Ce «Maghreb des arts plastiques» vise notamment à mettre en valeur les artistes des pays du Maghreb et les populations qui y ont leurs racines. Le Salon maghrébin des arts plastiques est le plus grand salon au Maghreb, et c'est l'un des événements culturels phares pour les cinq payés attachés au Maghreb. Il propose le meilleur de la production des artistes en Algérie, Mauritanie, Maroc, Tunisie et Libye. Aïcha Haddad, une fille de la région Cette année, deux artistes algériens seront à honneur. La première, Aïcha Haddad, une fille de la région de Bordj Bou-Arrérdj, née en 1937 à Medjana et décédée le 8 mars 2005 à Alger. Cette grande dame d'art dira dans son autobiographie : «J'ai grandi au sein d'une famille traditionnelle auprès de parents admirables. Mon père demeure pour moi l'exemple de la droiture et du courage ; il faisait partie de cette génération d'Algériens qui ont mené un dur labeur afin que leurs enfants puissent recevoir l'instruction dont ils avaient été privés. De ce fait, il était très exigeant quant à nos résultats scolaires. Très tôt, il nous inculqua des principes très rigoureux : respect des valeurs morales, respect d'autrui, effort soutenu, principes qui guidèrent sa vie en toute ce qu'elle est studieuse. Mes soirées étaient bercées par Djedda Khadra , une grande mère hors du commun , Mon imagination vagabondait au gré de ses récits. Elle me contait les exploits des ancêtres de notre famille, les «Hchem», vaillante tribu de cavaliers venus de la région de Mascara et installés à Medjana. Mes premières émotions artistiques remontent à de merveilleux souvenirs d'enfance et sont liées à des couleurs parfumées : mauve des brassées de lilas d'Aïn Sultan, camaïeux de carmin des roseraies d'El-Annasser, vermillons des coquelicots de Medjana ( petits villages avoisinants) ; jaune d'or des mimosas ; saphir et émeraude de la mer de Béjaïa où je retrouvais mes grand parents maternels pendant les vacances ; parme des glycines violet des bougainvillées, blanc immaculé des pluies de jasmin, les soirs d'été, à Alger. Très tôt, j'ai marqué un goût très prononcé pour le dessin. J'étais, en cela, encouragée par les instructrices qui affichaient mes aquarelles. Ma préférence pour les matières artistiques était telle que, plus tard, j'ai opté pour l'enseignement des arts plastiques. La salle de dessin était pour les élèves un lieu de détente où toutes les modes d'expression étaient permises. Encore fière de leurs résultats, je me souviens du regard clair de ces adolescentes qui me confiaient leurs inquiétudes, leurs doutes et leurs espoirs. Auparavant, j'avais suivi le cours de M. Camille Leroy, à la Société des beaux-arts, avec Nedjar, Hamchaoui, Belahla, Bencheikh. J'ai réalisé de nombreux ayant pour thème : cavalcades des «Hchem», marines de Béjaïa, groupe de femmes aux couleurs multiples mais j'ai surtout été captivée par le mystère et la poésie qui se dégagent du Sud algérien, qui demeure pour moi une source d'inspiration intarissable, avec la gamme des ocres du sable et les camaïeux de bleus des nuits sahariennes. J'ai également réalisé une série de miniatures représentant différentes régions d'Algérie, miniatures inspirées par Mohamed Racim à qui je voue une grande admiration. Je n'avais, alors, nulle envie d'exposer mes tableaux. C'est sur l'insistance de ma famille qu'en 1972, je me suis présentée au concours de peinture de la ville d'Alger ; mon tableau fut primée et ce fut le départ de ma participation à la vie artistique algérienne. 