Le commandant des forces de l'OTAN en Afghanistan, le général Stanley Mc Chrystal, dans une interview au Financial Times, dit espérer que l'augmentation des troupes qu'il a obtenue aboutira à une paix négociée avec les talibans en Afghanistan. «En tant que soldat, je pense qu'il y a eu assez de combats et je crois qu'une solution politique, comme dans tous les conflits, est inévitable», déclare-t-il. Il ajoutera qu'il espère également un «renouvellement de l'engagement» des alliés dans le conflit, et ce, avant la conférence internationale sur l'avenir du pays qui se tiendra à Londres jeudi prochain. Interrogé sur la possibilité de voir des talibans accéder au gouvernement, il répond : «Je pense que tout Afghan peut jouer un rôle s'il se focalise sur l'avenir et non sur le passé.» Le chef du département de la Défense, Robert Gates, avait déjà ouvert la voie, vendredi dernier, à la réintégration des talibans dans le champ politique : «Les talibans faisaient désormais partie du paysage politique afghan.» Il précisera toutefois que cette réintégration n'était possible que s'ils déposaient les armes et participaient à des élections. Pour atteindre cet objectif politique, le général usera de la stratégie militaire. Il compte affaiblir les talibans pour les amener à la table des négociations. Avec l'appui des 30 000 soldats dont l'arrivée a été annoncée en décembre 2009 par le président américain Barack Obama, qui s'ajouteront aux 70 000 déjà en place pour assurer la sécurité du territoire occupé par les talibans au sud de Kaboul, le commandant de l'OTAN en Afghanistan vise à affaiblir l'insurrection et amener ses dirigeants à accepter une certaine forme de règlement avec le gouvernement de l'Afghanistan et aboutir ainsi à cette paix négociée qu'il souhaite. Ce renforcement militaire mise en fait sur l'aboutissement à un accord de partage du pouvoir pour mettre fin à la guerre. Reconnaissant que le scepticisme sur l'issue de la guerre gagne du terrain, Stanley Mc Chrystal expliquera qu'il veut utiliser les 35 000 soldats qui seront envoyés en renfort pour créer un territoire protégé s'étendant en arc du sud de l'Afghanistan, où se concentrent les bastions des talibans, à Kaboul. «Je pense que ce que nous faisons est d'essayer de préparer les conditions qui permettraient d'arriver à une solution vraiment consensuelle sur la façon dont les Afghans seront gouvernés.». A ce propos, le général voit la conférence de Londres comme une occasion privilégiée pour les alliés de se rallier à sa stratégie de contre-insurrection, et ce, en dépit d'une hausse de 70% du nombre de victimes de la coalition l'année dernière et des doutes sur la crédibilité du gouvernement afghan. Il espère que les participants à la conférence sortiront avec une déclaration forte, qui reposerait sur la fourniture d'une sécurité suffisante pour permettre à l'Etat afghan de se développer. «J'invite tout le monde à sortir de la conférence de Londres avec un engagement renouvelé, et que l'engagement soit en adéquation avec les aspirations du peuple afghan», a-t-il dit. La perspective qu'une guerre de huit ans puisse se terminer par l'arrivée de certains dirigeants talibans au pouvoir représente un tournant remarquable dans cette guerre en Afghanistan qui s'est transformée en véritable bourbier pour les Américains, lequels n'arrivent ni à s'en extraire ni à la gagner. Mais les espoirs de réconciliation entre les talibans et le gouvernement de Hamid Karzai paraissent éloignés à un moment où l'insurrection gagne en ampleur et en sophistication alors que les solutions tardent, elles, à prendre corps. Le commandant des forces de l'OTAN a d'ailleurs averti que la violence pourrait augmenter et que les talibans pourraient intensifier leurs attaques pour tenter de saper sa stratégie. H. G.