On a découvert des situations paradoxales que même le soutien de plusieurs milliards d'euros de l'Union européenne via Meda I et II n'a pas réussi à atténuer. De ces situations, on citera l'arrêt inexplicable du projet national de création de Centres de facilitation de pépinière d'entreprises à travers le pays, l'éclipse forcée du Centre d'investigations et de recherches européennes en Méditerranée et les ratés des Centres de facilitation de pépinières d'entreprises disparues au lendemain de leur création. En somme, l'Algérie se trouve dans une situation opposée à celle attendue par les initiateurs des différentes initiatives censées donner un plus au développement de la PME dans notre pays. Même les programmes Meda I et II soutenus par l'Union européenne avec une enveloppe financière de 3,5 milliards d'euros destinés à la mise à niveau des PME en Algérie se sont essoufflés. Au-delà de la déclaration faite récemment par Zaïm Bensaci, président du Conseil consultatif national de la PME quant à l'échec enregistré dans l'application du programme élaboré par l'ex-ministre de la PME, il y a le constat de plusieurs économistes des chercheurs. Celui du Pr Madi, doyen de la faculté des sciences économiques à l'université Badji-Mokhtar de Annaba, est révélateur de cette situation : «Le climat économique actuel marqué par les difficultés pour ne pas dire faillites d'entreprises, nous impose de réfléchir à la manière la plus appropriée afin d'aider nos PME et à nous transcender dans la recherche de solutions idoines» avait il souligné. Sa recommandation comme tant d'autres d'économistes de renom, n'ont pas été suivies. La conséquence est précisée dans la déclaration du président du CNC/PME lorsqu'il affirme sans fournir de détails: «Nous n'avons pas réussi le challenge de la mise à niveau des entreprises. 350 entreprises ont bénéficié du programme Meda I». Sans même se donner le temps de situer les carences, défaillances et lourdeurs, le même responsable annonce le lancement du programme Meda II au profit de 20 000 PME. Or, le secteur de la PME se trouve dans une situation pire qu'elle ne l'était avant l'ouverture du marché national aux investissements et produits étrangers. Des milliers d'entreprises ont fermé pour cause de faillite parce que n'ayant pu se mettre à niveau. Les récits venus d'entrepreneurs des deux sexes ruinés est pathétique. Ils avaient cru en les programmes de mise à niveau et avaient vainement attendu leur tour. Il s'est avéré que ces programmes avaient été lancés sans être appuyés de structures à même d'assurer leur succès. La préméditation étant flagrante, ils ont profité à 350 entreprises seulement. Les insuffisances sont nombreuses à l'exemple de l'inexistence de réseaux d'information fiables et de guichets spécialisés dans les questions sociales. Que ce soit en matière de maîtrise de technologies récentes, de partenariat, de modernisation de l'outil de production, de financement et d'accès au marché international, bon nombre d'entrepreneurs affirment avoir été mal conseillés ou mal orientés. Cette situation s'est aggravée avec l'absence de coordination entre les différentes structures d'intervention chargée du suivi de l'application du programme initié par le ministère de la PME. Selon plusieurs économistes, le manque de coordination est à l'origine de l'inefficacité de l'information et de la lenteur de la transmission des propositions des entrepreneurs. D'autres handicaps et non des moindres ont été inventoriés. Il en est ainsi du flou qui caractérise la mission d'accompagnement des administrations locales et nationales. «Les procédures doivent être transparentes et les personnes en charge d'effectuer toutes les opérations doivent être capables de répondre aux attentes de cette mise à niveau», a affirmé Zaïm Bensaci. Comment se peut- il lorsque les PME algériennes restent toujours confrontées à des difficultés diverses telles que la longueur des délais, leur mauvaise adaptation au programme et la complexité des dossiers à remplir. Que dire également, lorsque contrairement à ce qui se fait dans le monde, la spécificité des PME n'est pas prise en considération par les donneurs d'ordres qui eux-mêmes nécessitent une mise à niveau de leur compétence. D'où le scepticisme affiché par de nombreux patrons d'entreprise à l'annonce de la création prochaine d'un comité national de suivi de la mise à niveau de la PME par le ministère de l'Industrie et de la Promotion des Investissements.