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Les calculs de bouts de chandelles et les prolongations
Erreurs stratégiques
Publié dans La Nouvelle République le 06 - 10 - 2024

D'après les textes historiques authentiques, les Romains sont les précurseurs du projet millénaire Jijel-Sétif, qui a vu le jour depuis le début du second siècle après J-C. La longueur de la route est de 130 milles = 192,400 km. Un vrai exemple de politique routière. (1) Le concept d'enclavement dans son sens général est lié à des problèmes d'accessibilité spatiale dictés par des obstacles physiques. Il peut signifier la fermeture d'un territoire, donc son isolement...
Par ailleurs, l'enclavement peut prendre d'autres formes plus complexes liées à la politique d'un pays ou d'une nation. Dans ce cas -là, il se traduit spécialement par des politiques d'aménagement du territoire en question.
La configuration physique de la wilaya de Jijel, se caractérise par une région littorale où la montagne s'oppose directement à la mer, laissant ainsi peu d'espace aux plaines. C'est donc une configuration contraignante qui donne à ce territoire un caractère d'enclave. Avec une façade maritime de 120 km, soit le 10ème du littoral algérien, la wilaya de Jijel recèle d'énormes potentialités naturelles, favorisant son développement économique en général et la promotion de ses activités industrielles et portuaires en particulier.
Le port de Djen Djen est l'un des projets structurants du territoire. Son développement impactera l'économie régionale et nationale. En effet, interface entre un avant pays maritime et un arrière-pays terrestre, le port ne peut optimiser ses potentialités que par l'ouverture du territoire. Le port de Djen Djen partage un vaste arrière-pays avec les ports voisins à savoir le port de Béjaïa et Skikda. Sa zone d'influence recouvre une grande région de l'Est et du Sud-Est et peut atteindre les pays du Sahel. Toutefois, le mauvais raccordement du territoire avec son arrière-pays a accentué le désenclavement.
Pour faire face à cette situation, le projet de la pénétrante autoroutière en cours de réalisation constituera un axe majeur pour l'ouverture de la région sur son arrière-pays. Ce projet vise l'amélioration de l'accessibilité au territoire et permettra son insertion dans les corridors logistiques. Mais en vain !
C'était durant les années 80 qu'a germé l'idée d'ouvrir une route entre Jijel et Sétif, qui est la fameuse RN 77 qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive depuis longtemps.
C'était tout simplement un leurre, à cause des véritables manœuvres par des différents reports sans connaître réellement d'où provient cette asphyxie. Peut-on connaître ?
En effet, la population apprenait longtemps, mais bien longtemps après, qu'une route ne peut être construite avec des paroles vides de leurs substances. Ce qui a été constaté sur le terrain.
Ces reports ont été provoqués par la non-inscription officielle (malgré diverses annonces bien étalées : en 1985, 2007, puis 2009) dudit projet durant une bonne période, puis par les deux études effectuées qui ont trop tardés pour se réaliser et à la fin, c'est le barrage de Tabellout qui a bien faussé tous les calculs préliminaires ce qui influé négativement sur le sort de cette route. Mais, ce n'est que le mois d'août de l'année 2014 que le lancement officiel a pris effet.
La réalisation de la pénétrante autoroutière de Jijel dont le tronçon est de 111 km a été confiée de gré à gré à un groupement italo-algérien pour 1,6 milliard d'euros pour un délai de réalisation de 36 mois. Le consortium est constitué de Rizzani Deccher (Italie), Sapta (Algérie, publique) et Etrhb Haddad (Algérie, privée). Cette autoroute reliera le port de Djen Djen, à l'autoroute Est-Ouest au niveau d'El Eulma.
Nous sommes le 14 août 2024 et ce fameux projet a déjà consommé 120 mois (dix années) alors que la période contractuelle prévue est uniquement de 36 mois (trois années).
Les délais sont largement dépassés (hors normes ) et aucun tronçon n'est encore livré ni du côté de Jijel, ni du côté de Mila, ni celui de Sétif. Pour cela, on enregistre un grand retard historique, malgré les promesses données lors des différentes visites officielles effectuées sur le site par les responsables chargés du secteur.
