Cela fait quelque temps déjà que le problème d'incinération des médicaments périmés se pose au niveau des pharmacies constantinoises. Faute de destruction, les stocks s'amoncellent ainsi sans fin. Les pharmaciens ont d'ailleurs alerté leurs représentants syndicaux et les représentants des associations de protection de l'environnement et ces derniers se sont donné rendez-vous à la radio régionale, pour débattre du problème qui représente un danger pour le personnel des officines et pour la santé du citoyen. Le responsable du syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO), M. Bouherid, a expliqué longuement la problématique: «Nous sommes tous préoccupés par les problèmes de l'environnement, mais il ne faut pas oublier que les pharmacies souffrent, depuis 2003, de problèmes de stockage des médicaments périmés et ne trouvent pas de solution pour leur incinération». Il explique que la loi 19-01 de 2003 sur la protection de l'environnement détermine une nouvelle procédure pour l'incinération de ces médicaments en exigeant qu'ils soient incinérés dans un incinérateur agréé. Avant cette loi, l'incinération se faisait en plein air dans les décharges publiques, suivant une procédure réglementaire avec établissement d'une liste des produits périmés dûment constatée par un huissier et les services des impôts. Ensuite, en présence de ces deux représentants de la puissance publique, les médicaments sont brûlés. M. Sebih, le représentant de l'association pour la protection de la nature et de l'environnement (APNE), rappellera qu'il avait proposé en 2007 à l'APW la réalisation de deux incinérateurs à Constantine et à Didouche Mourad. «Malheureusement, ces propositions tardent à se concrétiser», déplore M. Sebih. Le représentant du SNAPO souligne l'urgence du problème car, dit-il, par rapport aux années précédentes et avec le l'augmentation de la consommation des médicaments générée par une prise en charge totale des assurés et le développement des maladies chroniques d'autre part, le volume des médicaments périmés a considérablement augmenté. «Ce problème de stockage se pose désormais en terme de sensibilisation et d'information au niveau des pharmaciens, estime M. Bouherid. Les citoyens aussi doivent être sensibilisés pour s'abstenir de jeter leurs médicaments périmés dans les poubelles et doivent les remettre aux officines qui les prendront en charge. Cet aspect va d'ailleurs être pris en charge par le biais d'une journée pharmaceutique qui sera organisée à Constantine le 24 avril prochain et à laquelle le SNAPO invitera les représentants de l'environnement pour sensibiliser le public sur les dangers des médicaments périmés». Par ailleurs, ce responsable cite aussi l'attitude de certains grossistes qui, selon lui, contribuent au phénomène des stocks des médicaments périmés. «Contrairement à ce qui se faisait au temps du monopole de l'Etat, les grossistes n'acceptent plus de reprendre les stocks de médicaments périmés. Pire encore, ils n'hésitent pas à pratiquer la vente concomitante en ce sens que lorsqu'on a besoin d'un produit en rupture, ils nous obligent à prendre d'autres médicaments pas très demandés, et dont la date de péremption est proche. Ce qui augmente notre stock périmé et nous sommes ainsi coincés entre l'exigence du client et le diktat des grossistes !». Revenant sur le problème de l'incinération, il déclare qu'il y a quelque temps, il avait proposé au directeur de la santé d'utiliser les incinérateurs des hôpitaux, mais jusqu'à présent rien n'est fait. Ces propos ont été démentis par le directeur de la santé qui, contacté, affirme n'avoir reçu aucune doléance de cette nature. «Quoique ces incinérateurs aient été créés pour les besoins spécifiques des hôpitaux, dit-il, nous sommes toutefois disposés à étudier toute proposition dans ce sens, pourvu que les demandes nous soient communiquées par le syndicat et le conseil de l'ordre des pharmaciens, institutions avec lesquelles nous sommes constamment en relation». Une autre solution a été avancée pour incinérer les médicaments au niveau de l'incinérateur d'Alger, mais là aussi s'est posé un problème d'acheminement. Les responsables de l'incinérateur d'Alger ont proposé soit d'acheminer les médicaments sur la capitale, soit de les entreposer dans un hangar où ils viendront les prendre, a révélé M. Bouherid. «Mais où trouver ce hangar si les autorités locales ne nous aident pas ?», a-t-il interrogé à la fin.