Jeudi dernier et lors de l'ouverture de la séance plénière au siège de l'Assemblée nationale populaire (APN) à Alger, consacrée aux questions orales à plusieurs membres du Gouvernement, le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Brahim Merad a déclaré que «l'Algérie fait face à une guerre de drogue qui lui a été imposée par un pays voisin de l'Ouest et qui exige la mobilisation de tout le monde et de tous les moyens», a-t-il plaidé devant les députés. Brahim Merad, qui était avant-hier confronté à de nombreuses questions orales posées par des membres de l'APN, notamment celles relatives à la stratégie nationale antidrogue mais, également, des interrogations des députés qui s'intéressaient aux moyens et à la prise en charge des toxicomanes, et à la capacité de lutte des services de sécurité devant la hausse vertigineuse des activités criminelles des réseaux de narcotrafiquants, les réponses du ministre de l'Intérieur ont été révélatrices. S'exprimant sur la situation que prévaut en Algérie face à la guerre des drogues que mène le pays voisin et face à l'envahissement des tonnes de cannabis provenant du Maroc, le premier responsable des Collectivités locales et de l'aménagement du territoire a déclaré que l'Algérie est en train de subir une «guerre sale», soulignant la nécessité d' «affronter cette guerre avec tous les moyens, à travers l'association de tous les secteurs et organes spécialisés ainsi que la société civile», lance-t-il un appel. Abordant les chiffres, Brahim Merad n'a pas tardé pour divulguer, devant les questions des députés, le volume gigantesque et infernal de la machine des drogues marocaines visant la stabilité, la sécurité et la quiétude sociale, économique et géopolitique de l'Algérie. Saluant la grande qualité de la lutte anti-stupéfiant par laquelle les services de sécurité et les Forces de l'Armée nationale populaire (ANP) ont faits preuves tout au long de l'année 2022, et même durant les trois premiers mois de l'année en cours, le ministre de l'Intérieur a déclaré que «grâce à ces efforts colossaux, nos frontières ont été protégées de toutes les formes de criminalité». Citant comme exemple les résultats obtenus par la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), le ministre Merad a expliqué que les efforts des services de la Sûreté nationale «se sont soldées, rien que pour les trois premiers mois de l'année en cours, par la saisie de 2,5 tonnes de cannabis, de 17 kg de cocaïne et près d'un kilogramme d'héroïne ainsi que 3,5 millions de comprimés psychotropes, et ont donné lieu à la résolution de 32.742 affaires impliquant 37.352 individus». «En 2022, poursuit Brahim Merad, les mêmes services ont élucidé un total de 85.538 affaires liées à la drogue impliquant 97.863 individus, dont la majorité des jeunes, donnant lieu à la saisie de 5 tonnes de cannabis, 22 kg de cocaïne, 8,5 kg d'héroïne et plus de 7 millions de différents comprimés psychotropes», a rappelé le ministre de l'Intérieur. Qualifiant le bilan de la lutte contre la drogue de «lourd et grandissant» réalisé grâce à une stratégie nationale globale et équilibrée, Brahim Merad a assuré et rassuré à la fois la disponibilité et la vigilance des institutions de l'Etat dans la lutte contre ce fléau. En revanche, il a précisé que la politique actuelle de l'Etat œuvre à garantir une prise en charge efficace des toxicomanes en matière de traitement et d'insertion sociale, sous la supervision d'un groupe de travail spécialisé dans la prévention contre ce phénomène. Toujours devant les députés et concernant cette-fois-ci la lutte contre les bandes de quartiers, dont le lien avec le trafic des drogues n'est plus à présenter, le ministre de l'Intérieur, Brahim Merad, a rappelé le rôle important de la stratégie nationale dans la prévention contre ledit phénomène, qui s'étale jusqu'à l'année 2026, qui est chapeautée par une commission nationale et qui constitue un élément essentiel dans la lutte. «Elle vise l'adoption de mécanismes de vigilance et d'alerte et de détection précoce, l'information, la sensibilisation et la garantie d'une couverture sécuritaire», dira le ministre au siège de l'APN. Avant de conclure son intervention à la séance plénière, Brahim Merad a souligné la révision du cadre juridique par la modification et l'introduction de nouveaux textes juridiques visant le développement des capacités et des qualifications de la Police judiciaire, notamment en matière d'enquête criminelle et la création de services spécialisés dans la lutte contre le trafic illicite de drogue, la cybercriminalité, le trafic d'êtres humains et le crime organisé dans toutes ses dimensions.