Hillary Clinton, désignée par Barack Obama comme future secrétaire d'Etat, a plaidé hier devant le Sénat américain pour une nouvelle diplomatie américaine de «smart power» (puissance intelligente), faisant appel à tous les outils d'influence à disposition d'un Etat au-delà de la diplomatie traditionnelle ou de la force, selon son entourage. Lors de son audition par la commission des Affaires étrangères du Sénat, qui doit confirmer sa nomination au poste de chef de la diplomatie américaine, la sénatrice de New York, 61 ans, s'engagera à renforcer le pouvoir des Etats-Unis, affaibli par deux conflits simultanés, en Irak et en Afghanistan, ont précisé ses proches. «Elle réaffirmera sa conviction, partagée par le président élu Barack Obama, que l'administration américaine doit être plus intelligente pour être plus forte», a expliqué l'un de ses proches sous le couvert de l'anonymat. «La sénatrice Clinton croit en un pouvoir intelligent, qui utilise tous les outils de la politique étrangère à notre disposition», a-t-il ajouté. Mme Clinton va également plaider en faveur d'une augmentation du budget du département d'Etat, selon cette source. Selon un autre de ses proches, l'ancienne première dame des Etats-Unis s'attend à des questions sur la position de l'administration Obama concernant la situation dans la bande de Ghaza et la promesse électorale du président élu de fermer le camp de détention de Guantanamo, à Cuba. Elle est également prête à s'expliquer sur l'engagement de M. Obama à retirer les troupes d'Irak, la réponse à apporter au programme nucléaire iranien, et les relations avec la Russie, a-t-il précisé. Les analystes s'attendent à un processus de confirmation en douceur pour Mme Clinton, elle-même issue des rangs du Sénat, dont elle élue de l'Etat de New York. Mais les audiences parlementaires de confirmation des ministres, qui sont généralement retransmises en direct à la télévision américaine, donnent l'occasion aux élus de se faire remarquer de leurs électeurs par leurs questions agressives et il est peu probable que Mme Clinton échappe à certaines interrogations embarrassantes sur son époux Bill ou ses relations avec M. Obama. La fondation de l'ancien président américain Bill Clinton, qui mène des campagnes de lutte contre la maladie, la pauvreté et le changement climatique, a reçu entre 75 et 165 millions de dollars de gouvernements étrangers et d'organisations financées par des gouvernements étrangers, notamment du Proche-Orient. Certains élus pourraient considérer ces donations comme un risque de conflit d'intérêts avec les fonctions de chef de la diplomatie américaine que Mme Clinton s'apprête à assumer. La sénatrice de New York risque aussi d'être questionnée sur ses propos de campagne contre Barack Obama, lorsqu'elle avait accusé son adversaire des primaires du Parti démocrate de ne pas être prêt pour «le coup de fil de trois heures du matin». Lors de son audition devant le Sénat, elle devra apparaître en parfaite harmonie avec son ancien rival, notamment sur les questions qui les ont divisés par le passé comme les relations avec l'Iran – M. Obama se déclarant prêt au dialogue sans condition, contrairement à Mme Clinton – ou sur la situation à Ghaza – Mme Clinton étant considérée comme pro-Israël tandis que M. Obama a gardé jusqu'ici un silence prudent. Mais selon Carol Lancaster, ancienne conseillère de Mme Clinton aujourd'hui spécialiste des questions de développement à l'université de Georgetown, la future secrétaire d'Etat a d'ores et déjà tenté de «désamorcer» les questions personnelles en rencontrant séparément tous les élus de la commission des Affaires étrangères du Sénat ces dernières semaines. «C'est une personne extrêmement disciplinée. Je suis sûre qu'elle est très bien préparée», a ajouté Mme Lancaster.