Al-Soufil vécut à la cour du prince Adud ad-Daoula, de la dynastie des Samanides qui ont régné sur l'Iran de 874 à 999, à Ispahan (centre du pays), ancienne capitale de la Perse et l'un des plus grands foyers culturels de l'époque. Il a vécu au siècle où la civilisation musulmane connaissait un essor et un rayonnement extraordinaires dans tous les domaines des sciences, de la littérature et des techniques, passées ensuite en Occident.. Il traduisit et développa des ouvrages en grec traitant d'astronomie, tout particulièrement la Syntaxe mathématique, plus connue sous son appellation arabe, l'Almageste de Claude Ptolémée, le savant grec (90-168) dans lequel ce dernier a compilé toutes les connaissances acquises alors tant astronomiques que mathématiques relatives à la connaissance et à la description du ciel. Ce savant génial, produit de la civilisation musulmane, est, par ailleurs, à l'origine de plusieurs améliorations du catalogue stellaire de Ptolémée. Ses estimations des brillances et des magnitudes (nombres utilisés pour évaluer l'éclat supposé ou réel d'un astre) apparentes des étoiles diffèrent fréquemment de celles du savant grec. Il découvrit le Grand Nuage de Magellan, immense amas de petites galaxies comprenant des milliards d'étoiles visible à l'œil nu dans le ciel austral qu'il est parvenu à observer à partir du Yémen (sud de la péninsule Arabique). On sait que le premier Européen à pouvoir contempler ce groupe de galaxies – situé à environ 170 000 années-lumière du Système solaire, en 1519, fut Magellan (1480-1521), le grand navigateur portugais au service de l'Espagne, au cours de son voyage autour de la Terre – qui a duré trois ans (1519-1522) – quand sa flotte avait pénétré dans les mers de l'hémisphère Sud. Outre cela, Abderrahmane al-Soufi avait pu observer également la galaxie d'Andromède (ou M 31 dans le catalogue astronomique), la galaxie la plus proche de la Terre en même temps que l'objet céleste le plus éloigné visible à l'œil nu et située à quelque 2,2 millions d'années-lumière de notre planète. Cet illustre savant fut aussi un grand traducteur arabe de l'astronomie grecque antique dont le centre fut Alexandrie (Egypte) célèbre par sa bibliothèque (et aussi son phare). D'autre part, il est considéré comme étant le premier lettré à tenter de faire correspondre les noms grecs et arabes traditionnels des étoiles et des constellations qui ne se superposaient pas. Il remarqua que le plan de l'écliptique (plan de l'orbite de la Terre dans son mouvement autour du Soleil) était incliné par rapport à l'équateur céleste (grand cercle de la sphère céleste perpendiculaire à l'axe du monde et servant de références pour le calcul des coordonnées équatoriales). Al-Soufi calcula, plus précisément, la durée de l'année tropique. Il observa et décrivit les étoiles, leur position, leur magnitude apparente, ainsi que leur couleur, parcourant le ciel constellation par constellation. De façon intelligente, il pensait pour chacune d'entre elles à dessiner deux croquis différents : la constellation vue de l'extérieur du globe céleste, puis la même vue de l'intérieur du globe céleste, comme elle pouvait être observéeà partir de la surface de la Terre. Au-delà de ses travaux, Al-Soufi trouva de nombreuses utilisations innovantes de l'astrolabe (voir image ci-contre), cet instrument conçu par les Arabes pour représenter de façon simplifiée et plane du ciel à une date donnée, ainsi que le calcul de la hauteur atteinte par une étoile à un moment déterminé. Al-Soufi laissa une œuvre magistrale, le Livre des étoiles fixes au cours de l'année 964, ouvrage qui reprend la plupart de ses travaux en astronomie sous forme de textes illustrés. Signalons que pour immortaliser son nom, l'un des cratères se trouvant sur le sol lunaire porte, justement, son nom européen, et appelé le cratère Azophi. Juste reconnaissance pour ce grand savant.