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La création de l'Etat-nation algérien au fondement de l'islamisme (II)
Approche
Publié dans La Nouvelle République le 02 - 10 - 2024

Pour la majorité des tribus berbères, c'est la Loi de la tradition qui a prévalu. Puisque, contrairement à la loi religieuse de l'islam, les tribus berbères optèrent pour le maintien et la pérennisation de leurs coutumes, à savoir continuer à exhéréder toutes les filles, afin d'éviter l'éclatement de la tribu, le transfert des terres entre familles et, surtout, entre tribus. La sacralité de la terre primait la sacralité la loi du Ciel, celle dictée par la nouvelle religion, l'islam. Le loyalisme tribal était plus sacré que l'observance rigoureuse du corpus coranique.
On pourrait citer de nombreuses autres situations historiques où la coutume s'opposa aux prescriptions coraniques, où la tradition fut maintenue en dépit des prescriptions islamiques contraires.
Somme toute, sur le chapitre des valeurs morales, il ne faut pas confondre ces nobles et précieuses traditions berbères avec la religion musulmane.
En effet, il ne faut pas assimiler les rites religieux musulmans qui se résumaient en l'observance de certains principes fondamentaux comme la prière et le jeûne, souvent accomplis mécaniquement, par mimétisme, et les traditions et coutumes qui régentaient concrètement l'ensemble de la vie de la communauté berbère, avec un attachement atavique aux principes moraux issus de ces sociétés tribales. Dès lors qu'on parvient à distinguer les deux registres, la religion musulmane telle qu'elle se répandit et fut observée en Algérie, et les traditions profondément ancrées telles qu'elles régissaient réellement les populations algériennes (et au-delà de ses frontières), on saisira mieux la mutation historique de l'islam dans l'Algérie postindépendance. En effet, sans cette coupure (quasi épistémologique) des deux niveaux d'appréhension (traditions et islam) de l'histoire de l'Algérie (du Maghreb), la compréhension de l'apparition du radicalisme islamique demeurera toujours réductrice, pour ne pas dire erronée. Parvenu à ce point d'analyse, annonçons que nous quittons les rappels historiques pour aborder la question de l'islam radical, apparu au lendemain de l'indépendance de l'Algérie. Et sa responsabilité dans la dégradation et la dissolution des traditions et coutumes algériennes.
Il n'est pas inutile de souligner d'emblée la coïncidence entre la naissance de l'Etat-nation algérien et le surgissement de l'islamisme. En effet, on ne peut pas comprendre et expliquer l'apparition de l'islamisme sans l'inscrire dans le prolongement de la fondation de l'Etat algérien. Sans édification de l'Etat algérien, pas d'enfantement de l'islam radical. Sans structures étatiques éducatives et médiatiques construites au lendemain de l'indépendance, l'islamisme n'aurait jamais vu le jour. L'Algérie serait demeurée dans la nuit de ses ténébreuses et sages pratiques locales.
De nos jours, il est fréquent de définir l'islamisme comme la forme radicale et dévoyée de l'islam. L'islam, lui, étant défini, a contrario, comme la pratique saine, associé au culte exercé par nos parents, nos aïeux dans un esprit de tolérance. Effectivement, la pratique religieuse des anciens était radicalement différente de celle de la génération contemporaine postindépendance. Mais comme nous l'expliquions plus haut, il ne faut pas confondre l'exercice religieux avec sa pratique mécanique et mimétique et la vie sociale traditionnelle avec ses fondements moraux. En un mot, il ne faut pas confondre le cultuel et le culturel, sous peine de perdre de vue la particularité de chacun des deux registres. A amalgamer les deux niveaux, on ne peut saisir la singularité contemporaine de l'islam actuellement enseigné, professé, diffusé, appliqué en Algérie. A ce niveau de description, nous devons énoncer notre thèse. Sur les fondements historiques brièvement résumés ci-dessus, on peut avancer que la vie des Algériens durant des siècles se fondait globalement sur les traditions doublées partiellement et pauvrement par une observance rudimentaire et sommaire de la religion musulmane. Le socle anthropologique de leur existence reposait sur la transmission orale des traditions et coutumes millénaires inhérentes aux sociétés tribales berbères. La religion islamique, souvent appliquée de manière syncrétique, ne jouait qu'un rôle secondaire au sein de la vie communautaire villageoise, régie par les lois coutumières et la morale traditionnelle. L'exemple le plus patent était symbolisé par tajmaât ou djemâa, l'assemblée des hommes du village, qui reposait sur la jurisprudence traditionnelle profane millénaire. Cette assemblée villageoise, instance à la fois «politique», administrative et judiciaire, était régie par le «droit coutumier», essentiellement oral. Son travail était préparé par une assemblée restreinte, composée, outre de sages, de «ṭṭeman» (répondants de chaque lignage du village). C'est la fondation de l'Etat-nation algérien, par le biais du réseau éducatif et médiatique, qui impulsera le mouvement inverse. L'islam, jusque-là