Toyota, premier constructeur mondial, et Tesla, qui ne compte que quelques centaines d'employés, ont annoncé, jeudi soir en Californie, que le constructeur japonais allait acheter pour 50 millions dollars d'actions de la jeune société californienne. Cette annonce est «historique» et «donne à Tesla une crédibilité considérable», a estimé, hier, l'universitaire Harley Shaiken, professeur à l'Université californienne de Berkeley. Toyota étant connu pour être un groupe prudent et «conservateur», l'annonce de cet investissement, «pour les investisseurs et Tesla, c'est du sonnant et trébuchant», a-t-il ajouté. Pour Tesla, cet investissement s'ajoute à une participation de «plus de 5 %», non chiffrée, acquise par le constructeur allemand Daimler il y a un an, sans compter une ligne de crédit de 465 millions de dollars obtenue l'an dernier des autorités fédérales et 31 millions d'incitations fiscales des autorités californiennes. Fort de tout cet argent frais, Tesla a pu annoncer, jeudi soir, le rachat d'une usine qui venait de fermer à Fremont, non loin de San Francisco, une ancienne coentreprise entre Toyota et General Motors où se fabriquaient jusqu'en avril des Toyota Corolla et Tacoma, avec une capacité de production de quelque 500 000 voitures par an. Si Tesla en récupère les anciens employés, il disposera d'une force de production «expérimentée et qui sait faire face aux difficultés», a souligné M. Shaiken, d'autant que Toyota pourra également «apporter ce qu'il sait de la complexité de produire de gros volumes» de véhicules. Cette transaction rend une entrée en Bourse, pour laquelle Tesla a déposé un dossier auprès du gendarme de la Bourse (SEC) ,en janvier, «plus probable, et donne nettement plus de valeur» à la compagnie, selon l'expert. Michelle Krebs, analyste au cabinet spécialisé Edmunds.com, a, toutefois, prévenu que la date d'une entrée en Bourse restait aléatoire, surtout avec les difficultés actuelles du marché boursier, en dégringolade depuis le début du mois. «Il faudra bien calculer le moment» pour le début de cotation, a prévenu Mme Krebs, soulignant que Tesla n'est pas le seul constructeur automobile américain à vouloir vendre des actions au public : General Motors et Chrysler, sortis de faillite l'an dernier, entendent également mettre des actions sur le marché. Tesla, qui commercialise déjà une petite voiture de sport se voulant le premier véhicule tout électrique pouvant rouler sur autoroute et prévoit de lancer en 2012 une berline de luxe à quelque 50 000 dollars, la Model S, travaillera avec Toyota au développement d'autres véhicules électriques, ce qui pourrait le faire sortir de la catégorie du luxe pour viser un marché de masse.