Après trois ans d'appels accentués et d'attentes répétées, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s'est montré en colère en accordant en mars dernier, lors de la réunion du Conseil des ministres, son dernier ultimatum pour le Gouvernement sur l'accélération de la transition numérique de l'ensemble des secteurs du pays. Depuis cette ordonnance, on assiste à une véritable course contre la montre vers le numérique, à laquelle sont drainés des institutions et des établissements publics, des impôts, des Douanes, de l'administration publique, des Collectivités locales, des ministères et des établissements de santé. Tout le monde s'y met à l'heure du digital, voire au nouvel «ordre » numérique, cette méthode de travail révolutionnaire et très technologique qui va sans aucun doute, donner un nouveau élan et une dynamique de travail plus adaptable, souple, flexible et plus facile à gérer, loin des anciennes et mauvaises pratiques de la bureaucratie et de la corruption qui ont tant affecté le bon déroulement du monde des affaires et l'économie nationale. Depuis que le président de la République avait accordé un dernier ultimatum pour le Gouvernement, et plus précisément aux ministères et à travers eux à l'administration et aux institutions publiques sur l'obligation de la numérisation du quotidien et du système de travail de base dans tous les secteurs et ce, avant la fin de l'année 2023, la grande course vers le numérique est lancée et bat son plein aujourd'hui. Depuis la dernière réunion du Conseil des ministres, tenue en mars dernier, voire avant le début du Ramadhan, où le chef de l'Etat avait appelé et exigé à la fois à l'ensemble des ministres d'accélérer le processus de numérisation et de statistiques précises, en tant que système de travail de base dans tous les secteurs, les choses s'accélèrent et les annonces de passage à la numérisation sont devenues plus nombreuses. Institutions publiques, établissements hospitaliers, collectivités locales, Trésor public, direction des Impôts, service des Douanes et même des organisations étatiques et des structures des Affaires religieuses, tous les secteurs sont pris par la fièvre de la numérisation et tout le monde annonce son engagement dans la transition numérique. Créations des plate-formes numériques, des mises à jour de nombreux sites, lancements des applications, fournitures des données et des indicateurs précis, la grande ruée vers le numérique, entrepris par les ministères et institutions publiques, est en train de battre son plein. Le processus de transformation numérique en Algérie a connu une accélération fulgurante durant le début de l'année 2023, tandis qu'en 2022, une autre croissance soutenue avec le lancement du portail Gouvernemental des services publics et de la plate-forme de l'investisseur visant à rapprocher davantage l'administration du citoyen en assurant des prestations de qualité, avait été menée, faut-il le rappeler. Il s'agit de l'accélération de la transition numérique à travers la généralisation de l'usage des technologies de l'information et de la communication, notamment dans les administrations et les services publics, ainsi que l'amélioration de la gouvernance du secteur économique. Les hôpitaux prêts à la numérisation dès juin prochain Le 3 avril dernier, le ministère de la Santé avait procédé et pour la première fois à la mise en place d'un formulaire électronique des demandes, accessible à l'ensemble des hôpitaux, polycliniques et établissements de santé publique, une méthode nouvelle qui va permettre de s'accommoder avec les technologies modernes, de rationaliser les dépenses et de répondre immédiatement aux demandes des établissements de santé. Le 11 avril dernier, le ministre de la Santé, Abdelhak Saihi, a fait une grande annonce concernant la numérisation de l'ensemble de son secteur, notamment les hôpitaux du pays, prévue pour le mois de juin 2023, voire pour l'été prochain. Intervenant lors d'une rencontre d'évaluation de la numérisation, organisée il y a quelques jours seulement à Alger, le ministre de la Santé avait indiqué que son département ministériel travaille d'arrache-pied pour la transformation, l'accélération et la concrétisation de la transition numérique, tout en dévoilant que le taux d'intégration de la numérisation des services au sein des hôpitaux, notamment des urgences et des polycliniques, via un système automatisé de traçabilité des soins, a dépassé 75% à l'heure actuelle. Promettant une couverture numérique totale de son département ministériel d'ici la fin de l'année en cours, Abdelhak Saihi a fait savoir que la numérisation du secteur de la Santé et l'utilisation des technologies digitales dans la collecte, l'analyse et le stockage des données «seront possibles, une fois que le citoyen disposera d'un dossier médical et d'un numéro d'identité nationale de santé (INS) valable toute la vie», avait déclaré le ministre de la Santé. Selon lui, la numérisation du secteur de la santé avait débuté il y a près d'un an de cela, où le secteur avait procédé à la généralisation, par étapes, du système de numérisation au niveau des services hospitaliers, à travers la mise en place d'«une base de données sécurisée pour chaque