La porte-étendard de la cause ouïghour, Rebiya Kadeer, relance le débat sur les victimes des violents affrontements du 5 juillet denier entre les Ouïghours musulmans turcophones et les Hans, en Chine. « A Urumqi, près de 10 000 personnes ont disparu en une nuit. Où sont-elles allées ? Si elles sont mortes, où se trouvent-elles ? », s'est interrogée hier la représentante dissidente de la communauté ouïghour depuis Tokyo, à l'occasion d'une conférence de presse. Cette déclaration vient contrer le bilan officiel communiqué par les autorités chinoises qui a fait état de 197 morts lors des émeutes survenues au nord-ouest de la Chine dans la province de Xinjiang. La chef de la dissidence ouïghour, âgée de 62 ans, vivant aux Etats-Unis, avait alors accusé le gouvernement chinois « d'essayer d'écraser le peuple ouïghour ». Rebiya Kadeer répond aux accusations de la Chine, qui la considère comme l'initiatrice « criminelle » de l'émeute de Xinjiang, qu'elle aurait fomenté depuis le Congrès mondial ouïghour de Munich. « Si la Chine dit que je l'étais, je veux qu'elle fournisse des preuves. La responsabilité revient aux autorités qui ont changé ce qui était au départ une manifestation pacifique en des émeutes violentes », a-t-elle déclaré. Elle affirme que le soir du 5 juillet, l'électricité avait été coupée et que la police chinoise tirait au hasard sur les foules. « Le lendemain matin, les gens ont découvert à leur réveil que beaucoup d'hommes ouïghours avaient disparu. » Rebiya Kadeer se dit « perplexe et déçue » de l'absence de réaction du gouvernement américain qui ne presse pas la Chine d'ouvrir ses portes à une commission d'enquête indépendante qui ferait la lumière sur ce qui s'est réellement passé à Xinjiang le 5 juillet. Elles a appelé récemment les Etats-Unis à s'engager en faveur de la communauté ouïghour comme ils l'avaient fait pour le Tibet, en installant un consulat à Urumqi. « Je veux croire que les Etats-Unis ne resteront pas inertes. Je pense qu'ils répondront de manière appropriée », a-t-elle confié. De son côté, le président américain Barack Obama n'a pas prononcé le nom de Xinjiang lundi, lors de l'ouverture, à Washington, du nouveau dialogue stratégique et économique entre la Chine et les Etats-Unis. Il a par contre appelé Pékin au respect des libertés individuelles et religieuses et des droits des minorités.