La dissidente ouïghoure Rebiya Kadeer a accepté une invitation à se rendre à Taïwan lancée par un groupe plaidant pour l'indépendance de l'île nationaliste face à Pékin, a indiqué hier ce groupe. « Mme Kadeer a exprimé ses remerciements pour l'invitation et a indiqué qu'elle se rendrait certainement à Taïwan », a indiqué Marie Lin, représentant un groupe de la jeunesse anti-communiste de Taïwan. Les autorités taïwanaises doivent encore accorder un visa à Mme Kadeer pour qu'elle se rende dans l'île. Le Premier ministre Wu Den-yih n'a pas indiqué si le gouvernement taïwanais allait accorder un visa mais a précisé qu'une décision serait annoncée à la fin de la semaine. Une visite de Mme Kadeer pourrait irriter Pékin qui avait exprimé « résolument » son opposition à une récente visite à Taïwan du dalaï lama. Taïwan est séparé de fait de la Chine communiste depuis 60 ans. Les relations se sont cependant nettement réchauffées depuis l'arrivée au pouvoir en 2008 du président Ma Ying-jeou, membre du Kuomintang (KMT), parti nationaliste, qui s'est engagé à resserrer avec Pékin des liens mis à mal par son prédécesseur pro-indépendantiste. Les autorités chinoises accusent Rebiya Kadeer d'avoir provoqué les violences au Xinjiang du 5 juillet, ce qu'elle nie. La dissidente vit en exil aux Etats-Unis depuis sa libération d'une prison chinoise en 2005. Le Xinjiang est une région autonome majoritairement peuplée de musulmans, en particulier de Ouïghours, une communauté de langue turque de plus de 8 millions de membres, qui s'estiment souvent victimes d'oppression politique, culturelle et religieuse. D'ailleurs, hier Pekin a annoncé une série d'inculpations dans le cadre d'une « bagarre dans une usine » du sud du pays qui avait coûté la vie à deux Ouïghours et entraîné des troubles meurtriers au Xinjiang (nord-ouest) début juillet. Cinq ont été inculpés de blessures volontaires, six pour leur participation à la rixe, précise Chine Nouvelle, qui ne cite que deux noms, les deux à consonance chinoise. D'autres inculpations devraient suivre, selon la même source. Dans la nuit du 25 au 26 juin, les employés hans (ethnie majoritaire en Chine) d'une usine de jouets de Shaoguan, dans la province du Guangdong, avaient attaqué leurs collègues de la minorité ouïghoure, dans les dortoirs de l'usine et en avaient battu au moins deux à mort. Cette attaque faisait suite à une rumeur selon laquelle des Ouïghours avaient violé une ouvrière han et mis en lumière les tensions dans les relations entre les deux communautés. Le 5 juillet, des émeutes éclataient à Urumqi, la capitale du Xinjiang, région autonome ouïghoure, après la répression d'une manifestation pacifique demandant la lumière sur les événements de Shaoguan, selon la dissidence ouïghoure en exil. Les autorités chinoises pour leur part ont accusé des séparatistes d'avoir fomenté les troubles qui ont été suivis de représailles de la part de Hans et ont fait au total 197 morts, en majorité des Hans.