, La fête «Ayrad», célébrée chaque année par les habitants de Beni-Snous (Tlemcen), à l'occasion du nouvel an amazigh Yennayer, représente du «pur» théâtre traditionnel, de par toutes les composantes artistiques qu'elle rassemble, a souligné dimanche à Alger le chercheur et président de la compagnie théâtrale «El-Aâfsa», Ali Abdoun. «Le carnaval d'Ayrad que vit chaque année Beni-Snous, cette région montagneuse amazighe de la wilaya de Tlemcen, est considéré comme un phénomène social dont les composantes artistiques font de lui un pur théâtre traditionnel», a expliqué M. Abdoun, dans son intervention au colloque sur l'usage du patrimoine au théâtre, organisé dans le cadre du 5e Festival national du théâtre professionnel. Ayrad, littéralement synonyme de «lion», est animé par une dizaine de jeunes la nuit de Yennayer. Vêtus de «hidouras», peaux de bœuf ou de chèvre, ils sillonnent les ruelles du village sous les percussions des bendirs (tambours), tandis que le grand Ayrad est, quant à lui, tiré à l'aide d'une chaîne par une personne afin de ne pas échapper. Les participants passent ensemble d'une maison à une autre. Tous les dons reçus, en cette occasion, sont partagés et remis aux nécessiteux du village et les démunis. M. Abdoun a relevé une «intensité» dramatique dans la fête d'Ayrad que traduisent les costumes utilisés, les chants entonnés, les danses exécutées et la mise en scène du jeu des personnes déguisées, soulignant qu'il s'agit là d'un «acte identitaire» qu'il faut sauvegarder et pérenniser. Il a, également, mis en exergue la richesse de ce patrimoine et son rôle social, en le qualifiant de «source multidimensionnelle» pouvant, sans aucun doute, inspirer les hommes de théâtre pour monter des pièces théâtrales contemporaines. L'orateur a mis l'accent, aussi, sur l'importance des études et recherches anthropologiques qui devraient être menées davantage sur l'évènement Ayrad dans le but d'«éclairer et de donner un plus sur ce phénomène qui représente un acte théâtral complet et qui fait l'histoire du théâtre en Algérie», a-t-il dit. «Même si Ayrad est une fête agraire à but essentiellement solidaire, il reste un patrimoine culturel très riche qui interpelle la sensibilité de l'homme et révèle ses dons artistiques, car les masques et les costumes sont conçus par des jeunes qui n'ont jamais suivi de formation académique. Et même les personnages sont joués par des comédiens doués qui ne sont pas diplômés de l'institut d'arts dramatiques», a précisé M. Abdoun, afin de montrer la «grandeur» de ce patrimoine. M. Abdoun, qui a eu l'idée de réhabiliter cet héritage culturel ancestral en le transposant au théâtre avec les membres de la compagnie «El-Aâfsa», il y a près d'une quinzaine d'années, a estimé qu'Ayrad «peut apporter beaucoup au théâtre d'aujourd'hui».