En ces moments difficiles que vit le peuple palestinien sous les bombes et les obus israéliens, où l'urgence est d'agir pour au moins stopper les pertes en vies humaines, les dirigeants arabes sont incapables de s'entendre sur la nécessité de se réunir comme l'indique nombre de pays ayant leur accord pour participer au sommet prévu demain à Doha. Cela fait vingt jours maintenant que l'armée israélienne massacre les Palestiniens, sans que les dirigeants arabes parviennent à se mettre d'accord sur une date pour réunir et traiter cette question, dont l'urgence n'est plus à signaler. Il a fallu faire des calculs durant toute la journée d'hier pour s'assurer que le quorum des deux tiers, nécessaire pour que le sommet puisse se tenir, soit atteint, pour être fixé sur son déroulement. Ainsi, en cette période où la solidarité entre les pays arabes doit plus que jamais être de mise, la division a une fois de plus prévalu. Encore une fois, l'aphorisme, “les Arabes se sont mis d'accord pour ne jamais s'entendre”, se vérifie sur le terrain avec cette difficulté incroyable à réunir un sommet extraordinaire de la Ligue arabe pour discuter des voies et moyens à même de permettre d'aller au secours du peuple palestinien de Gaza, sous les bombes israéliennes. Cette fois-ci, l'opposition est venue de pays, habituellement favorables à ce genre d'initiatives. En effet, l'Egypte, dont la diplomatie mène le bal pour aboutir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, et l'Arabie Saoudite, qui est l'initiatrice de l'offre de paix arabe “la terre contre la paix”, faite à Israël lors du sommet de la Ligue arabe de Beyrouth en 2002, refusent contre toute attente de prendre part à la réunion de Doha. Le Caire et Riyad ont indiqué, avant-hier à l'issue de la rencontre entre Hosni Moubarak et le roi Abdallah, qu'elles étaient favorables à l'idée de discuter de la guerre de Gaza au sommet économique à Koweït. “Une participation du royaume saoudien et de l'Egypte à la réunion au sommet du Koweït pour (...) tenter de régler la question palestinienne avec l'objectif de mettre fin à l'agression et de parvenir à la paix pour le peuple palestinien”, a indiqué un communiqué commun. Ils ont été suivis dans leur démarche par la Tunisie, qui a annoncé qu'elle ne participera pas au sommet arabe extraordinaire sur Gaza vendredi au Qatar. Il ne fait aucun doute que l'une des raisons principales de cette division est le bras de fer mettant aux prises l'OLP au mouvement Hamas. La prise de force de ce dernier de la bande de Gaza, qui s'en est suivie, a inévitablement donné lieu à des prises de position différentes des pays arabes sur la question. Il y a ceux qui ne reconnaissent que l'Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas et ceux qui soutiennent le Hamas. Jusque-là, les pays arabes se sont contentés de s'adresser au Conseil de sécurité de l'ONU, qui a adopté, jeudi, une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat, ignorée jusqu'ici par Israël et le Hamas. Aux dernières nouvelles, 16 pays sur les 22 que compte la Ligue arabe auraient donné leur accord pour participer au sommet auquel a appelé l'émir du Qatar. Il s'agit des Emirats arabes unis, du Qatar, de la Mauritanie, de l'Algérie, de la Syrie, du Maroc, de la Libye, du Soudan, du Liban, du Yémen, de Djibouti, de la Somalie, des Comores, du sultanat d'Oman, de l'Irak et de l'Autorité palestinienne. Mais, en début d'après-midi, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déclaré : “Jusqu'à présent, le quorum n'a pas été atteint, le compte s'arrête à 14 membres”, alors qu'il en faut 15 pour atteindre le quorum des 2/3 nécessaires pour ce sommet controversé à l'initiative du Qatar. “La question sera tranchée dans les heures à venir”, a encore dit M. Moussa, après un entretien avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a commencé par Le Caire une tournée au Proche-Orient sur la crise dans la bande de Gaza. Reste à savoir maintenant quels résultats découleraient d'un sommet tronqué, qui sera marqué par l'absence des deux poids lourds du monde arabe, en l'occurrence l'Egypte et l'Arabie Saoudite. Merzak Tigrine