superficiellement appliqué en raison de l'analphabétisme de la majorité des populations disséminées sur le territoire algérien, se retrouvera au lendemain de l'indépendance propulsé à un niveau de diffusion massivement densifié et élargi par le truchement de la propagation de l'enseignement généralisé, dispensé en arabe. La transmission écrite ayant supplanté la transmission orale dans l'éducation des nouvelles générations, l'école se substituera ainsi aux parents dans la formation intellectuelle des enfants. L'accès à l'écrit de cette nouvelle génération postindépendance lui permettra, corrélativement, de maîtriser la langue arabe et, par voie de conséquence, d'accéder à la connaissance littérale du Coran. L'effacement des parents de leur rôle éducatif au profit de l'école entraînera l'effritement progressif des valeurs morales millénaires au profit du substrat coranique massivement propagé par voie scolaire et médiatique, ces deux canaux modernes d'endoctrinement idéologique, de conditionnement des esprits. Le délitement de ces traditions et coutumes déstabilisera totalement et durablement la société algérienne. Corrélativement, l'érection de l'islam au rang de religion d'Etat, dont l'enseignement est intégralement assumé par l'Education nationale, favorisera l'édification d'une génération radicalement islamisée, selon le corpus coranique et théologique authentiquement appliqué dans les pays musulmans, notamment dans son berceau, à savoir l'Arabie Saoudite wahhabite. Somme toute, l'accession de millions de jeunes Algériens à l'école, autrement dit à la maîtrise de l'arabe acquise grâce à la scolarisation, favorisera l'apprentissage approfondi du Coran. Et la connaissance littérale du corpus coranique et autres textes théologiques modifiera profondément la mentalité de ces nouvelles générations.
Contrairement à leurs aïeux analphabètes dont la connaissance rudimentaire du Coran leur permettait d'accéder seulement à l'esprit du texte sacré, ces nouvelles générations s'imprégneront désormais directement aux sources des textes islamiques grâce à leur maîtrise de la langue arabe. De là s'expliquent les raisons de la transformation des mentalités des Algériens, ces dernières décennies. On a affaire à des «mutants».
Pour corroborer notre thèse selon laquelle nos aïeux ne furent pas vraiment depuis l'avènement de l'islam en Algérie (Maghreb) imprégnés par les fondements coraniques, il nous suffit de les comparer aux générations postindépendance.
On peut affirmer que nos ancêtres furent essentiellement des Algériens de confession imparfaitement musulmane. En revanche, les générations contemporaines sont radicalement musulmanes et accessoirement de nationalité algérienne.
La différence est fondamentale. Dans le cas de nos aïeux, le substrat de leur vie sociale était culturel et non cultuel. Pour mieux mesurer la validité de cette thèse et se figurer l'image de cette réalité, il nous suffit de nous remémorer comment étaient nos parents, nos grands-parents, il y a à peine 40 ans. La majorité des femmes étaient analphabètes, une grande partie des hommes l'étaient aussi.
A suivre…
Tout le monde s'accorde pour reconnaître qu'ils étaient radicalement différents des générations contemporaines. Et sur tous les plans. En particulier au niveau religieux, imprégné de tolérance. Mais cette tolérance était inhérente à leurs humanistes traditions millénaires, fondées sur le respect et l'altruisme, non à l'islam qu'ils ne maîtrisaient théologiquement aucunement.
De ce qui précède, on peut inférer qu'ils étaient culturellement algériens mais nullement musulmans au sens contemporain du terme. A contrario, depuis l'indépendance, ils sont radicalement musulmans et quasiment plus culturellement algériens.
Cette approche dialectique permet de saisir, dans le mouvement des mutations opérées ces dernières décennies en Algérie, le processus d'érosion culturelle algérienne et concomitamment le processus d'éclosion cultuelle islamique. La distinction des deux niveaux nous a permis de mieux discerner les soubassements historiques en œuvre au cours des siècles écoulés.
En d'autres termes, nous avons relevé l'imprégnation et la domination du substrat culturel endogène (traditions et coutumes berbères) dans cette société archaïque algérienne. Le versant cultuel exogène s'étant, lui, certes, essaimé sur une large aire algérienne, mais avec une pénétration et une imprégnation demeurée longtemps rudimentaire et imparfaite.
La propagation de l'islam s'était opérée par une forme de mimétisme d'acculturation. Pour preuve, après ce passage en force sous les fourches caudines de l'islam authentique puisé à ses véritables sources orientales saoudiennes, passage imposé par le pouvoir au lendemain de l'indépendance, phénomène amplifié par l'arabisation impulsée au cours des années 1970, la majorité des Algériens, sous l'effet de l'actuelle sanglante et meurtrière radicalisation internationale de l'islam, prône aujourd'hui le retour à un «islam algérien». En vérité, ce qu'ils nomment ainsi, ce sont les traditions et coutumes berbères confondues improprement avec l'islam.
