Le Premier ministre et ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane est revenu, avant-hier lors de la présentation du Projet de loi de Finances 2022 (PLF) devant les députés de l'Assemblée populaire nationale (APN) sur les nouvelles dispositions législatives introduites dans le cadre des orientations stratégiques de l'Etat et sur les prévisions détaillées des comptes publics, du budget général, des déficits et de la croissance, etc. Le Gouvernement se montre toutefois prudent sur la situation sanitaire actuelle qui pourrait accroître les incertitudes sur les dépenses publiques et les prévisions de croissances, et ce, malgré la mise en place de nouvelles mesures de soutien au pouvoir d'achat et à l'investissement. Une flexibilité réglementaire et financière devrait plutôt relever la croissance de l'activité économique hors hydrocarbures en 2022. Le Gouvernement vise à rééquilibrer les finances publiques et poursuivre l'exécution des réformes financières globales pour accélérer la mise en place d'un nouveau modèle économique inclusif, résilient et solidaire. Après des années de déficits et d'austérité, le rééquilibrage budgétaire et des finances publiques reste difficile, mais nécessaire. Malgré un bilan financier et économique plutôt «décevant»pour l'année 2021, le Premier ministre et ministre des Finances se montre plus optimiste que les investisseurs et experts concernant les perspectives de croissance en Algérie, insistant sur l'importance de poursuivre les réformes fiscales et financières qui restent «une priorité». La situation actuelle permet, selon lui, d'évaluer de manière réaliste les prévisions économiques 2021-2023 à commencer par la croissance économique qui devrait atteindre, selon le PLF «3,3% et une croissance hors hydrocarbures de 3,7%». «Le PLF 2022 œuvrera constamment à assurer l'équilibre de la finance publique, tout en maintenant la subvention de l'Etat qui sera destinée aux catégories vulnérables dans l'objectif de protéger les acquis sociaux. Ainsi, les réformes fiscales engagées dans la LF 2021 se poursuivront à travers les lois de Finances complémentaires (LFC) de 2022 ou de 2023», a déclaré M. Benabderrahmane. Il a réitéré l'attachement de l'Etat à la stabilité sociale, indispensable pour relancer la dynamique économique grâce au soutien de l'investissement national et international, mais aussi de l'emploi. Malgré les signes encourageant de la reprise, le Gouvernement reste prudent et réorganise ses priorités favorisant ainsi le redressement des entreprises nationales et l'équité fiscale au niveau local. Pour lutter, entre autres, contre les incertitudes économiques et sanitaires, le PLF prévoit de prélever sur le chapitre des dépenses imprévues un montant de «390 milliards de dinars»et prévoit également 433,03 milliards de dinars consacrés au soutien à l'activité économique (dotations des comptes d'affectation spéciale, les CAS, et bonification des taux d'intérêt). Ces prélèvements s'ajoutent au déficit budgétaire. Il est prévu, également, dans le même sillage, l'alimentation à nouveau du fonds de régulation des recettes (FRR) soldé en 2017. Sachant que le PLF 2022 est basé sur un prix de référence de 45 dollars et un prix du marché du baril à 50 dollars. L'Etat ne compte, toutefois, pas abandonner ses projets de réformes économiques et financières, en encourageant l'autonomie financière des collectivités locales et des entreprises nationales. De nouvelles mesures sont prévues dans ce sens par le texte de loi. Il est prévu «la révision des modalités d'imposition de certaines taxes et impôts, tout en dynamisant davantage les recettes provenant des biens et des revenus d'exploitation», a indiqué M. Benabderrahmane, annonçant qu'«une dotation de 58 milliards de dinars sera répartie sur les 58 fonds d'investissement de wilaya chargé de participer au capital des Petites et Moyennes Entreprises créées par les jeunes entrepreneurs». Le Premier ministre et ministre des Finances est revenu sur l'impératif de diversifier l'économie nationale à travers l'amélioration du climat des affaires et le renforcement de la coopération locale (public/privé) et internationale pour attirer les investisseurs étrangers, notamment, après l'abrogation de la règle 51/49% régissant les IDE en Algérie. Selon la valeur des IDE, en Algérie, est «dérisoire», ne dépassant pas les 1,3 milliard de dollars. Il a insisté sur la modernisation et l'optimisation des systèmes financiers et des services bancaires et l'implication des représentations diplomatiques dans la recherche des partenaires, dans une approche gagnant-gagnant. L'investissement stratégique est la clé de la sortie de crise et du changement. Pour encourager ce secteur, M. Benabderrahmane a cité les nouvelles mesures fiscales mises en place par les autorités visant à réduire aussi la pression fiscale à travers la résorption de l'écart entre les résultats comptable et fiscal, donnant lieu ainsi à une meilleure intégration fiscale. En effet, malgré la crise financière, le Gouvernement opte pour des rallonges budgétaires. Une démarche illustrée par un budget de fonctionnement important. Le PLF 2022 prévoit, d'ailleurs, «un budget de fonctionnement de 6.311,53 milliards de dinars et un budget d'équipement (crédits de paiement) de 3.546,90 milliards de dinars dont 2.713,86 milliards de dinars pour l'investissement et 833,03 milliards de dinars pour les opérations en capital». Cette affectation a pour objectif de booster l'investissement, le rendement et l'emploi devant soutenir «les recettes budgétaires prévues à 5.683,22 milliards de dinars, dont 3.579,31 milliards de dinars issues de ressources ordinaires (63% des recettes) et 2.103,90 milliards de dinars de fiscalité pétrolière (37%)». En effet, le Gouvernement compte améliorer le recouvrement de la fiscalité ordinaire désormais. L'autre budget important estimé à 1942 milliards de dinars est alloué aux transferts sociaux, ce qui représente 1/5 du budget de l'Etat, soit 19,7% du budget, alors que l'Etat décide de mettre en place un dispositif de compensation des subventions. M. Benabderrahmane a défendu son projet de loi devant les parlementaires et devra, par ailleurs, tenir compte des quelques recommandations émises par la Commission du budget et des finances. Le débat s'achèvera jeudi.