1973 fut l'année de mon adhésion à l'Union nationale des arts plastiques et ma rencontre avec les peintres algériens : Farès, Zmirli, Temmam, Khadda, Ali Khodja, Bouzid, Belbahar Souhila, Ferhat Leila, Hakkar, Flidjani, Djamila et Baya, ma merveilleuse amie. J'ai depuis participé à de nombreuses expositions collectives et présenté des expositions personnelles en Algérie et dans de nombreux pays : échanges culturels, biennales, forums, semaines culturelles… Mon style fut d'abord figuratif puis impressionniste, mais au cours de mes voyages et de mes visites de musées, galeries, foires internationales d'art, j'ai découvert Peï , Gaudi, Tinguely, Niki de Saint Phalle, César, Arman et l'art contemporain. J'ai été séduite par ses modes d'expression multiples. Je ne souhaite pas m'enfermer dans un seul genre. L'expression dans toutes ses dimensions, la recherche diversifiée dans les thèmes, les techniques, les matériaux, volumes, accumulations, installations etc., m'offrent des horizons toujours renouvelés. J'ai également réalisé combien est incommensurable et ardu le chemin à parcourir mais si passionnant à découvrir ; ce chemin qui mène à un pays où l'on n'arrive jamais mais duquel l'artiste espère se rapprocher un peu. Ma vie artistique m'a offert des bonheurs inestimables ; le bonheur d'avoir, je l'espère, contribué à l'éveil des vocations de mes élèves. Ce fut une période d'échanges, de confiance, riche en enseignement; le bonheur de faire partie de la famille des artistes : qu'ils soient poètes, musiciens, plasticiens, ou comédiens, la même complicité, le même idéal nous unit. Le bonheur d'avoir rencontré Baya et l'amitié, tout simplement, le bonheur de m'exprimer.» Ali Ali -Khodja, doyen des artistes contemporains Le deuxième artiste, Ali Ali Khodja, est ce doyen des artistes peintres algériens contemporains, qui nous a quittés le 7 février dernier, à l'âge de 87 ans. Ce géant de la miniature est né à Alger le 13 janvier 1923. De 1929 à 1937, il fait ses études à l'école de Saint-Eugène puis à celle d'El-Biar. A partir de 1933, il est élève d'Omar Racim, son oncle maternel, au cours pratique de calligraphie et d'enluminure près l'École des beaux-arts d'Alger, de Mohamed Racim et d'Andrée Du Pac à l'Ecole. A partir de 1941 Ali Khodja expose dans plusieurs salons et reçoit en 1942, la «Bourse Sivry», première bourse de la ville d'Alger (section miniature). Aux côtés notamment de Hemche, Temmam, Yellès et Ranem, il participe en 1944 à l'exposition des «Jeunes peintres et miniaturistes musulmans d'Algérie» organisée par Mohamed Racim. En 1945, il est dessinateur au bureau d'études du service de l'artisanat, où il retrouve Sid-Ahmed Kara. Il présente en 1946 une première exposition personnelle et reçoit de nouveau la bourse de la ville d'Alger (section miniature). Il est coopté en 1947 par la Société des artistes algériens et orientalistes et participe à une exposition collective en Scandinavie, à Stockholm, Oslo et Copenhague, dans laquelle il présente deux miniatures («Intérieur mauresque», «Environs d'Alger») et deux enluminures. En 1950, il figure dans l'exposition des peintres de la revue Soleil fondée par Jean Sénac. [] Il reçoit en 1961 la médaille d'or du « Meilleur ouvrier de France ». Nommé au Musée des arts et traditions populaires de 1948 à 1961, il est, ensuite, recruté comme professeur de décoration par l'École des beaux-arts d'Alger où il enseignera jusqu'en 1994. Ali-Khodja participe à partir de 1962 aux premières expositions organisées à Alger après l'indépendance, est en 1963 membre fondateur de l'Union nationale des arts plastiques (UNAP) et participe en 1964 à son premier salon annuel. Il crée en 1966 pour les Ballets algériens» un ensemble de costumes qui ne seront pas réalisés. En 1969 plusieurs de ses œuvres sont exposées au 1er Festival panafricain d'Alger. En 1970, le grand prix national de peinture lui est attribué et, en 1987, la médaille du mérite national. Ali-Khodja est également membre du jury international de la première Biennale internationale des arts plastiques d'Alger, en 1987, et président du jury de la deuxième biennale en 1989 De 1943 à 1950, Ali-Khodja peint exclusivement des miniatures autour des scènes quotidiennes du vieil Alger. Il commence de réaliser, en 1963, des peintures ayant pour thème les paysages du Sahel algérois et, en 1970, des aquarelles. De 1974 à 1977, ses peintures prennent pour thèmes les animaux. En 1978, il pratique également la gravure.