Nouveau rebondissement inquiétant dans les événements du Xinjiang, cette province du nord-ouest de la Chine où des heurts violents opposent depuis plus d'une semaine la communauté minoritaire ouïghoure, musulmane, à la majorité ethnique chinoise, les Hans. Dans cette province du nord-ouest de la Chine, les Ouïghours sont devenus en minorité dans une ville d'Urumqi en état de siège. Les affrontements de ces derniers jours ont déjà fait plus de 180 morts et plus de 1.600 blessés, selon les autorités chinoises, beaucoup plus, selon l'opposition ouïghoure. Pékin s'est défendu de favoriser une quelconque partie dans ce conflit. Mais le plus inquiétant dans ce dossier chaud est que la branche maghrébine d'Al-Qaïda a menacé de s'en prendre aux intérêts et aux travailleurs chinois présents en Afrique du Nord pour venger les Ouïghours victimes des affrontements à Urumqi, selon un journal de Hong Kong, le South China Morning Post. Le journal cite en fait un rapport du cabinet d'analyse de risques, Stirling Assynt, basé à Londres, qui indique que Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a appelé à des représailles à l'encontre de la Chine. Le rapport ajoute que «c'est la première fois que le réseau d'Oussama Ben Laden menace directement des intérêts chinois». «Bien que Aqmi semble être la première branche d'Al-Qaïda à officiellement annoncer qu'elle prendra pour cible des intérêts chinois, d'autres devraient suivre», estiment les auteurs du rapport. L'annonce de représailles contre les intérêts chinois ou simplement contre les Chinois vivant dans les pays d'Afrique du Nord n'est pas sans inquiéter autant le gouvernement chinois que les pays où vit une communauté chinoise. «Il y a de plus en plus de discussions (...) chez des jihadistes qui affirment qu'ils veulent s'en prendre à la Chine», ajoute le rapport selon lequel «certains individus ont commencé à chercher activement des informations sur les intérêts chinois dans le monde musulman, qui pourraient être utilisées pour définir des cibles». A l'annonce de cette menace, les autorités chinoises ont réagi en affirmant que «la Chine prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger ses ressortissants à l'étranger». Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a déclaré dans une conférence de presse que «nous allons suivre de près la situation et faire des efforts conjoints avec les pays concernés pour prendre toutes les mesures nécessaires afin d'assurer la sécurité des institutions et des ressortissants chinois à l'étranger», a-t-il ajouté. Sentant l'internationalisation de la situation tendue à Urumqi, Pékin tente de calmer le jeu et de rassurer. Elle a appelé le monde musulman à «la compréhension au sujet des émeutes dans la province à majorité musulmane du Xinjiang, qui visaient, selon elle, à «saboter» l'unité ethnique nationale. Et Pékin va jusqu'à réfuter les accusations de «génocide» lancées par la Turquie. »Nous espérons que les pays musulmans concernés et les musulmans sont en mesure de reconnaître la véritable nature des événements du 5 juillet à Urumqi», a ajouté le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Les émeutes du 5 juillet visaient à «saboter la Chine et son unité ethnique. Elles ont été orchestrées par trois forces : terrorisme, extrémisme religieux et séparatisme, à l'intérieur et en dehors de la Chine», a-t-il précisé. Dans le monde musulman, les événements de la province du Xinjiang sont suivis avec beaucoup d'inquiétude, notamment à Ankara d'où des appels ont été lancés aux autorités chinoises pour protéger la minorité ouïghoure après les émeutes ethniques du 5 juillet dernier. Des musulmans de par le monde ont condamné l'attitude des forces de l'ordre chinoises. Vendredi dernier, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, s'était élevé contre «une sorte de génocide» contre les Ouïghours du Xinjiang.