Les cours du pétrole ont repris de la hauteur mardi, soutenus par les derniers développements de la crise ukrainienne, qui se superposent à un marché déjà inquiet d'une offre insuffisante. Le prix du baril de Brent a gagné 2,23%, pour finir à 88,20 dollars. A New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI), également pour échéance en mars, a lui pris 2,74% pour clôturer à 85,60 dollars. «Cette situation fait clairement peser un risque d'une réduction de l'offre», a souligné Robert Yawger, responsable des contrats à terme sur l'énergie chez Mizuho Securities. «La Russie exporte cinq millions de barils par jour. Donc il suffit qu'on ait des sanctions ou des problèmes d'acheminement, un oléoduc qui explose ou un terminal de stockage qu'on ferme», pour que l'offre se contracte, a poursuivi l'analyste. Le marché mondial de l'or noir «est déjà tendu, donc on ne peut pas se permettre de perdre un baril de plus», a insisté Robert Yawger. Après la mise en alerte de 8.500 militaires américains lundi, les forces armées russes ont lancé mardi une nouvelle série de manœuvres à proximité de l'Ukraine et en Crimée annexée. Mardi toujours, un haut responsable américain a mis en garde Moscou contre toute «instrumentalisation» de ses ventes d'hydrocarbures. «La Russie a au moins autant besoin des revenus du gaz et du pétrole que l'Europe a besoin de ses livraisons d'énergie», a déclaré le responsable. Après avoir accompagné lundi dans le rouge les marchés actions, qui ont eux fini par se redresser, les cours du brut ont changé résolument de cap mardi alors que Wall Street évoluait en ordre dispersé. La Russie n'est pas le seul pays producteur sur lequel les investisseurs ont les yeux braqués, a rappelé Louise Dickson, analyste du cabinet Rystad Energy. La publication, mercredi, du rapport hebdomadaire sur les stocks américains de brut pourrait pousser le marché à flirter de nouveau avec les sommets de 7 ans établis la semaine dernière, selon Robert Yawger (89,50 dollars pour le Brent). Les analystes tablent sur une baisse de 800.000 barils, selon le consensus établi par l'agence Bloomberg, ce qui serait la huitième baisse en neuf semaines. Un recul d'au moins 600.000 barils inscrirait les réserves au plus bas depuis 2018, selon Robert Yawger. Pour Edward Moya, analyste d'Oanda, un discours ferme de la Banque centrale américaine (Fed) mercredi à l'issue de la réunion de son comité de politique monétaire pourrait cependant «pousser le marché à fuir le risque, un mouvement auxquels même les prix du pétrole ne pourraient pas se soustraire».