Lundi dernier les vingt-sept pays membres de l'Union européenne (UE) ont annoncé avoir conclu un accord sur «le plafonnement des prix de gros du gaz à 180 euros le mégawattheure (MWh», provoquant le mécontentement de la Russie, mais aussi de l'Algérie. Moscou a vivement critiqué cette décision, considérée comme «une violation du processus de marché pour la formation des prix», alors que l'Algérie devenue l'un des plus gros exportateurs de gaz vers l'Europe a qualifié cette «démarche d'unilatérale qui aura des conséquences négatives sur le marché». C'est ce qu'a déclaré, le ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab, lors d'une conférence de presse, animée, avant-hier, en marge de la tenue de la 4ème journée algéro- allemande de l'Energie, à Alger. Il a dénoncé la mise en œuvre de ce processus temporaire, dans un contexte de crise énergétique que connaissent, particulièrement, les pays européens, estimant que «cette mesure affecterait directement les investissements dans l'amont». «L'Algérie ne soutenait pas l'idée de plafonnement des prix du gaz naturel sur les marchés énergétiques», a-t-il affirmé, précisant qu'il est nécessaire de garder «des marchés de gaz ouverts, transparents, sans restriction ni discrimination». Ce plafonnement des prix du gaz déstabilisera les marchés, selon le ministre qui ne cache pas son inquiétude quant à l'impact d'une telle décision sur l'investissement et les industries pétro-gazières, assurant, dans ce sens, qu'il «demeure probable que les industries pétrolières et gazières soient affectées par les changements des législations introduits par l'UE, notamment en ce qui concerne la neutralité carbone à l'horizon 2050 et les résolutions relatives au méthane, ainsi que ainsi que les mesures unilatérales de l'UE, tels le plafonnement des prix, qui déstabilisent les marchés». L'Algérie, la Norvège et la Russie (principaux fournisseurs de gaz naturel à l'Europe) prédisent des conséquences négatives «sur les marchés de l'énergie, ce qui pourrait aggraver la crise énergétique et la crise économique mondiale en 2023. Le climat économique est déjà assez morose». Ce processus de plafonnement des prix devrait entrer en vigueur en février prochain et s'enclenchera automatiquement dès que le prix atteindra 180 euros/mégawatt-heure pendant trois jours consécutifs. L'Algérie s'oppose à cette démarche et assure, par la voie de M. Arkab, que «les marchés de l'énergie doivent rester libres pour pouvoir poursuivre les réalisations et les investissements dans l'amont». Le ministre a insisté sur l'impératif de maintenir la stabilité du marché gazier, devenue depuis des mois, la cible des gouvernements européens qui ont procédé, récemment, au plafonnement des prix du pétrole russe. Ces décisions «unilatérales» pourraient gravement nuire à l'économie des pays du monde entier. Sachant que la Russie prépare sa contre-offensive sur le marché de l'énergie en guise de réponse aux plafonnements des prix du pétrole russe et du gaz naturel destinés à l'Europe. Des experts s'interrogent sur l'impact de cette décision sur les livraisons de gaz naturel à l'Europe, redoutant la réorientation de ces exportations vers les marchés asiatiques. D'autres craignent que cette décision ne sape la confiance des pays producteurs qui reproche à l'UE sa «décision unilatérale». L'Algérie a explicitement rejeté cet accord. «Nous avons des accords avec nos partenaires en Europe pour leur fournir l'énergie, notamment le gaz naturel. L'Algérie est considérée comme un fournisseur fiable et sûr pour l'Europe et nous sommes parfaitement d'accord avec nos partenaires européens pour ce qui est des prix à long terme», a précisé le ministre de l'Energie et des Mines. Pour rappel, l'Algérie qui livre d'importante quantité du gaz à l'Europe via les Gazoducs, Transmed et Medgaz, mais aussi par des méthaniers a convenu «avec six partenaires de réviser les prix du gaz naturel algérien qui leur est exporté, en attendant de poursuivre les négociations avec les autres partenaires», avait indiqué le Président-directeur général de la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, Toufik Hakkar. En parallèle, l'Algérie a signé plusieurs accords avec des partenaires européens, plus particulièrement avec l'Italie qui vient d'approuver la décision de plafonner les prix de gaz. L'Algérie et la Russie ne sont pas les seuls fournisseurs clé de l'Europe à dénoncer cette fixation de prix du gaz, la Norvège s'inquiète de cette décision prise «unilatéralement».