Le contrat à un an dollar/yuan est tombé en cours de séance à 6,62, contre 6,65, vendredi, à la clôture, au plus bas depuis cinq semaines. La Chine subit les pressions des Etats-Unis et de l'Europe pour abandonner le lien dollar/yuan qui a été imposé à la mi-2008 aux environs de 6,83 yuans afin de préserver la compétitivité des entreprises exportatrices chinoises pendant la crise économique et financière. Lors de la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire (Parlement), le gouverneur de la Banque populaire de Chine, Zhou Xiaochuan, a déclaré que Pékin serait un jour ou l'autre contraint d'abandonner cette politique «spéciale» du yuan, qui fait partie des diverses mesures prises par les autorités pour limiter l'impact de la crise. «L'expérience a montré que ces politiques ont été positives, en contribuant à la fois au redressement de notre économie et de l'économie mondiale», a-t-il dit lors d'une conférence de presse. «Les problèmes concernant le retrait de ces politiques apparaîtront tôt ou tard», a-t-il ajouté. Il a, cependant, ajouté que la Chine ferait preuve d'une grande prudence dans le retrait des mesures de soutien à l'économie mises en place depuis la fin 2008. «Si nous devons retirer ces politiques inhabituelles et revenir à des politiques économiques ordinaires, nous devons être extrêmement prudents dans le choix du calendrier. Cela inclut également la politique de taux de change du renminbi», a-t-il dit. Prudence Avant son intervention, la Banque centrale avait publié un communiqué dans lequel elle réitérait l'engagement pris par le Premier ministre, Wen Jiabao, de maintenir le yuan «globalement stable» en 2010. Les économistes estiment que cette formulation est suffisamment vague pour permettre une reprise de l'appréciation du yuan mais cette décision devra recevoir le feu vert du Premier ministre et du Conseil d'Etat, le gouvernement chinois. Selon le courtier d'une banque européenne, les prises de position de la Banque centrale sont, souvent, plus audacieuses que celles du gouvernement. «La Banque populaire de Chine n'a pas le dernier mot dans la décision du gouvernement sur la politique du yuan qui tiendra également compte d'autres parties, comme le ministère du Commerce qui s'intéresse davantage aux exportations qu'à une appréciation du yuan», explique-t-il. Pour l'opérateur de marché, anticiper une hausse rapide et forte du yuan serait aller trop vite en besogne. Le ministre du Commerce chinois, Chen Deming, a souligné, hier, que la Chine continuerait de réformer sa politique de change de manière progressive et contrôlée. «Sortir de la relance ne signifie pas que toutes les mesures vont disparaitre. Elles resteront mais il y aura une adaptation», a-t-il ajouté. Pékin a laissé sa devise s'apprécier d'environ 20 % face au dollar entre 2005 et la mi-2008 avant de rétablir un lien entre le yuan et le dollar lorsque la crise a éclaté.