On peut avancer comme thèse que le versant culturel authentiquement berbère, fondé sur des traditions millénaires profondément ancrées dans les mentalités des Algériens, joua le rôle de contrepoint à la diffusion de l'islam radical consubstantiellement prégnant dès sa naissance en Arabie Saoudite.
De toute évidence, depuis l'indépendance, une confusion a été opérée entre traditions berbères algériennes et islam. Ce qui ressortit des premières a été illégitimement associé au second. Au point d'ériger l'islam en unique référent culturel régissant l'ensemble du mode de vie des Algériens. Engendrant corrélativement l'affaissement des traditions algériennes.
Ainsi, de quelque manière qu'on le désigne, islam ou islamisme, il est évident que la société algérienne s'est littéralement et radicalement islamisée seulement depuis son indépendance. En vérité, l'Algérie applique depuis quatre décennies l'authentique islam, largement imprégné de wahhabisme. Cet islam qui a phagocyté les traditions berbères algériennes, érodé les valeurs algériennes, transformé la culture et la mentalité algériennes.
Aujourd'hui, à la faveur de la déliquescence des sociétés musulmanes, engluées dans d'interminables violences religieuses sanglantes, l'Algérie tend à se détourner du modèle islamique oriental. Même l'Etat algérien, par sincérité ou calcul idéologique, se découvre soudainement des origines berbères. En effet, depuis plusieurs années, une politique opportuniste de promotion culturelle amazighe tous azimuts, amorcée par le régime bouteflikien, est en œuvre..
De toute évidence, l'islam wahhabite, avec sa sanglante pratique religieuse terroriste et sa compromission ignominieuse avec l'impérialisme et le sionisme, a désarçonné de nombreux Algériens. Sans oublier les stigmates de la traumatisante décennie noire encore béants dans la mémoire de tous les Algériens. De sorte que nombre d'Algériens, certes, timidement, se détourne même de la religion pour se replonger dans une quête de valeurs et de formation spirituelle authentiquement algériennes, puisées aux sources du patrimoine culturel, des authentiques traditions algériennes.
Pour conclure notre synthétique étude, nous pouvons affirmer que de même qu'un individu ne se définit pas par ce qu'il pense de lui-même, mais par ce qu'il est socialement réellement. Semblablement, un pays (une société) ne se définit pas à partir de ses superstructures officielles proclamées et institutionnellement enseignées, mais sur le fondement de ses véritables rapports sociaux dominants, souvent voilés par ces mêmes superstructures.
Ainsi, de quelque manière qu'on le désigne, islam ou islamisme, dichotomie opérée pour absoudre le premier terme de ses consubstantielles résonances belliqueuses, il est évident que la société algérienne s'est littéralement islamisée essentiellement depuis son indépendance. L'Algérie applique l'authentique islam seulement depuis la création de son Etat. Jusqu'à la veille de son indépendance, durant des siècles, l'Algérie n'était pas littéralement musulmane, mais simplement algérienne avec une matrice culturelle fondée sur la tradition et la coutume, ces deux entités sacrées.
Pour illustrer notre thèse, intéressons-nous à l'exemple de l'ex-URSS, disparue sans coup férir pour laisser place de nouveau à la Russie capitaliste libérale.
Après une parenthèse d'un régime désigné sous le nom fallacieux de communiste (en réalité, il s'agissait d'un système fondé sur le capitalisme d'Etat), ce régime stalinien s'est effondré.
Longtemps cet Etat soviétique se proclamait communiste, inscrivant même sa profession de foi dans sa Constitution. Le monde entier s'accordait, excepté une minorité d'authentiques marxistes, pour caractériser l'URSS (et ses pays satellites de l'Europe de l'Est) de «communiste». Ces pays étaient aussi réputés pour leur proclamation de foi d'athéisme, et corrélativement pour leurs politiques antireligieuses.
Or, après plus de soixante-dix ans de pouvoir communiste stalinien, au lendemain de l'effondrement de ces régimes, on a découvert des populations totalement anticommunistes et profondément religieuses. Donc, un historien objectif ne dira jamais que ces populations russes furent communistes et athées, en dépit de la désignation officielle de leur pays.
Pareillement, on ne peut historiquement affirmer que l'Algérie fut au cours de ces derniers siècles authentiquement musulmane. Elle est devenue littéralement islamique seulement depuis l'accession à son indépendance.
Aujourd'hui, l'islam, qu'elle enseigne et propage, est le dogme authentique puisé à la source du Coran accessible à toute la population algérienne majoritairement scolarisée.
Si dichotomie il y a, elle n'est pas entre islam et islamisme, deux appellations pour désigner un identique dogme, mais entre traditions et coutumes berbères algériennes et islam. Les premières fondées sur le légendaire esprit de tolérance ; le second, sur le dogmatisme, le sectarisme, le fanatisme, comme l'histoire contemporaine des pays


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