Des semaines de chômage technique en prévision pour 48 000 salariés, une production au ralenti et des perspectives sombres pour 2009 : la situation du constructeur automobile italien Fiat, dont les ventes se sont écroulées de 25 % en novembre par rapport au même mois de l'année précédente, n'a rien à envier aux autres marques mondiales. Lire la suite l'article Pourtant, le groupe ne demande rien au gouvernement italien. Au contraire, explique l'administrateur délégué de Fiat, Sergio Marchionne, dans le quotidien La Repubblica du 13 décembre, «les interventions publiques à destination de quelques constructeurs faussent la concurrence». Fiat milite pour une aide globale de la Commission européenne de 40 milliards d'euros, seul moyen, selon ses dirigeants, de rétablir l'équité dans la concurrence. Cette demande d'intervention européenne a trouvé un écho très favorable dans le gouvernement italien. «Il serait très dangereux d'attribuer des aides Etat par Etat», a déclaré Franco Frattini, le ministre des affaires étrangères, appuyé par le ministre de l'économie, Giulio Tremonti. Les syndicats, qui vantent les «exemples» français ou américain, sont amers : «De l'argent, il y en a pour les actionnaires, alors que pour les ouvriers, il y a seulement le chômage technique», déplore la CGIL, la plus puissante organisation syndicale du pays. Même la prière de l'évêque de Turin en faveur une intervention de l'Etat est restée vaine. En fait, l'entreprise et l'Etat ont des intérêts communs. Fiat, comme de nombreux industriels italiens, se méfie d'une trop grande intervention publique. Etranglé par sa dette (105 % du produit intérieur brut), l'Etat est soulagé ne pas être mis à contribution. L'entreprise turinoise, qui a reporté à 2010 la fabrication de plusieurs modèles, réfléchit à un schéma de développement en appelant à de nouvelles alliances. Dans un entretien accordé au magazine spécialisé Automotive News Europe, M. Marchionne parie sur le fait que seules six marques mondiales, capables de produire 5 ou 6 millions de véhicules par an, résisteront à la crise. Alors que la presse évoque un «mariage» avec Peugeot ou BMW, l'administrateur délégué imagine un système plus «ouvert» dans lequel Fiat mettrait à disposition ses plates-formes de montage pour ajuster des «composants» d'autres marques, comme dans l'industrie informatique. «Je ne peux pas continuer à travailler seulement sur mes véhicules, explique-t-il. Je me fiche de n'être qu'un partenaire et un copropriétaire de l'outil de production.»