patient», avait affirmé le ministre Saihi. La course contre la montre des Douaniers pour le 5 juillet prochain La grande ruée vers le numérique a concerné tout le monde y compris les institutions sécuritaires publiques. C'est le cas des servies des Douanes algériennes, où le temps à présent est à la conquête du monde numérique à travers la transformation et la généralisation de son système d'information numérique. Le 10 avril passé et lors du Forum de la Radio algérienne, le directeur du contentieux et de l'encadrement des recettes des Douanes et le sous-directeur des procédures et des facilitations douanières, respectivement le contrôleur Mihafdi Réda et Mourad Mazouz, ont révélé le lancement prochain de la plate-forme numérique des Douanes prévu pour le 5 juillet 2023. «Les choses avancent à grands pas et le nouveau système d'information des Douanes devrait être lancé officiellement le 5 juillet prochain. En janvier dernier, la Direction générale des Douanes avait procédé, en présence du Premier ministre Aïmene Benabderrahmane, aux premiers essais du nouveau système d'information. Les essais avaient concerné six unités principales au niveau des bureaux-pilotes, à savoir le bureau des Douanes d'Alger-Port commerce, le bureau des douanes de l'aéroport d'Alger fret à l'aéroport Houari Boumediene, le centre d'Oum Teboul et le centre d'El Aayoun aux frontières Est, où les résultats étaient plus que positifs», avait déclaré le directeur du contentieux et de l'encadrement des recettes des Douanes. «La mise en œuvre du projet du nouveau système d'information des Douanes, qui permettra de faciliter les opérations de dédouanement, de renforcer la transparence et de développer les moyens de lutte contre la fraude et la contrebande», avait promis le responsable de l'Administration centrale des Douanes. Selon le directeur du contentieux et de l'encadrement des recettes des Douanes, la dynamique économique et commerciale et l'évolution du monde numérique avaient incité l'Administration des Douanes à mettre en place un nouveau projet de numérisation en coopération avec le partenaire coréen, en vue d'améliorer le service public, d'économiser du temps et de réduire les coûts. Passant par trois principales phases, le projet de numérisation du système d'information des Douanes comprend le développement de son réseau de communication devenant par fibre optique et reliant tous les services douaniers sur le territoire national, puis, la réalisation d'un centre de données qui accueillera les logiciels qui seront, par la suite, développés, et enfin le développement des logiciels selon les normes internationales et conformément aux directives de l'Organisation mondiale des douanes, selon les explications du même responsable. «En tout, six unités principales du logiciel ont été développées concernant la gestion des risques, la surveillance des opérations de fret et de dédouanement électronique des marchandises, la franchise électronique des droits et des taxes et la gestion des caisses douanières et des portails électroniques internes et externes pour l'utilisation du nouveau système et du système de surveillance et de contrôle du nouveau système, outre une septième rubrique concernant le contrôle des voyageurs, qui sera mise en place à partir de juillet 2023», avait révélé le contrôleur à la Douane, Mihafdi Réda, et le sous-directeur des procédures et des facilitations douanières, Mourad Mazouz. Les Finances se préparent au monde digital Emboîtant le pas de ses homologues, le ministère des Finances a, de son côté, entamé le processus de la numérisation de l'ensemble de ses services. Le 3 avril dernier, un représentant du ministère des Finances, notamment l'inspecteur général des services de comptabilité à la Direction du Trésor, en l'occurrence Badis Ferrad, avait dévoilé lors d'une intervention livrée au Forum de la Radio algérienne, l'accélération de la cadence de numérisation de l'ensemble des directions relevant des Finances, en vue d'améliorer la performance de l'administration publique et réaliser l'efficacité dans la gestion des deniers publics, en concrétisation des instructions du président de la République. L'inspecteur général des services de comptabilité à la Direction du Trésor a souligné que les directions relevant du ministère des Finances, à l'instar des domaines, la fiscalité et le Trésor public, œuvrent à accélérer la cadence de numérisation de l'administration. Menant une véritable course contre la montre, le ministère des Finances compte créer un système d'information intégré «qui réunira tous les acteurs pour l'exécution de la chaîne de dépenses, partant du gestionnaire ou de l'ordonnateur jusqu'au comptable public. Ce système, permettra d'accélérer la cadence de remboursement des dépenses, ce qui aura un impact positif sur la dynamique économique», avait affirmé le représentant du ministère des Finances. De son côté, la directrice de la modernisation des systèmes budgétaires au ministère des Finances, Ilham Ladraâ avait estimé que la modernisation et la numérisation du secteur étaient des mécanismes importants et nécessaires pour assurer l'efficacité de la gestion de l'argent public et également pour la sécurité nationale.