La clôture de la saison agricole, suivie de la période estivale, sont toujours un moment de l'année propice pour festoyer à l'occasion de longues et ferventes kermesses. En effet, le week-end dernier, le coup d'envoi officiel a été donné à la saison des waâdas avec deux fêtes grandioses, en hommage aux saints patrons de M'ghila et les Mekhatria, dans la région de Guertoufa. A M'ghila, il fallait se lever très tôt jeudi pour trouver un moyen de se rendre à la waâda, parmi les plus célèbres de la région de Tiaret. Tous les ans, on y célèbre «R'djel M'ghila», les dix-sept saints de la région, tous enterrés dans une même zone. Sous la houlette des Kraïches, une tribu vernaculaire, du couscous succulent garni de quartiers entiers de viande est offert à tous les visiteurs, certains venant même de wilayas aussi lointaines que Laghouat ou encore Ghardaïa. Les cavaliers, dans une magnifique fantasia, font rugir leurs montures et parler la poudre dans une ambiance de transe et de ferveur. La fête dure deux jours jusqu'à une heure tardive de la nuit, avec des tentes dressées à même le sol pour accueillir les visiteurs désireux de veiller jusqu'aux premières lueurs du jour. De l'autre côté de Tiaret, une autre waâda a eu lieu jeudi dernier en hommage au saint tutélaire de la région, Sid-Ahmed El-Mokhtar. Au douar des Mekhatria, tout près de Guertoufa, la fête est préparée depuis des semaines. Tout le monde met la main à la pâte pour offrir au saint patron un hommage comme il se doit, à coup de grands plats en bois de couscous, de viande de mouton, de lait caillé et de r'fiss - un mélange de semoule - et de dattes succulentes. D'autres waâdas sont prévues dans les prochains jours un peu partout à travers la wilaya de Tiaret pour célébrer les saints hommes ayant donné à la région ses lettres de noblesse. Des occasions si précieuses qui donnent au commun des Tiaretis, «carapacés» dans leurs tourments, une opportunité heureuse de sortir du traintrain quotidien et échapper ainsi aux vicissitudes d'une vie pas toujours rose...