Le comité ad hoc “développement et renforcement des capacités de la PME”, installé le 25 décembre dernier, sous l'égide du président du Conseil national économique et social et tenu, hier à l'hôtel Sheraton d'Alger, sa seconde réunion plénière, en présence du ministre de la PME et de l'Artisanat, mais en l'absence très remarquée du ministre de l'Industrie. Le président du Cnes, Mohamed-Séghir Babès, pour lever toute équivoque, a précisé que l'une des missions du Cnes est d'évaluer les politiques publiques. Contrairement au ministre de l'Industrie absent, le ministre de la Petite et moyenne entreprise, M. Mustapha Benbada, a présenté à l'assistance les axes des réformes sur lesquelles son département travaille. Le ministre de la Petite et Moyenne entreprise et de l'Artisanat évoque la révision de la loi d'orientation sur la promotion des PME. Il a indiqué que son département se penche aussi sur la question du financement des PME, relevant le déficit en matière d'intermédiation financière. L'autre axe majeur, sur lequel le ministère de la Petite et moyenne entreprise travaille, est la sous-traitance, un axe stratégique qui s'inscrit dans une démarche d'intégration économique de l'appareil de production nationale. Le ministre souligne que, “malheureusement, beaucoup de grandes entreprises nationales continuent à sous-traiter auprès de la PME étrangère”. Il s'agit, a indiqué M. Benbada, d'inverser cette tendance par l'émergence et la mobilisation de capacités de sous-traitance nationales. Il y aurait 260 000 entreprises sous-traitantes, 90% environ interviennent dans le BTPH. Du coup, le ministère de la PME envisage la création d'un centre national pour le développement de la sous-traitance, véritable outil de densification des tissus de petites et moyennes entreprises dans le secteur des industries manufacturières. M. Benbada estime que le défi majeur qui interpelle les PME algériennes est d'abord la préservation de l'outil de production dont la vulnérabilité se pose avec acuité, à travers les effets pervers de la mondialisation : concurrence déloyale, contrefaçon, dumping et accès limité aux marchés. Evoquant la mise à niveau des entreprises, le ministre affirme que le gouvernement est prêt et disposé à mettre les moyens humains pour répondre à la demande de 20 000 PME. Le président du Cnes a fait un plaidoyer pour une démarche consensuelle, indiquant que les recommandations de l'atelier seront adressées à la Présidence, au Premier ministère et aux ministères concernés. Il a annoncé, par ailleurs, la tenue de 5 regroupements régionaux impliquant l'essentiel des régions incubatrices. Le président du Forum des chefs d'entreprise ne partage pas l'enthousiasme du président du Conseil national économique et social. S'il a exprimé son souhait, et celui de l'organisation qu'il préside, de “donner un sens à la rencontre”, M. Réda Hamiani estime qu'il faut s'interroger sur l'actualité dans laquelle l'entreprise évolue. “On comprend moins que des politiques économiques ont été définies depuis quelques mois, sans tenir compte de nos avis et réflexions”, a regretté le président du FCE. “C'est un télescopage frontal et direct entre, d'un côté, le souci de s'ouvrir à notre réflexion sur les bonnes conditions à réunir de façon à définir les politiques économiques et, d'un autre côté, faire comme si nous n'existions pas. Plus grave encore, les semaines qui ont suivi, les mois qui ont suivi nous n'avons pas cessé d'alerter nos autorités sur les conséquences prévisibles des choix économiques qui ont été faits dans l'urgence et brutalité. Nous n'avons pas cessé de faire des rapports et des remarques”, a ajouté M. Hamiani. Du coup, le président du FCE estime que l'exercice de réflexion, auquel beaucoup d'associations, des experts, des acteurs institutionnels, ont été conviés, “ne sert à rien si d'un trait de plume, un jour J on décide de revoir à l'opposé des principes que nous pensons plus opportuns”. M. Hamiani convoque l'histoire pour rappeler le parcours quelque peu mouvementé du développement de la PME algérienne. En 1994, l'Etat a décidé de supprimer le monopole sur le commerce extérieur, sans aucune mesure d'accompagnement, sans aucune instruction pour encadrer cette ouverture, ni sur le plan financier ni sur le plan fiscal. Cette impasse a conduit directement à la création et au développement d'un marché informel. Le programme d'ajustement structurel, imposé par le FMI, a fait changer la parité de la monnaie algérienne. Du coup, la première génération de PME, créées à la faveur des réformes, a été décimée par les pertes de changes, auxquelles on n'a pas encore trouvé totalement la solution. Les PME lancées en 2000 ont été également placées dans l'impasse par une ouverture aussi brutale qu'improvisée. Aujourd'hui, en se référant aux chiffres de l'Andi, très peu d'entreprises industrielles voient le jour en Algérie. Plus grave encore, le dossier moyen d'investissement est passé en quelques années d'un dossier moyen, qui avoisine les 160 millions de dinars, à 40 millions de dinars. En d'autres termes, l'importance des projets n'est pas évidente.