Une visite à l'intérieur de cette station permet de se rendre à l'évidence de l'apport dont elle s'acquitte au quotidien dans sa mission d'épuration des eaux usées domestiques de la ville de Batna ainsi que celles de Tazoult ( ex-Lambèse). Les conduites de celle-ci ayant été raccordées au réseau d'assainissement de Batna. Mais compte tenu de l'extension prodigieuse d'une ville comme Batna dans le domaine du débit des eaux usées et la multiplication des besoins de traitement suite à l'apport des eaux du barrage Bouharoun, il va de soi que les responsables du secteur de l'hydraulique envisagent une prochaine extension des capacités techniques de la station. Des sources au fait de ce projet indiquent que le terrain est disponible et la visibilité des contours de l'aménagement est acquise. Actuellement, les capacités techniques d'épuration dont est pourvue la station sont de l'ordre 200 000 équivalents / habitant, soit 20 000 m3 par jour. En perspective, ces capacités sont donc appelées à dédoubler et la station traitera dès lors 400 000 équivalents par habitant, soit 40 000 m3 par jour. C'est d'ailleurs cette extension qui va permettre de satisfaire les besoins en épuration des eaux usées de Batna et de Tazoult sur une période d'une vingtaine d'années. Pour le cas de la localité de Fesdis où les eaux usées déversées par l'oued Gourzi de Batna y atterrissent et sont malheureusement utilisées par les fellahs locaux dans l'irrigation des maraîchages, l'implantation d'une station d'épuration est déjà prévue par les pouvoirs publics. Selon les renseignements recueillis, cette station, qui complétera le travail de celle de Batna, fonctionnera uniquement pour traiter les eaux usées des localités de Fesdis et Bouatchaoune ainsi que le nouveau pôle universitaire et l'Ecole de police. Les capacités techniques qui y seront installées seront de l'ordre de 35 000 équivalents par habitant. Mais cela pourra-t-il mettre fin à certaines pratiques illégales et dangereuses pour la santé des populations, pratiques du reste désapprouvées par les citoyens ou consommateurs et par les autorités. Malgré le fait que certains agriculteurs de Fesdis disposent réellement de puits, ils ne font cependant qu'à leur tête en poursuivant le recours systématique aux eaux usées pour l'irrigation de leurs cultures maraîchères. Or, les directives de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) interdisent formellement toute irrigation de cultures maraîchères telles que salades, oignons, ails, par des eaux impropres à la consommation. Jeudi à l'hémicycle de la wilaya et à l'occasion de l'examen du projet de rénovation du réseau de l'AEP de Batna, le problème de Fesdis a été évoqué avec une insistance particulière. Le directeur de wilaya de la santé Redah Abdelwahab a rappelé, en évoquant les maladies à transmission hydriques, que l'irrigation par moto-pompes des produits maraîchers par les eaux usées et de surcroît polluées se poursuivraient à Fesdis. Il demanda le déclenchement par les pouvoirs publics locaux d'une action urgente pour éliminer ce phénomène dangereux pour la santé et les populations. Pour sa part, le directeur des services agricoles M. Grabsi a déclaré que le danger de ce phénomène est tellement grand lorsqu'on sait que les eaux usées se déversent aussi dans le bassin laitier en reconstitution d'El-Madher et toucheraient les vaches laitières. «Le risque est très important», dira-t-il. Le wali de Batna, Hocine Mazouz, tout en rappelant que les lois existent, s'est interrogé sur l'absence de contrôle et le non-recours à la force publique. Par les responsables concernés par une telle mission de salubrité publique. «Il n'y a pas de fatalité puisqu'il s'agit d'un cas d'irresponsabilité des pouvoirs publics», a expressément déclaré le wali. D'où sa demande au directeur des services agricoles de mettre au point un programme d'action pour en finir avec le phénomène.