corps d'Armée à son interlocuteur français. Les séquelles des essais menés par la France coloniale du 13 février au 1er mai 1966 à Reggane (Adrar) et In-Ekker (Tamanrasset), constituent un énorme contentieux dans les relations algéro-françaises. Des voix se sont élevées en France même pour que ce problème soit traité comme il convient et dans l'urgence, au vu du risque qu'il comporte sur la santé de la population avec des pathologies jusque-là méconnues dans la région et des cas de cancer ou de malformation sont diagnostiqués chaque année, particulièrement chez les nouveaux nés, et sur l'environnement, en particulier la faune et la flore. Outre l'apparition au fil des années de nouvelles maladies liées notamment au cancer, la leucémie, la cécité et les malformations congénitales, provoquées par la radioactivité, il est également relevé les stress et troubles psychologiques chroniques qui pèsent lourdement sur la vie quotidienne des populations de la région. Une mission doit être lancée dans le Sud algérien pour nettoyer les sites contaminés par les déchets radioactifs et collecter les restes, à la suite des essais nucléaires effectués par la France au Sahara dans les années 1960. Les déchets nucléaires devraient être rapatriés en France et traités dans des sites nucléaires. C'est ce que recommande le directeur de l'Observatoire des armements en France, Patrice Bouveret dans un entretien accordé au quotidien français Libération, publié jeudi. La France doit évidemment affecter des moyens pour cela. Pour Patrice Bouveret, co-auteur, avec Jean-Marie Collin, de «Sous le sable, la radioactivité ! Déchets des essais nucléaires français en Algérie», «toutes les informations n'ont pas été rendues publiques sur les résidus des déchets nucléaires», et il explique que «ce n'est pas un problème technique, mais un problème de volonté politique». Il a ainsi recommandé que «des équipes spécialisées doivent aller sur place et entamer ce nettoyage». «Aucun crime, aucune atrocité commise par quiconque pendant la Guerre d'Algérie ne peut être excusé, ni occulté». Ce sont les termes du communiqué de la Présidence française du mardi 2 mars 2021, qui annonçait la reconnaissance par la France de l'assassinat du Chahid Ali Boumendjel par l'armée française. Le Président Emmanuel Macron a fait savoir que ce travail sera prolongé et approfondi au cours des prochains mois. Les Algériens attendent un geste de reconnaissance des crimes du colonialisme français en rapport avec les essais nucléaires effectués par la France en Algérie. Durant la Guerre de libération nationale, le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) avait protesté contre l'utilisation du Sahara comme «périmètre atomique français» à cause des risques de radioactivité dans l'air. Pour la même raison, les premières expériences faites à Reggane avaient été condamnées par les pays amis de l'Algérie qui était en guerre pour son indépendance. En 1985, la télévision algérienne a diffusé un film documentaire (tourné en 35 mm), «Algérie, combien je vous aime», réalisé par Azzedine Meddour (décédé le 16 mai 2000) qui révélait pour la première fois au grand public que des prisonniers de guerre algériens avaient été utilisés comme cobayes durant des expériences nucléaires françaises au Sahara sous domination coloniale.