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Les populations civiles délibérément ciblées dans les conflits armés
Sinistre vérité sur le capitalisme décadent
Publié dans La Nouvelle République le 16 - 10 - 2024

L'opération génocidaire menée depuis un an par les militaristes israéliens à Gaza, tout comme leurs récurrentes attaques terroristes commises contre le Liban, vient confirmer cette sinistre vérité sur le capitalisme décadent : les interventions, expéditions et guerres impérialistes contemporaines ciblent systématiquement les populations civiles. Et pour cause.
Du point de vue de la logique bourgeoise génocidaire, les bombardements ont pour «avantage» de disloquer une armée ennemie d'un seul coup, de réduire en cendres un pays en quelques heures. Et, surtout, de terroriser et de saper le moral des populations civiles, favorisant ainsi la reddition du pays ou le nettoyage ethnique par la fuite.
Cette stratégie de bombardements massifs a été utilisée notamment par les Britanniques et les Alliés en juillet 1943 et février 1945 contre les villes de Hambourg et de Dresde, pourtant abritant essentiellement des populations civiles, dans le but de les terroriser et les démoraliser, surtout pour prévenir la réitération de l'expérience spartakiste de 1918 : la révolution prolétarienne avortée, déclenchée à la fin de la guerre dans le sillage de la défaite militaire de l'Allemagne, par les Etats-Unis contre les populations civiles d'Hiroshima et de Nagasaki, cette fois pour dissuader l'URSS d'étendre ses visées impérialistes sur la péninsule nippone. Du reste, ces deux bombardements nucléaires américains auront refroidi les ardeurs belliqueuses et impérialistes de la Russie stalinienne.
Pour rappel, à Dresde, les 13 et 14 février 1945, en quelques heures, les Alliés «démocrates» ont décimé 253 000 personnes, toutes des civiles : des réfugiés, des prisonniers de guerre, des déportés du travail. Ces bombardements n'avaient aucun objectif militaire. Les nazis de Tel-Aviv, avec leurs frappes aériennes contre Gaza, s'inspirent directement des méthodes des Alliés, ces Occidentaux réputés pour leur barbarie. Il n'est donc pas surprenant que les militaristes juifs israéliens soient actuellement engagés dans la fuite en avant dans la barbarie, avec pour seul mobile la barbarie elle-même. Il est important de rappeler que, ces trois dernières décennies, les puissances impérialistes «démocratiques» occidentales ont déclenché de multiples conflits armés génocidaires, en particulier les Etats-Unis. La coalition atlantiste anti-Saddam dans la première guerre en Irak a massacré 500 000 civils. L'opération génocidaire du Rwanda, orchestrée par la France, a décimé près d'un million de civils. Les puissances secondaires arabes coalisées n'ont pas été en reste. Elles ont prouvé qu'elles avaient intégré la stratégie polémologique occidentale, adopté la doctrine militaire génocidaire des sionistes. Notamment contre le Yémen. Durant presqu'une décennie, de 2015 à 2023, la coalition sunnite des pays arabes, dirigée par l'Arabie Saoudite, a livré une guerre génocidaire contre les Yéménites chiites. Bilan : plus de 400 000 Yéménites ont été massacrés, des centaines de milliers mutilés, 19 millions de personnes confrontées, encore aujourd'hui, à la faim, aux maladies ou à d'autres dangers mettant leur vie en péril.
Fondamentalement, la caractéristique particulière de la bourgeoisie sénile contemporaine est son impuissance à contrôler son système. Tout comme elle a toujours été incapable de contrôler les forces productives ; dorénavant elle est également incapable de maîtriser les forces de destruction militaires qu'elle enclenche systématiquement dans ses guerres totales où les actes de barbarie gratuits se déchaînent sans rapport aucun avec les buts de guerre ordinairement poursuivis.
