Evoquant l'aspect financier dont le rôle est déterminant, Mme Toumi, qui s'exprimait dans le cadre de l'émission «En toute franchise» de la Chaîne III de la Radio nationale, a mis en évidence le fait que «tous les films qui sortent depuis au moins 2005 le sont par ce qu'ils sont soutenus», insistant pour dire que l'Etat agit de la sorte par conviction car «il veut qu'il y ait une réelle relance du cinéma algérien». La ministre de la Culture a, toutefois, tenu à préciser que la relance du cinéma algérien ne devait pas se limiter à l'aspect financier mais qu'elle devait prendre en considération bien d'autres volets. Abordant la formation, elle a indiqué que son département déployait de «colossaux efforts» pour attirer des formateurs étrangers dans le but d'encadrer les jeunes étudiants à l'institut de cinéma. Concernant les studios, et tout en affirmant que «les grands producteurs étrangers connaissaient les capacités des Algériens», Mme Toumi a annoncé que le ministère allait réaliser des studios afin de «permettre aux réalisateurs algériens de pouvoir tourner des films en Algérie». Au sujet des salles de cinéma, la ministre a évoqué leur «nécessaire réhabilitation», affirmant que son département était en train d'effectuer les démarches susceptibles de lui permettre de récupérer les salles qui sont entre les mains des collectivités locales car, a-t-elle dit, «ces dernières n'ont pas les moyens de les réhabiliter et encore moins de les gérer». Par ailleurs, elle a indiqué que la future loi sur le cinéma sera examiné, mardi prochain, par le gouvernement. Abordant le statut de l'artiste, la ministre de la Culture a souligné que ce volet concerne surtout l'aspect lié à la protection sociale des artistes. «Nous travaillons avec le ministère du Travail depuis 5 ans. Pour nous, le problème est que nous n'avons pas une organisation d'artistes en mesure de nous dire qui est artiste professionnel et qui ne l'est pas», a tenu à préciser Mme Toumi. En guise de solution, la ministère de la Culture propose la création d'un conseil national des arts et de la culture, dont le rôle principal est de délivrer la carte professionnelle. Elle a indiqué, en outre, que tout était fait pour faire de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique», prévue en 2011, «une réussite en tous points de vue». «Nous avons un programme extraordinaire d'équipement et de restauration. Pour le patrimoine, il y a 145 chantiers au niveau de la wilaya de Tlemcen parmi lesquels il y a lieu de noter la reconstitution du palais royal zianide de la ville lequel doit être prêt en 2011», a-t-elle expliqué, saluant dans la foulée le travail fait par les bureaux d'études algériens. Au sujet des critiques acerbes dont a fait l'objet le film de Rachid Bouchareb Hors-la loi, Mme Toumi a estimé que c'est une «réaction du Front national et de ses bandes», soulignant en revanche qu'«il n'est pas normal qu'un membre du gouvernement français se permette d'émettre un avis sur un film qu'il n'a jamais vu et demander l'avis du service historique du ministère de la Défense français». «En agissant de la sorte, poursuit la ministre, l'on veut entraîner le gouvernement dans une affaire qui dérange beaucoup, dans les démocraties, notamment en France, et qui est la liberté de création». Elle a invité, à cet effet, ceux qui ne sont pas du même avis de Bouchareb à agir de manière «civilisée et calme», leur suggérant, par exemple, de «faire de films, au lieu d'essayer d'empêcher la sortie d'un film». Elle a rappelé que le film de Bouchareb a été sélectionné par les organisateurs du Festival de Cannes après que ceux-ci eurent visionné des dizaines d'autres films. Mme Toumi a saisi l'occasion pour rappeler que l'Algérie était le seul pays arabe et africain à avoir été sélectionné, en 1975, et remporté la Palme d'or grâce au film de Lakhdar Hamina Chroniques des années de braise.