Au point où nous en sommes aujourd'hui, nous sommes tous responsables du réchauffement climatique. Y compris l'Afrique qui n'a plus ni le droit ni le temps de continuer à s'interposer en victime de la pauvreté. Ce continent possède des richesses inouïes, qu'il n'a jamais su mettre au service de ses populations, et encore moins les exploiter en la faveur de la protection de l'environnement. Si certains dirigeants africains déclarent qu'ils sont partisans du développement durable, la réalité de leurs pays est cependant tout autre. La hausse des prix du baril de pétrole n'a pas arrangé les choses, elle a engagé les pays concernés comme le nôtre à se lancer dans des projets qui font totalement fi de la salubrité de nos milieux urbains (1). Toutes les formes de gestion dans les pays de l'Afrique sont condamnables, quand bien même elles sont inspirées de modèles occidentaux. Le dirigisme des pouvoirs politiques et les torsions que ces derniers infligent à leurs processus démocratiques sans cesse interrompus, empêchent l'émergence et l'affirmation de l'action collective de base. Il est sûr, selon une certaine philosophie, que si l'exemple ne vient pas des dirigeants, les dirigés ne feront que perpétuer dans la masse le mauvais exemple que leurs dirigeants leur donnent. Même l'Islam se base sur cette règle en incitant les musulmans à garder sur leur ligne de mire l'exemple exemplaire du Prophète - que la bénédiction de Dieu soit sur lui. Ainsi donc, cette politique de la stigmatisation de l'autre, de l'Occident, et cette vision manichéenne des choses ne sont pas l'avenir. Nous devons tous ensemble, avec l'Occident, réfléchir sur la meilleure façon à vivre dans un environnement sain. La politique de la victimisation est un saut dans le vide. Que nous le voulions ou pas, les Etats des pays occidentaux, comme la France pour ce qui nous concerne, mènent des politiques très engagées dans le domaine de la protection de l'environnement. Leurs Etats veillent à fournir à leurs citoyens le meilleur milieu de vie possible, que ce soit en ville, ou en rase campagne. Nicolas Sarkozy a bien soutenu le projet du grand Paris où la présence de la verdure, sous toutes ses formes urbaines a une place éminente. «Faites-nous rêver !», a dit Nicolas Sarkozy [aux architectes] en lançant la consultation pour «un grand Paris plus égalitaire et plus écologique, adapté aux nouvelles règles économiques.» (2) Ce qui n'est pas du tout le cas chez nous où l'ensemble de nos responsables nationaux et locaux n'ont trouvé d'autres moyens de faire que de dire : «Nous avons décidé» devant une réalité de terrain qui ne fait que s'empirer et les illégitimer dans l'appréciation des citoyens. Nos villages étaient jusque tout au plus les années 1980, de véritables lieux de villégiature; ils incarnent au jour d'aujourd'hui notre désamour de la nature et irrespect de la grande architecture. Nous les avons d'une certaine manière kaboulisés. Nous avons rompu, par excès d'une certaine idée de l'indépendantisme idéologiste, avec une page de l'histoire que nous aurions pu assumer, notamment dans les domaines de l'architecture et de l'urbanisme, au cours de laquelle l'Algérie occupée était très avancée et même à la mode. Nous sommes responsables de la détérioration de l'environnement et du réchauffement climatique dans notre pays, peut-être plus que les pays occidentaux. Nous déplorons que nos politiques, en panne et peine d'idées, veuillent absolument encore dresser les pauvres contre les riches. Car il s'agit en fin de compte d'assurer aux générations futures le meilleur avenir possible en suscitant en elles la passion de la terre et de sa sauvegarde. En effet, ce n'est pas l'Occident qui a décidé de sacrifier les zones humides pour réaliser des autoroutes, de pratiquer la déforestation pour réaliser des méga projets d'habitat, de détruire nos territoires littoraux, de clochardiser nos villes et périphéries au nom d'un certain urbanisme qui donne la priorité au gain des plus riches, de ne pas respecter les règles les plus élémentaires de la pratique urbanistique, d'abattre les arbres, de raser les montagnes et de pratiquer la déforestation pour construire toujours plus haut et plus moche, de ne pas protéger la Mitidja de l'urbanisation anarchique. Ce qui est certain, c'est que nous ne pouvons plus arrêter le réchauffement climatique mais seulement le limiter, selon les spécialistes. Cela commence par des gestes et des décisions simples, comme de sauver ce qui est encore sauvable. Protéger un arbre où qu'il soit, jusqu'à le classer est notre responsabilité à tous, du Président au citoyen le plus ordinaire (3). Le couper est un crime pour lequel nous devons prévoir des sanctions sévères. Un ministre, un wali, un maire, un quelconque citoyen ne doivent plus avoir le droit de justifier de tels gestes ignobles. Dans ce même sens, une architecture qui se respecte ne doit aucunement dénaturer le site au nom d'un quelconque programme d'Etat. Tout le monde doit se sentir partie prenante dans la question de la protection de l'environnement. C'est ça l'avenir ! *Architecte - Docteur en urbanisme 1- Nous avons, dans plusieurs articles, dénoncé les scandales du boulevard Millenium. Heureusement que la direction de l'Urbanisme et de la Construction s'est opposée à la construction d'immeubles, dans certains cas, à même pas 4 mètres d'habitations individuelles. 2- «Le grand Paris, les coulisses de la consultation», par Dominique Cettour-Rose, in http://culture.france2.fr/livres/coups-de-coeur/54948527-fr.php, 05/06/2009. 3- Selon les spécialistes, chaque année, 300 millions de personnes meurent à cause du réchauffement climatique, 40% de la terre agricole n'est plus cultivable, et 13% des forêts disparaissent chaque année dans le monde.