Ahurissant ! Alors que le nombre des martyrs palestiniens a dépassé mercredi le nombre de 1.000 personnes tuées par l'armée israélienne dans l'une des plus sauvages agressions, les pays arabes ont une nouvelle fois montré leur inadmissible division. Mercredi, les Emirats Arabes Unis ont annoncé qu'ils participeront au sommet extraordinaire de Doha sur l'agression israélienne, et au cours duquel les chefs d'Etat arabes, dont le Président Bouteflika très probablement, discuteront des moyens de faire cesser l'incurie de Tsahal en territoire palestinien. Mais, simultanément ou presque, le Koweït, suivant les pas de l'Egypte et l'Arabie Saoudite, a lui également annoncé qu'il ne participerait pas à ce sommet. Une belle division qui fait désordre, au moment où les Palestiniens à Ghaza sont soumis à un déluge de feu. Hier mercredi, le nombre de victimes de l'agression palestinienne a dépassé les 1.000 morts, a annoncé le chef des services d'urgence palestinien. «Le nombre de martyrs a atteint 1.010 depuis le début de l'offensive contre la bande de Ghaza et celui de blessés dépasse 4.700", selon le docteur Mouawiya Hassanein. Dans ce bilan, figure au moins 303 enfants et 100 femmes, a-t-il ajouté. Un précédent bilan fourni par la même source faisait état de 985 Palestiniens tués, dont 292 enfants et 95 femmes, et plus de 4.500 blessés depuis le début de l'offensive «Plomb durci» dans la bande de Ghaza le 27 décembre. Durant toute la journée de mercredi, l'armée d'occupation a effectué plusieurs raids aériens et bombardé plusieurs quartiers de la ville, augmentant le nombre de victimes, particulièrement des enfants affreusement mutilés par les bombes au phosphore et à fragmentation. Une situation qui a révulsé l'opinion internationale qui a demandé que cesse cette agression sauvage à travers des manifestations organisées notamment à Sydney, Oslo, Londres ou Paris. Sur le plan humanitaire, la situation est catastrophique à Ghaza, selon le CICR. Lors d'une conférence de presse à Al Qods, le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Jakob Kellenberger, a qualifié la situation humanitaire dans la bande de Ghaza de «dramatique». «Malheureusement, la situation humanitaire est dramatique, j'ai pu m'en convaincre en visitant l'hôpital» de Chifa à Ghaza, a affirmé M. Kellenberger, après une visite, mardi, à Ghaza. «Je ne peux pas souligner assez qu'il est essentiel pour les parties au conflit qu'elles respectent les principes et les règles du droit humanitaire et notamment le principe qu'on n'attaque pas les civils», a-t-il ajouté. Vendredi dernier, la Haute commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, Navi Pillay, a dénoncé de «très graves violations de droits de l'homme» dans la bande de Ghaza et demandé une enquête indépendante sur les violences commises depuis le début de l'offensive israélienne. «Des enquêtes indépendantes et transparentes doivent être menées pour identifier les violations (commises, ndlr) et établir les responsabilités», a réclamé Mme Pillay. «Je rappelle que les violations des droits de l'homme peuvent constituer des crimes de guerre pour lesquels la responsabilité criminelle personnelle peut être engagée», a-t-elle mis en garde. Plusieurs ONG ont demandé que Israël soit poursuivi devant le Tribunal pénal international (TPI) pour crimes de guerre. Par ailleurs, au moins 15 soldats israéliens ont été tués par la résistance palestinienne à Ghaza, dont 7 mercredi, alors que des roquettes ont été lancées contre le territoire israélien depuis Ghaza et le Sud Liban. A Ghaza, la résistance palestinienne empêche les chars israéliens d'entrer dans les quartiers, même si les blindés israéliens sont soutenus par des tirs de bombes au phosphore et à fragmentation à partir des avions et des hélicoptères d'attaque. Sur le plan diplomatique, les «contours d'un cessez-le-feu commencent à se dessiner», affirment plusieurs diplomates. Selon le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, «les contours d'un cessez-le-feu commencent à se dessiner même si nous avons encore à faire face à des obstacles évidemment importants». Selon une source égyptienne, le mouvement Hamas a «réagi favorablement» aux efforts de l'Egypte en faveur d'un cessez-le-feu à Ghaza, alors que le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a estimé mercredi au Caire que la perspective d'un cessez-le-feu se rapprochait. »Nous sommes plus près d'un accord» pour un cessez-le-feu, a déclaré à la presse M. Moratinos, de retour en Egypte pour rencontrer le président Moubarak ainsi que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, arrivé mercredi dans la région pour tenter d'obtenir l'arrêt de l'agression israélienne. Le cessez-le-feu auquel travaillent notamment les diplomates occidentaux avec l'Egypte prévoit d'abord «un cessez-le-feu immédiat» entre Israël et le Hamas et «l'acception du retrait» de l'armée israélienne. Ce plan comprend en seconde étape la réouverture «des points de passage» entre Ghaza et Israël ainsi que l'Egypte, sans exclure la présence de forces ou d'observateurs étrangers. «C'est une question qui nécessite certaines mesures concernant les parties qui doivent se trouver sur les points de passage» et de savoir «si la présence d'autres parties est nécessaire», selon la partie égyptienne. De son côté, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a affirmé mercredi au Caire, où il a commencé une tournée au Proche-Orient, qu'il «n'y avait plus de temps à perdre» pour que cesse la guerre à Ghaza, imposée par Israël contre la population palestinienne de Ghaza. Entre-temps, Israël a accentué le massacre des Palestiniens, avec des raids aériens sans interruption, des bombardements à partir des blindés et des troupes au sol contre les maisons des Palestiniens. Une sauvagerie inouïe qui n'a pas encore, hélas, ému les dirigeants arabes pour qu'ils interviennent pour venir, au moins une fois, au secours d'un peuple martyr... Une population palestinienne digne, courageuse et qui lutte contre une superpuissance militaire sans jamais se plaindre.