Les prix du pétrole se repliaient hier en début d'échanges européens, pénalisés par un renchérissement du dollar et la prudence des investisseurs avant la publication d'une série d'indicateurs économiques clefs aux Etats-Unis. Le baril de Brent de la mer du Nord (livraison en octobre) s'échangeait à 76,07 dollars sur l'InterContinental Exchange à Londres, en recul de 53% par rapport à la clôture de la veille. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) à échéance identique reculait de 85 cents à 73,83 dollars. «Le marché du pétrole continue de se débattre alors que le sentiment des investisseurs reste morose, au vu des données macroéconomiques américaines», commentait David Hart, analyste de Westhouse Securities. Parmi les facteurs d'influence figurent les revenus des ménages qui n'ont augmenté que de 0,2% en juillet aux Etats-Unis, moins que les 0,3% attendus. Dans ce contexte, le marché surveillera avec attention les indicateurs sur le prix des logements aux Etats-Unis, l'activité économique dans la région de Chicago et le baromètre du Conférence Board sur la confiance des consommateurs américains, tous trois publiés hier. D'autres indicateurs clefs sur l'économie américaine sont attendus dans la semaine, parmi lesquels les chiffres de l'activité manufacturière en août, aujourd'hui, et ceux de l'emploi vendredi. «La confiance du marché est massivement entamée. Il y a tellement de zones d'incertitudes que de n'importe laquelle d'entre elles peut jaillir l'étincelle d'une prochaine débâcle (économique)», confirmait David Hufton, du cabinet PVM. «Chaque indicateur est donc scruté à la loupe pour y chercher d'éventuels signes d'un retournement de tendance, ce qui conduit à des hausses trompeuses et éphémères du marché quand d'aventure des chiffres meilleurs qu'attendus sont publiés», poursuivait-il. Selon M. Hufton, «les fondamentaux foncièrement baissiers du pétrole n'ont pas réellement d'effet dans un tel environnement». «La demande des investisseurs pour les contrats à terme du pétrole l'emporte sur les craintes liées à une demande stagnante, à la surproduction, et au haut niveau des stocks pétroliers, et c'est ce qui empêche les prix de chuter au prix que les fondamentaux de l'économie réelle justifieraient», expliquait-il. L'état des réserves de brut américaines, qui ressortent à des niveaux historiquement élevés, est ainsi un facteur d'anxiété constant pour les opérateurs, nourrissant les inquiétudes sur la vigueur de la relance économique et les perspectives de demande. Passé le troisième trimestre de l'année, les choses devraient s'améliorer. C'est en tout cas l'avis de l'économiste en chef de Deutsche Bank. «Il est possible que la faiblesse (dans les prix du pétrole) se poursuive jusqu'à l'automne. Les choses devraient alors s'améliorer parce que l'économie va reprendre pied», a déclaré Adam Sieminski.