C'est la preuve tangible pour affirmer que ce projet reste encore à l'état embryonnaire, et rien ne nous dit à quelle époque nous verrons apparaître au monde ce nouveau-né tant désiré et si impatiemment attendu. A en juger par les lenteurs que l'on met à agir, on dirait vraiment que l'on craint d'engager dans cette simple réalisation toutes les finances du pays.
A qui incombe tous ces retards
et ses désagréments ?
On ne va pas s'étaler sur la responsabilité majeure des élus où il y a eu beaucoup de salive et des remarques dans nos précédentes et différentes contributions, car on ne constate qu'aucun problème ou difficulté ne peut remuer leurs consciences.
Si on fait une simple comparaison entre l'autoroute Est-Ouest, longue de 1.200 km qui a bouffé 17 années, celle de Jijel -Sétif, jusqu'à ce jour, elle en a consommé 10 années sans qu'elle ne soit réalisée en totalité. C'est juste que la preuve est là.
C'est une honte ! On dirait que cette wilaya a subi une malédiction. Malgré que certains ingrédients nécessaires sont réunis pour espérer un vrai décollage économique de cette wilaya qui reste toujours orpheline à l'instar du port de Djen Djen, la centrale
électrique, la ligne ferroviaire de Ramdane Djamel à Jijel, la route express Jijel-Constantine (en double Jijel-Milia), l'aéroport international Ferhat-Abbas de Jijel, et enfin le complexe sidérurgique de Bellara.
Avec tout ça, rien n'a marché convenablement, car il reste beaucoup à faire en matière de développement sur tous les plans. Le constat est simple, il manque la bonne locomotive pour bien démarrer. Les origines de cette défection qui ne dit pas son nom, est due initialement à des erreurs stratégiques. Avant le démarrage du projet de L'autoroute Est-Ouest, il y a une proposition salutaire, et stratégique économiquement, c'est de relier vers les Hauts-Plateaux tous les ports d'Algérie par des pénétrantes, vu que la majorité est située dans des villes dont le relief est montagneux, ainsi que l'accès compliqué, ensuite, on passe pour le lancement de l'autoroute proprement dite. Hélas les pouvoirs publics en ce temps-là n'ont tenu compte de cela.
C'est aussi le mauvais choix de l'entreprise réalisatrice (Haddad) qui a signé un contrat de sous-traitance et puis il a abandonné le projet et aussi son matériel où l'herbe a poussé sur tous les équipements, et cela suite aux événements de l'année 2019 qu'on a connu.
Pourquoi également le ministère des Travaux publics a fait le choix du gré à gré. Est ce que la loi et la réglementation le permet ? Des questions qui restent posées. Le gré à gré se fait dans l'extrême urgence et il se fait avec une entreprise compétente dans le domaine à l'image de la société Cosider. Ce gré à gré est devenue caduc, vu que le projet est entré en phase de somnolence.
C'est bien dommage aussi, qu'au niveau central, on n'a pas pensé d'intégrer, cette pénétrante dans le projet globale de l'autoroute Est-Ouest. Comme on a pu dégagé un budget faramineux pour cette autoroute de 1.200 km, pourquoi pas pour 1.500 à 1.600 km ? Devant une telle situation, on est en droit de se poser cette question : «Pourquoi ces calculs de bouts de chandelles ?». Comme si cette région ne méritait pas de s'ouvrir sur les autres wilayas limitrophes lui permettant une circulation plus fluide et sans gêne pour les citoyens.
Au niveau de la wilaya de Jijel, il n'y a que des occasions bien ratées surtout durant la période des ''vaches laitières'' et dans tous les domaines.
Après tous ses désagréments, ce fameux projet du siècle est entré dans une phase d'hibernation, les travaux sont à l'arrêt pour diverses raisons.
