Sur un fond de vulnérabilités financières accumulées pendant des années, l'économie algérienne est confrontée depuis 2020 à de nouvelles crises. Le pays lutte depuis le premier trimestre 2020 contre la progression du Coronavirus qui impose une longue période de confinement strict, mettant un coup d'arrêt aux activités économiques, aux investissements et plongeant les finances publiques et la trésorerie des entreprises dans le rouge. L'Etat a injecté des dépenses additionnelles consécutives pour venir en aide aux entreprises nationales et aux ménages en crise. Dans le prolongement des années 2020 et 2021, l'année 2022 s'annonce aussi difficile et compliquée en raison de l'essoufflement des finances publiques, de la vulnérabilité générale des agents économiques et des investissements productifs. Le Gouvernement entend maintenir son programme de réformes structurelles et financières qui impacterait sûrement les règles budgétaires de l'Etat, des collectivités locales et différents systèmes financiers, sociaux et fiscaux. Pour atteindre l'équilibre financier, le Gouvernement poursuit la mise en œuvre de ses réformes globales et insiste sur la diversification de l'économie nationale, hors hydrocarbures afin de compenser la forte hausse des dépenses budgétaires et de la dette publiques. Optimiste d'un retour à la normale dès l'année 2022, le Gouvernement a fondé son prévisionnel financier sur une croissance soutenable, révisée à la hausse, et ce, malgré la hausse du déficit budgétaire qui devrait, selon les prévisions du PLF 2022, dépasser 4.000 milliards de dinars. Sans compter la hausse du solde budgétaire. Intrigués par l'effet que ce déficit pourrait avoir sur les perspectives économiques de 2022, les députés de l'Assemblée populaire nationale (APN) ont interpellé le Premier ministre et ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane sur la régulation du déficit budgétaire et public la soutenabilité budgétaire pour éviter la faillite du système financier du pays. Sachant que l'Algérie refuse fermement de recourir à l'endettement extérieur ni à la création monétaire pour renflouer les caisses de l'Etat et couvrir les déficits publics. M. Benabderrahmane a déjà répondu à cette question auparavant. Le financement du déficit budgétaire de l'exercice 2022 s' «effectuerait par le recours au marché financier intérieur, aux banques et à des prélèvements sur le Fonds de régulation des recettes (FRR) «. A rappeler que le Gouvernement a annoncé au début de l'année la réactivation et l'alimentation à nouveau du FRR, soldé en 2017, grâce à la hausse des cours du pétrole qui ont franchi la barre des 80 dollars. Ce rebond des prix du pétrole et du gaz soutiendrait les recettes globales du pays prévues dans «le PLF 2022 à 5.683 milliards de DA, contre 5.328 milliards DA pour l'exercice de l'année 2021 «. Notons que le PLF 2022 a été calculé sur la base d'un prix référentiel de 45 dollars. Insuffisant, toutefois, pour renflouer les caisses de l'Etat et réduire les déficits. Le Premier ministre et ministre des Finances a assuré que «la couverture du déficit du budget prévu dans le PLF 2022 se fera essentiellement à travers le recours au financement intérieur de l'économie via le développement des outils de financement bancaire «, précisant que ce marché «contient beaucoup de potentialités financières qu'il faudra mobiliser, ce qui permettra de desserrer l'étau sur le budget de l'Etat «. Une solution pratique et surtout nécessaire pour évincer le risque que l'Etat contienne l'aggravation de son déficit. Il reste à mesurer la faisabilité et l'adaptabilité de ces mesures au modèle financier et économique national. Il est prévu dans ce sens la modernisation du système bancaire et financier, mais aussi la révision de la réglementation des changes pour maîtriser la capitalisation des charges d'intérêt. Il y a toutefois le risque de l'accroissement de la dette publique. Pour contenir tout dérapage, M. Benabderrahmane a mis en avant «l'importance d'élargir l'assiette fiscale, déplorant le fait que plusieurs catégories de la société ont été contraintes, par la nature des lois en vigueur, de ne pas accomplir leur devoir fiscal et ne pas contribuer au développement «. Il a appelé les citoyens, notamment, les opérateurs économiques à se conformer aux lois et s'acquitter de leurs droits et taxes. «Pourtant, le patriotisme commence par le paiement des impôts et la contribution à l'effort national de développement «, a-t-il déclaré devant les parlementaires. Revenant sur les priorités du Gouvernement, M. Benbderrahmane a évoqué l'urgence de diversifier l'économie nationale, relevant les efforts menés par les pouvoirs publics pour «la diversification des sources de financement de l'économie à travers des ressources alternatives aux hydrocarbures et qui seront accompagnés de nouvelles mesures afin de garantir l'efficacité des dépenses publiques «. Il a mis l'accent aussi sur l'urgence de capter l'argent informel, assurant que «le Gouvernement s'attellera à thésauriser l'argent circulant dans le marché parallèle à travers de nouvelles mesures également introduites dans le projet de loi qui prévoit un déficit budgétaire de 4.175,2 milliards DA «. Ces dispositifs devraient aider l'économie à fonctionner de nouveau sans l'assistanat de l'Etat et enclencher une reprise vertueuse de l'investissement et de la croissance.