L'Algérie dans la crise ukrainienne a adopté une position de neutralité, position réaffirmée par le président de la République et le chef de l'Etat- major de l'ANP ayant des relations avec les USA, l'Europe, la Russie et la Chine, prônant le dialogue et le respect du droit international .C'est que La crise ukrainienne préfigure d'importantes mutations dans les relations internationales, militaires, sécuritaires, politiques, culturelles et économiques, notamment au niveau de la région méditerranéenne et africaine, où la crise actuelle a des impacts sur le cours du pétrole/gaz, plus de 40% de dépendance de la Russie pour l'Europe, mais également sur la sécurité alimentaire dont la Russie et l'Ukraine représentent en 2021 30% des exportations mondiales. Nous avons le Medgaz directement vers l'Espagne à partir de Beni Saf au départ d'une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux qui après extension depuis février 2022 la capacité ayant été portée à 10 milliards de mètres cubes gazeux et le GME via le Maroc dont l'Algérie a décidé d'abandonner, le contrat s'étant achevé le 31 octobre 2022, d'une capacité de 13,5 de milliards de mètres cubes gazeux. Mais, il faut être réaliste, Sonatrach est confrontée à plusieurs contraintes : des contrats de gaz fixes à moyen et long terme dont la révision des clauses demande du temps ; le désinvestissement dans le secteur et surtout la forte consommation intérieure, presque l'équivalent des exportations pétrole et gaz en 2021, qui risque horizon 2025/2030 selon les rapports du Ministère de l'Energie, de dépasser les exportations actuelles, dossier lié à la politique des subventions sans ciblage, dossier sensible qui demande un système d'information en temps réel et la maîtrise de la sphère informelle qui contrôle, selon les propos du président de la République entre 6000/10.000 milliards de dinars, soit entre 33 et 47% du PIB. Sous réserve de sept conditions, l'Algérie horizon 2025/2027, pourrait pouvant doubler les capacités d'exportations de gaz environ 80 milliards de mètres cubes gazeux avec une part dépassant entre 20/25% de l'approvisionnement de l'Europe : La première condition concerne l'amélioration de l'efficacité énergétique et une nouvelle politique des prix renvoyant au dossier de subventions ; La deuxième condition est relative à l'investissement à l'amont pour de nouvelles découvertes d'hydrocarbures traditionnels, tant en Algérie que dans d'autres contrées du monde, mais pouvant découvrir des gisements non rentables financièrement ; La troisième condition, est liée au développement des énergies renouvelables (actuellement dérisoire moins de 1% de la consommation globale) devant combiner le thermique et le photovoltaïque le coût de production mondial a diminué de plus de 50% et il le sera plus à l'avenir où, avec plus de 3000 heures d'ensoleillement par an, l'Algérie a tout ce qu'il faut pour développer l'utilisation de l'énergie solaire; La quatrième condition, selon la déclaration de plusieurs ministres de l'Energie entre 2013/2020, l'Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 à des fins pacifiques, pour faire face à une demande d'électricité galopante ; La cinquième condition, est le développement du pétrole/gaz de schiste, selon les études américaines, l'Algérie possédant le troisième réservoir mondial, d'environ 19 500 milliards de mètres cubes gazeux, mais qui nécessite, outre un consensus social interne, de lourds investissements, la maîtrise des nouvelles technologies qui protègent l'environnement et des partenariats avec des firmes de renom ; La sixième condition, consiste en la redynamisation du projet GALSI, Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie, qui devait être mis en service en 2012 d'une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux ; La septième condition est l'accélération de la réalisation du gazoduc Nigeria-Europe via l'Algérie d'une capacité de plus de 33 milliards de mètres cubes gazeux. Cependant, l'avenir appartenant à l'hydrogène comme énergie du futur 2030/2040 (voir Mebtoul le monde.fr 04/06/2022). 3.- Quelles perspectives et actions à mener ? Le dépassement de l'entropie actuelle et les tensions géostratégiques aux frontières de l'Algérie posent la problématique de la sécurité régionale dont l'Algérie étant considérée par l'Europe, les USA, la Russie et la Chine pour ne parler que des principaux acteurs mondiaux, un pays stratégique pour la stabilité de la région méditerranéenne et africaine passant par la relance de son économie En 2022 afin de réaliser la transition énergétique et numérique, il faut une stratégie articulée autour d'une autre organisation institutionnelle, un grand ministère de l'Energie avec trois secrétaires d'Etat techniques : les énergies traditionnelles, les énergies renouvelables et l'environnement étant irrationnel l'existence de trois ministères. Et cela concerne d'autres organisations, notamment devant regrouper l'industrie, les PME/PME, les mines et les startup et un grand ministère de l'Economie regroupant le commerce et les finances et, au niveau local, six à sept grands pôles économiques régionaux autour d'espaces relativement homogènes pour attirer les investisseurs créateurs de valeur ajoutée. Le développement devra résulter d'une réelle volonté politique allant vers de profondes réformes, une libéralisation maîtrisée, un rôle stratégique de l'Etat régulateur conciliant efficacité économique et justice sociale, évitant l'idéologie populiste dévastatrice, de versements de salaires sans contreparties productives, une Nation ne pouvant distribuer que ce qu'elle a préalablement produite. Le frein à la mise en œuvre d'affaires saines est le terrorisme bureaucratique qui enfante la sphère informelle et la corruption. La réforme de l'administration et du système financier, cœur des réformes, est essentiel pour attirer l'investisseur avec la marginalisation du secteur privé, puisque les banques publiques continuent à accaparer 90% des crédits octroyés étant carrément saignées par les entreprises publiques avec un assainissement qui a coûté au Trésor public, selon des données récentes (2021) du Premier ministère, ces trente dernières années environ 250 milliards de dollars, sans compter les réévaluations répétées ces dix dernières années de plus de 65 milliards de dollars, entraînant des recapitalisations répétées des banques, malades de leurs clients. Enfin comme frein à l'investissement l'absence d'un marché foncier où la majorité des wilayas livrent des terrains à des prix exorbitants, souvent sans commodités (routes, téléphone, électricité/gaz, assainissement) et l'inadaptation du marché du travail à la demande, renvoyant à la réforme du système éducatif et de la formation professionnelle, évitant des usines fabricant de futurs chômeurs. En conclusion, la crise ukrainienne préfigure d'importantes mutations dans les relations internationales, militaires, sécuritaires, politiques, culturelles et économiques, notamment au niveau de la région méditerranéenne et africaine, où la crise actuelle a des impacts sur le cours du pétrole/gaz, plus de 40% de dépendance de la Russie pour l'Europe, mais également sur la sécurité alimentaire dont la Russie et l'Ukraine représentent en 2021 30% des exportations mondiales. Pour se libérer progressivement de l'importation du gaz russe, pour le pétrole possible mais difficile court terme pour le gaz, certains pays dont la dépendance dépasse les 60%. D'une manière générale entre 2022/2030, et cela s'accentuer entre 2030/2040, les nouvelles mutations mondiales affectent les recompositions politiques à l'intérieur des Etats comme à l'échelle des espaces régionaux A.M