Le commandant du corps expéditionnaire britannique en Afghanistan, le général Mark Carleton-Smith, juge impossible pour les forces occidentales de gagner la guerre contre les taliban. Dans une interview publiée par le Sunday Times, il estime que ses soldats ont «atténué la menace des taliban pour 2008» mais qu'ils pourraient bien quitter l'Afghanistan sans y avoir maté la rébellion islamiste. «Nous n'allons pas gagner cette guerre. Il s'agit de la réduire à un niveau d'insurrection contrôlable, ne constituant pas une menace stratégique et pouvant être géré par l'armée afghane», déclare-t-il. L'opinion du général Carleton-Smith rejoint celle de nombre de diplomates et d'officiers de l'Otan, qui prennent acte depuis quelque temps que les taliban ne seront pas défaits par la forces des armes et qu'il faut négocier avec eux. Interrogé sur les propos du chef du contingent britannique, le ministre afghan de la Défense, Abdelrahim Wardak, les a présentés comme «l'opinion personnelle» d'un officier et s'en est dit «déçu». «Le principal objectif du gouvernement afghan et de l'ensemble de la communauté internationale est de faire échec à cette guerre de la terreur», a-t-il déclaré à la presse. «Il faut que nous réussissions», a affirmé Wardak, en ajoutant que le succès dépendait de la stratégie des militaires britanniques déployés dans la province méridionale insoumise de Helmand. Huit mille soldats britanniques sont déployés dans cette région pachtoune où ils se heurtent chaque jour un peu plus à la résistance armée des taliban. «Si les taliban étaient prêts à s'asseoir à une table pour parler d'une solution politique, alors cela serait précisément le type de progrès susceptible de mettre fin à ce type d'insurrection», estime Carleton-Smith dans le Sunday Times. «Les taliban ne négocieront jamais avec les envahisseurs», lui a rétorqué un porte-parole du mouvement islamiste renversé fin 2001 par les forces occidentales. «Nous avons dit par le passé, et nous le redisons une fois de plus, que les forces étrangères doivent se retirer sans aucune condition», a déclaré Qari Mohammad Youcef à l'agence de presse afghane AIP, basée au Pakistan. Plus de 70 000 soldats étrangers sont aujourd'hui déployés en Afghanistan, où la violence atteint désormais un niveau inégalé depuis la chute du régime taliban.