Une décision prise au moment où l'Espagne est en train de bloquer les négociations avec l'Algérie concernant les prix du gaz. L'Union européenne veut instaurer un cadre juridique pour l'énergie dans la politique européenne de voisinage. M.José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, a déclaré mercredi que l'UE va travailler dans ce sens. Il a appelé à «entretenir de bonnes relations énergétiques avec nos principaux fournisseurs, dans le cas du gaz, avec l'Algérie, la Russie et la Norvège». Le président de la commission européenne a fait ces déclarations au moment où l'Espagne est en train de bloquer les négociations avec l'Algérie concernant les prix du gaz et aussi d'autres questions liées aux relations bilatérales dans le domaine énergétique. D'ailleurs, lors d'une rencontre sur l'énergie, organisée à Londres, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil s'est interrogé sur le mutisme de la Commission européenne face à ce problème. Les dernières évolutions du conflit algéro-espagnol dans le domaine du gaz révèlent que la partie espagnole a pris des décisions sévères envers notre pays. Elle veut réduire, en fait, la possibilité pour Sonatrach de commercialiser directement son gaz, via sa filiale en Espagne. L'Algérie, a souligné le ministre, a informé l'Espagne qu'elle ne peut, en aucun cas, accepter les décisions «unilatérales» prises par la commission espagnole de l'énergie, sans l'avoir, au préalable, consultée. La partie espagnole a argumenté cette décision par «des appréhensions» en matière de «sécurité énergétique». M.Barroso a estimé que la dépendance énergétique en soi n'est pas nécessairement un risque. C'est le comportement des fournisseurs qui peut l'être, selon lui. La raison est que l'UE a besoin du pétrole et du gaz de ces pays, et eux ont besoin du marché européen. «Cette interdépendance est mutuellement bénéfique tant qu'elle relève du jeu du marché, et non d'une partie d'échec géopolitique», relève le président de la commission européenne. Il ajoutera que l'inquiétude n'est pas due au fait que l'Europe achète du gaz à l'extérieur de ses frontières, mais «à la capacité du marché de nos principaux fournisseurs à honorer les commandes». L'inquiétude de l'UE provient, en fait, de sa dépendance des importations d'hydrocarbures. La demande énergétique mondiale en hausse pourrait augmenter de 60% d'ici à 2030, et les importations européennes passeront de 50 à 70% selon M.Barroso. Pour M.Khelil, la fiabilité de l'Algérie comme fournisseur de gaz naturel à l'Europe n'est plus à démontrer. Il a, en outre, cité l'objectif de l'Algérie d'augmenter les exportations de gaz naturel à 85 milliards de mètres cubes à l'horizon 2010, outre la réalisation de nouvelles routes d'exportation (gazoducs). Le gaz algérien répond à environ 13% de la consommation des pays de l'Europe de l'Ouest, selon le ministre indiquant que ce taux atteint 30% en Espagne et 32% en Italie. Depuis 1990, l'Algérie a exporté plus de 800 milliards de mètres cubes de gaz. Parallèlement, l'Europe représente, faut-il le rappeler, plus de 91% des exportations algériennes.