Le Premier ministre a installé la semaine dernière un comité de suivi de la mise à niveau des entreprises. En tenant à en être le président, Ahmed Ouyahia a ainsi, comme le font remarquer les observateurs, «coupé la poire en deux entre le ministre de l'Industrie et celui de la PME» qui se disputent le dossier depuis longtemps. En effet, Hamid Temmar et Mustapha Benbada se sont même permis des écarts de langage quand le premier a estimé que les programmes de mise à niveau des entreprises initiés et soutenus par l'Union européenne n'ont pas servi à grand-chose et que le second s'en s'est dit tout à fait satisfait. Ceci étant, l'installation d'un comité de suivi avec à sa tête le Premier ministre donne quelque peu raison à Temmar qui a toujours revendiqué un programme de mise à niveau national même si d'autres entités, l'UE soit-elle, y participent. Il semble qu'Ouyahia a bien réfléchi à la question du partage des missions entre les deux ministères et de celles en plus de l'agence nationale de développement et de la promotion de la PME. Il est d'ores et déjà avancé que «si Benbada supervisera la mise à niveau des PME, Temmar, lui, se chargera de celle des grandes entreprises, celles qu'il veut en faire des champions de l'industrie conformément à la stratégie industrielle qu'il a initiée il y a quelque temps». L'agence est certes chargée de développer et de promouvoir la PME mais, nous dit-on, « elle aura à s'occuper d'un volet du programme de mise à niveau». La PME est d'ailleurs à l'honneur aujourd'hui au siège du Conseil national économique et social. Mohamed Seghir Babes a, en effet, convoqué le comité ad hoc chargé de réfléchir sur le développement et le renforcement des capacités de la PME. Comité dont l'annonce de la création a été faite par ses soins le 15 novembre dernier à la résidence d'Etat El Mithak en présence d'un grand nombre de représentants d'organismes publics et d'entités privées. Aujourd'hui, c'est pratiquement une réunion de prise de contact entre les animateurs du comité dont l'installation officielle se fera, en principe, la deuxième quinzaine de janvier. En novembre dernier, Babes avait proposé à débat plusieurs thèmes liés à la problématique posée. Il avait suggéré pour cela la constitution de groupes de travail pour recenser les contraintes et les difficultés auxquelles font face les PME ainsi que les mesures à initier pour amorcer leur développement et leur promotion. Nombreux sont les patrons de PEM qui avaient fait état dès la réunion d'El Mithak de nombreux problèmes, récurrents d'ailleurs, que le gouvernement n'est jamais arrivé à résoudre. Outre le président du CNES qui semble avoir été chargé par le président de la République en personne pour ouvrir le dossier de la PME, la rencontre de novembre avait à sa tribune le ministre de la PME, Mustapha Benbada, et le président du conseil national consultatif de la promotion de la PME, Zaïm Bensaci. Ce dernier écrit dans le premier numéro de la revue Indices du CNC PME, un éditorial dans lequel il rappelle qu'il est programmé la création, sur 5 ans, de 200 000 PME, un objectif qui, selon lui, « va enfin permettre au secteur de la PME de bénéficier d'une attention particulière voire même d'une mobilisation générale». Rêve ou réalité ? Bensaci pense en tout cas que «(...) la PME peut être un élément fort d'un nouveau consensus social (...)» Ce qui est sûr, c'est que le CNC PME n'a pas, pour l'heure, les moyens de sa politique.