L'Algérie est en deuil. Mahieddine Khalef, ancien sélectionneur national et figure emblématique du sport roi en Algérie, a tiré sa révérence ce mardi à l'âge de 80 ans. Entraîneur le plus titré d'Algérie, il a, à son palmarès, 13 trophées majeurs, dont 8 titres de champion d'Algérie (notamment en 1977, 1980 et 1989) et 2 Coupes d'Algérie, une Ligue des Champions de la CAF en 1981 et une Supercoupe d'Afrique en 1982. En 2001, il ajouta à son palmarès une Coupe de la CAF. Fatigué, malade, rien ne pouvait lui faire détacher cette envie gardait toujours un œil sur ce qui se passait sur les pelouses nationales et internationales. Sa résidence à El Biar, où il s'est retiré, accueillait ses amis avec qui il équivoquait l'actualité footballistique. Il était si prompt à discuter et à donner son avis sur tout ce qui a trait au football algérien. Aujourd'hui, le pays perd, après Rachid Makhloufi, une partie de l'histoire du football national. Il était »le monstre » sacré de la balle ronde. Avant lui, il y avait eu aussi des figures du football, les dernières qui ont aussi laissé des traces ineffaçables sur les pelouses des terrains nationaux et internationaux. Avec ses amis et anciens internationaux, il évoquait le développement du football national parce qu'il avait encore cette force, cette rage d'évoquer quelques matchs internationaux et ceux de la JSK dont il était le maître. Ses réflexes, ses regards, ses gestes, ses sourires, ses soupirs, ses images, ses photos-souvenirs, sont des témoignages qui animeront désormais les discussions à chaque fois que son nom est évoqué. Ce mardi 10 décembre 2024, «il laisse derrière lui un palmarès hors norme et l'une des plus grandes carrières de l'histoire du sport». Il est le sélectionneur qui a su défier tous les schémas. Il mit en place des systèmes de jeu inimitables, basés sur une énorme possession du ballon, un pressing sur tout le terrain et une circulation de la balle incessante grâce aux qualités techniques hors norme de ses joueurs. Les ex-internationaux lui rendent hommage L'ancien international Salah Assad déclare avec émotion «Parler du défunt Mahieddine Khalef, qui vient de nous quitter, c'est rendre aussi hommage à l'autre géant du football algérien, en l'occurrence Rachid Makhloufi. Khalef était lui aussi, sans se tromper, le styliste du football, du formateur, de l'enseignant du football, parce qu'il s'agit aussi de faire apprendre à la génération comment respecter le football, ses adversaires, et surtout comment gagner pour imposer les couleurs algériennes sur les terrains de football. Mahiedine est une figure historique de notre football, les résultats obtenus avec la JSK et en sélection nationale suffisent amplement pour comprendre et deviner la place qu'il a de tout temps occupe dans le football. Il restera l'homme de Gijón (Espagne) qui a écrit, avec une génération de joueurs hors pair, une des plus belles pages des Verts. Ce fut lors du Mondial 1982 en Espagne. Mes sincères condoléances à sa famille». Kouici : «Il a fait de la JSK et des Verts des modèles de réussite» «J'ai eu la chance d'avoir été entraîné par lui. C'est un passionné de la balle ronde. C'est cet amoureux du football, cet homme qui n'aime rien garder pour lui, il enseigne, forme, recommande, oriente et recommande. Nous avons beaucoup appris de lui…Il était mon entraineur, un entraineur qui a indiscutablement une grande qualité, ses leçons, ses conseils sont encore en nous. J'ai joué sous son contrôle, et les titres qu'il a gagné avec la JSK, avec laquelle il reviendra sur les terrains une dernière fois en l'an 2000 pour gagner un dernier triomphe en finale de la Coupe de la Confédération face à Al Ismaily SC (Egypte) au stade 5-Juillet. C'est vous dire qu'il n'était pas seulement un entraîneur, il était plus que ça. Un bâtisseur, un visionnaire, un meneur de jeu. Il a fait de la JS Kabylie et des "Fennecs" des modèles de réussite…J'ajouterai qu'il est aisé de deviner qu'il est l'homme du football, avec ses succès, ses erreurs, ses déceptions, ses envies. Il y a à peine dix jours, nous lui avons rendu visite avec Belloumi, Kaci Said, Chaieb. Nous avons passé en revue le football national et la participation des Verts à la CAN et en coupe du Monde. Il avait souhaité que l'Algérie soit à la pointe du foot africain. Mes condoléances à toute sa famille». En résumé Pour un confrère, ce monument du football algérien, «Mahieddine Khalef incarnait dans les années 1970 et 1980 un manager comme le fut, par exemple, Arsène Wenger avec Arsenal bien des années plus tard». «C'était un entraîneur qui veillait sur tout. C'est lui qui recrutait les joueurs, négociait les contrats, supervisait les jeunes, démarchent les équipementiers... En gros, il veillait au grain sur la vie du club, au stade et en dehors. Un peu comme un patriarche qui avait ses yeux partout pour débusquer les malencontreux qui ne se soumettaient pas à la discipline et à la récupération», témoignait encore un autre joueur. «En ce jour de tristesse, le football algérien perd l'un de ses plus grands ambassadeurs. Mais son nom, son palmarès et ses exploits resteront gravés dans les mémoires, rappelant à tous qu'avec de la détermination et une vision claire, les sommets peuvent être atteints», résumait un confrère.