Autre singularité du capitalisme décadent : si, dans la première phase de développement du capital, au cours des XVIIIe et XIXe siècles, la guerre avait pour fonction d'assurer un élargissement du marché pour pérenniser la valorisation du capital, en vue d'une plus grande production de biens de consommation, donc d'enrichissement national, dans la seconde phase du capital, depuis le début du XXe siècle, la production étant essentiellement axée sur la production de moyens de destruction massive, c'est-à-dire les armements les plus sophistiqués et meurtriers, la guerre n'a plus aucune utilité économique, intérêt financier, sinon pour une faction intime des capitalistes, un segment du capital (complexe militaro-industriel, le secteur pétrolier). Son coût financier et humain est, en tout cas, plus élevé que les bénéfices.
Autrefois, dans un schéma classique de belligérance, une armée combattait une autre armée avec pour principal objectif un gain géopolitique ou une conquête territoriale. D'autre part, lors de ces conflits armés, les civils étaient dans l'ensemble épargnés. Certes, parfois, ils subissaient quelques dommages collatéraux. De nos jours, c'est le contraire : prioritairement, les populations civiles sont sacrifiées pour un gain géopolitique nul ou une conquête territoriale insignifiante ou négative. Car les guerres modernes de l'ère impérialiste sont devenues structurelles, un mode de fonctionnement normatif. Un secteur d'activité permanent intégré dans l'économie nationale et internationale. Les bourgeoisies mondiales produisent et exportent «naturellement» les guerres, comme elles le font d'ordinaire avec les autres produits. En effet, dans cette période de décadence, la guerre, revêtant un caractère de permanence, est devenue le mode de vie du capitalisme. Pour preuve, au XXe siècle, l'Europe belliciste a déclenché deux boucheries mondiales, décimant plus de 80 millions de personnes.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le nombre de conflits armés ne cesse de croître. Selon les estimations officielles, il y a eu depuis 1945 plus de 260 guerres, provoquant la mort de dizaines de millions d'individus. A eux seuls, depuis leur création, les Etats-Unis ont été en guerre 230 ans. En d'autres termes, les Etats-Unis ont été en guerre 91% du temps de leur existence. En 247 ans d'existence, ils n'ont été en paix que durant 22 ans.
La paix est devenue une anomalie au pays de l'Oncle Sam. La guerre permanente, la normalité.
Une chose est sûre, la guerre est constitutive du capitalisme. Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage. Tout comme les crises économiques, l'exploitation, l'oppression, les famines sont constitutives du mode de production capitaliste.
Sans oublier les destructions. Bien loin de constituer des anomalies dues à des décisions gouvernementales irresponsables et irrationnelles, les destructions font partie du fonctionnement normatif du capitalisme décadent. En particulier à notre époque impérialiste, caractérisée par des guerres destructrices inégalées et innommables. Plus de 72% des bâtiments résidentiels de Gaza ont été détruits. L'ONU a estimé à plus de 40 milliards de dollars le coût de la reconstruction de l'enclave palestinienne. (Pour l'entité sioniste, le coût total de la guerre pourrait atteindre 120 milliards de dollars, soit 20% du Produit intérieur brut du pays : pendant qu'elle anéantit les Palestiniens, elle détruit son économie). Et, contrairement à ce qu'affirment les politiciens et les élites intellectuelles, ces destructions ne constituent pas des «dommages collatéraux» contingents, mais l'objectif des guerres impérialistes.
Prisonniers d'une conception obsolète des visées de la guerre, ces observateurs bourgeois continuent à penser que le but de la guerre moderne est l'obtention de la victoire, et les destructions des humains et des infrastructures occasionnés à l'adversaire ne constituent que des moyens conjoncturels pour atteindre cet ultime but. A l'ère des crises de surproduction économiques permanentes et de l'endogène baisse tendancielle du taux de profit entraînant systématiquement des confrontations militaires impérialistes pour le partage du monde et des zones d'influence du capital financier, les destructions constituent le principal objectif militaire des capitalistes et de leurs gouvernants.
Les destructions massives d'infrastructures et des moyens de production permettent à l'économie capitaliste de relancer la machine à profit, la valorisation du capital. Tout comme l'anéantissement d'hommes et de femmes permet, du point de vue du capital, d'obvier au risque de la «surpopulation» périodique qui accompagne la surproduction.
Suite et fin…


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