Les décisions adoptées par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) affirmant que le Sahara occidental est un territoire distinct et séparé des territoires marocains, et que le Front Polisario est le seul représentant légitime du peuple sahraoui, ne sont pas un évènement éphémère qui sera oublié après quelques jours ou quelques mois, mais il s'agit d'un évènement historique qui aura un avant et un après. L'avant de cet évènement historique, la frénésie du Maroc ou plutôt sa fantaisie d'avoir réussi à clore le dossier du Sahara occidental et à mobiliser le soutien international nécessaire pour réaliser ses desseins avec l'occupation des territoires du Sahara occidental. L'après cet évènement historique, est que le Maroc a pris conscience d'une réalité évidente que toutes ses manœuvres et ses tentatives n'étaient qu'une tempête dans une coupe et qu'elles n'ont fait que jeter de la poudre aux yeux des Marocains qui ont fini par se rendre compte que le Sahara n'est pas marocain comme veut le faire croire le Makhzen. Le fait que la plus haute instance judiciaire européenne traite avec autant de sérieux et de rigueur une question qui lui a été soumise, à la base par le Front Polisario, est en soi une reconnaissance claire et directe du statut juridique international de ce dernier, en dépit des allégations du Maroc et de ses tentatives récurrentes de dévaloriser l'unique représentant légal du peuple sahraoui. Comme l'a affirmé la CJUE, dans ce contexte, le peuple sahraoui demeurera maître de ses territoires et des richesses naturelles, dont ces derniers regorgent, d'autant que l'exploitation de ces richesses restera nulle et illégitime tant que le peuple sahraoui n'aura pas été consulté et que l'avis de son seul et unique représentant, à savoir le Front Polisario, n'aura pas été pris en compte. Ces mêmes faits avaient déjà été confirmés par la Cour internationale de justice (CIJ) il y a cinquante ans, autrement dit, les choses n'ont pas changé ne serait-ce que d'un iota au cours des cinq dernières décennies, malgré toutes les tentatives et manœuvres du Maroc visant à consacrer son occupation du Sahara occidental. Cinquante ans plus tard, la CJUE rejoint la CIJ sur les mêmes faits historiques qui n'ont pas été impactés par les longues années écoulées et qui reposent sur trois piliers, à savoir, le Sahara occidental est occupé, le Maroc n'a aucune souveraineté sur ce territoire, et enfin, ce territoire est habité par un peuple totalement distinct du peuple marocain. Ces faits ont été un véritable coup de tonnerre ayant frappé le Makhzen, qui, jusqu'à ce jour, ne sait pas comment s'y prendre. Suite aux déclarations du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, qui a tenté de minimiser l'importance de ces arrêts en les qualifiant de non-événement et en affirmant que le Maroc n'était guère concerné, voilà que le roi du Maroc s'adresse à son peuple dans un discours qui tire la sonnette d'alarme, appelant les Marocains à faire preuve de vigilance face à un danger qui plane sur le dossier du Sahara occidental. Ce dernier ne parvient à trouver du réconfort que dans la lettre du Président Macron, qui lui a reconnu la prétendue souveraineté marocaine sur les territoires du Sahara occidental, reproduisant un scénario similaire qui a récemment eu lieu, celui du Tweet de l'ancien Président américain, Donald Trump, qui lui avait, lui aussi, reconnu cette même prétendue souveraineté, une reconnaissance à laquelle la nouvelle administration américaine a vite renoncé. Sous le choc des retombées des arrêts de la CJUE, le Maroc n'a pas tardé à faire le tour de tous les pays européens, mendiant tant bien que mal un soutien à sa cause, il a même essayé de promouvoir les déclarations émises par nombre de ces pays, les interprétant à sa guise comme rejet catégorique des arrêts de la CJUE. Et lorsque l'on passe au peigne fin ces déclarations, on réalise qu'il est impossible de les mettre toutes dans le même panier, il faut distinguer la position de la Commission européenne de celles de la France et de l'Espagne et des autres pays européens. La Commission européenne a pris acte des trois décisions, s'appuyant sur le principe du ''pacta sunt servanda'', tandis que les communiqués de la France et de l'Espagne étaient en cohérence avec leur parti-pris pour le Maroc. Les déclarations des autres pays européens ont salué le partenariat euro-marocain sans aucune explication.