Les combats se poursuivent au Soudan, entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et la puissante force paramilitaire du général Mohamed Hamdane Daglo. «Au septième jour des combats 413 personnes sont mortes et 3 551 personnes ont été blessées», a annoncé une porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé, Margaret Harris, lors d'un point presse à Genève.Alors qu'aucune trêve ou issue ne se dessine dans l'immédiat, médecins et humanitaires tirent la sonnette d'alarme : en temps normal déjà, les foyers ne sont alimentés en électricité que quelques heures par jour. Dans certains quartiers de Khartoum, elle est totalement coupée depuis samedi, comme l'eau courante. Selon des informations concordantes, les rares épiceries qui ouvrent préviennent qu'elles ne tiendront que quelques jours si aucun camion de marchandises ne peut entrer dans la capitale. En ligne, les médecins annoncent des coupures d'électricité dans des salles d'opération et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et rapportent que «plusieurs des neuf hôpitaux de Khartoum qui reçoivent des civils blessés n'ont plus de sang, d'équipement de transfusion, de fluides intraveineux et d'autres matériels vitaux». Alors que plus du tiers des 45 millions de Soudanais avaient besoin d'aide humanitaire avant la récente flambée de violence, le Programme alimentaire mondial (PAM) a suspendu, dimanche, son aide après la mort de trois de ses employés, tués dans les combats au Darfour, dans l'ouest, faisant redouter le pire dans un pays où la faim n'a cessé de progresser. À Khartoum, les habitants sont toujours barricadés chez eux alors que des colonnes d'épaisse fumée noire continuent de monter du centre-ville, où siègent les institutions politiques et militaires, annoncent certains médias africains. «C'est la première fois de l'histoire du Soudan depuis l'indépendance en 1956, qu'il y a un tel niveau de violence dans le centre à Khartoum», assure Kholood Khair, qui a fondé le centre de recherche Confluence Advisory dans la capitale. «Khartoum est le centre historique du pouvoir et a toujours été l'endroit le plus sûr du Soudan pendant les guerres meurtrières contre des rebelles lancées au Darfour et ailleurs dans les années 2000», poursuit la spécialiste. Aujourd'hui, les combats se déroulent partout dans la ville, les FSR sont implantées partout, et notamment dans des zones densément peuplées. La communauté internationale multiplie depuis samedi les appels au cessez-le-feu : la Ligue arabe et l'Union africaine se sont réunies en urgence pour demander la cessation des hostilités et le retour à une solution politique, une option qui n'a jusqu'ici pas mené au retour à la transition démocratique au Soudan, sorti seulement en 2019 de trente années de dictature. La bataille rangée a poussé femmes et enfants, majoritairement à se presser sur les routes pour fuir, entre check-points des FSR et de l'armée et cadavres qui jonchent les bords de route. Ce sont entre 10 000 à 20 000 civils qui sont ainsi passés vers le Tchad voisin, selon l'ONU. Les humanitaires ont de leur côté pour la plupart été forcés de suspendre leur aide après que trois employés du Programme alimentaire mondial (PAM) ont été tués au déclenchement des affrontements. A noter que Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, a, de son côté, appelé les deux belligérants ainsi que le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour réclamer un arrêt immédiat de la violence. Tout comme Moscou, Paris, Rome, Riyad, l'Union européenne et Alger, a-t-on précisé auprès de certains canaux d'information.