En conclusion, ce projet «a pataugé sur place pendant plusieurs années pour diverses raisons (administratives, techniques et surtout financières). L'autoroute reliant le port de Djen Djen (wilaya de Jilel) à El Eulma (wilaya de Sétif) n'est pas la seule à pâtir de la crise économique. La pénétrante autoroutière de Béjaïa a connue aussi presque les mêmes problèmes. Il a été constaté «un ralentissement» de la cadence des travaux en raison d'un problème d'approvisionnement en acier pour cause de pénurie.
Mais les élus de la wilaya de Béjaïa ont réagi rapidement et se sont mobilisés comme un seul homme pour introduire une motion pour l'inscription d'un budget complémentaire afin de relancer le projet de la pénétrante qui est fonctionnelle maintenant.
Par contre, le projet de jijel a subi plusieurs arrêts, en premier lieu en 2017 pour la raison citée ci-dessus. Puis, à la fin de l'année 2020 pendant une année et demi, puis totalement à l'arrêt à cause de l'épidémie du Coronavirus. (3), car l'entreprise italienne Rizzani a refusé de reprendre les travaux, en réclamant la signature de l'avenant numéro 11, malgré son engagement après le règlement de l'avenant numéro 10, le projet patauge à nouveau et devient comme une vie sans-fin.
Ce n'est qu'en pleine phase de réalisation, que l'administration a procédé à la levée de tous les obstacles qui entravaient le rythme des travaux, et cela après la visite du secrétaire général du ministère des Travaux publics (voir visite du secrétaire du ministre)
Les travaux ont été relancés officiellement le 15 août 2023 ; avec le prolongement des délais de sa réception de 36 mois. Ainsi, nous sommes rentrés dans la phase des prolongations. Le projet à l'état initial avait un délai de 36 mois, puis il a connu ensuite plusieurs mi- arrêts, le taux de réalisation est de 45 %.
Il a été annoncé qu'une première tranche de 30 km du projet de la pénétrante autoroutière port Djen Djen-El Eulma sera réceptionnée «au cours de l'été 2023». 13 km de ce tronçon se trouvent dans la wilaya de Jijel et 17 km dans celle de Sétif. Mais en réalité jusqu'à ce jour, rien n'apparaît.
Le constat
Le bitumage, certes, a été effectué entre la ville d'El Eulma et la région de Tachouda sur environ 14 km. Cependant dans cette région de Tachouda jusqu'à la ville de Beni Aziz, aucun terrassement sur ce tracé de l'autoroute, n'a été effectué, de même que des ponts finis et semi-finis sans passerelles. Le même constat entre la ville Beni Azziz, jusqu'à Jijel. Mais du côté de cette dernière, le bitumage a été effectué qu'entre le port de Djen Djen et Chadia, sans qu'elle ne soit reliée à l'ancienne route 77. C'est un constat bien triste à faire, de dissimuler les dangers que peut courir la wilaya dans le cas où cet état de choses continuait. Le problème est en nous, car personne du côté de la wilaya n' a levé le petit doigt pour alerter les autorités.
Comme on pense à fêter tout en fonction des évènements et à organiser des cérémonies, il serait plus judicieux de penser à ce qui est essentiel pour se pencher sur les choses sérieuses, et être très actifs pour célébrer la réception définitive de l'autoroute Jijel -Sétif.
Les responsables du secteur ne doivent pas avancer des promesses, sans être sûrs de les concrétiser. C'est la réalité du terrain qui parle.
Parlons peu et parlons bien en ne disant que la vérité. La crédibilité s'instaurera à travers l'information et la communication continue et juste. On ne peut pas continuer à bercer d'illusions une population plus de dix ans.
M. Hadji Yacine
Sources :
1-Pierre Salama (Archéologue ) :
«Les voies romaines de Sitifis à Igilgili, un exemple de politique routière approfondie», paru in antiquités africaines, 1980
2-Proposition de l'Association des ingénieurs algériens ( 1982)
3-TSA Infotrafic-Algérie 4/07/2017
4- La Nouvelle République 2020


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