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Notre supplément économie avec la collaboration de «MAGHREB EMERGENT» et «LES AFRIQUES» : Al Jazira : un tiers de Mondial à 14 millions $ pour les Maghrébins
La rétrocession des droits d'images de la Coupe du monde aux télévisions publiques du Maghreb patine. L'Algérie et la Tunisie ont péniblement conclu avec Al Jazira détentrice des droits. Une transaction chère pour 22 matchs seulement. Les téléspectateurs cherchent déjà ailleurs. L'ENTV diffusera, sur la chaîne terrestre seulement, 22 rencontres du Mondial qui se déroulera du 11 juin au 11 juillet en Afrique du Sud. Le choix, évident, s'est porté sur les matchs de l'équipe nationale, les matchs de ses adversaires et les affiches du second tour. Les mordus du football en Algérie qui en général voient tous les matchs du mondial 64 - devront trouver d'autres moyens pour satisfaire leur envie. Côté algérien, aucun chiffre n'a été donné sur le coût de la transaction pour ce «tiers» de Mondial. Ce n'est pourtant pas un grand secret. Les Algériens qui se contentent du «gratis» de la chaîne terrestre ne verront qu'un tiers des matchs chèrement payés : entre 14 et 15 millions de dollars pour la «short liste» de 22 matchs. Le chiffre a été révélé par les chaines publiques marocaines pour expliquer à leurs téléspectateurs pourquoi ils risquent de ne pas voir le Mondial chez elles. A prendre ou à laisser Le groupe quatari Al Jazira a récupéré les droits d'images dans la corbeille d'acquisition d'ART Sports en novembre 2009. Des responsables du pôle audiovisuel marocain, la SNRT, ont expliqué, en off, que la chaine Al Jazira ne «négocie pas mais se contente d'envoyer son offre par fax et c'est à prendre ou à laisser». La Tunisie, malgré un nombre d'habitants plus réduit n'est pas mieux lotie que les autres pays maghrébins : 12 millions d'euros pour les 22 matchs. D'un Mondial à l'autre, les chaines publiques maghrébines se retrouvent dans le même rapport de force défavorable qui permet au détenteur des droits de retransmission d'imposer ses vues. Tout le monde se souvient que les bureaux de poste ont ouvert exceptionnellement le vendredi en juin 2006, le jour du match d'ouverture de la Coupe du monde en Allemagne, afin de vendre des cartes ART achetées, in extremis, par l'Etat Algérien à «un prix avantageux» et cédées au public à 3000 dinars. Al Jazira qui a mené durant ces dernières années une politique d'achat agressive et couteuse des bouquets à péage a fini par affaiblir Art-Sport avant de la racheter purement et simplement en novembre dernier. La chaine qatarie se retrouve ainsi avec les droits du Mondial 2010 et de 2014 (Brésil). Cheikh Salah Kamel, le propriétaire saoudien d'ART, si «présent» lors du dernier Mondial est «out», il a néanmoins raflé la coquette somme de 3 milliards de dollars. L'acquisition des droits de retransmissions des Coupes Monde, 2006, 2010 et 2014 lui avait valu 210 millions de dollars. Au moment de la signature, les deux parties ont signifié que les «droits des détenteurs de cartes ART seront préservés». Al Jazira-Sport qui détient désormais les droits des images sur pratiquement tout ce qui intéresse les «footeux» de l'Atlantique au Golfe a vite oublié l'engagement. Un remake du mondial 2006 Après avoir beaucoup dépensé pour se placer en position de monopole, la chaîne qatarie entend rentabiliser l'investissement. 14 millions de dollars pour une formule de 22 matchs, les offres des télévisions publiques ne risquent pas d'entraver le commerce des cartes d'Al Jazira. «Voir 22 matchs, ce n'est pas voir le Mondial. L'offre est si insatisfaisante qu'elle va inciter les passionnés du foot à acheter, même à contrecœur, les cartes d'Al Jazira ou à chercher des formules pirates». C'est un remake du précédent Mondial. En plus coûteux, les cartes Jazira sport qui diffusent la Coupe du monde sont cédées au tarif de 16 000 dinars pour un nouvel acheteur, 9000 dinars pour un détenteur d'une carte «ordinaire » d'une année. De quoi regretter Cheikh Salah Kamel. Celui-ci avait d'ailleurs presque annoncé cette situation : «Si ce n'était pas moi, ce serait un autre, qui imposerait des conditions et des prix astronomiques et ce serait impossible à 300 millions d'Arabes de voir une minute de transmission de ce Mondial» avait-il déclaré en dénonçant une «campagne diffamatoire» qui l'accusait d'avoir privé les «pauvres de regarder la Coupe du monde ». «Les journalistes qui m'ont attaqué au nom des pauvres auraient mieux fait de s'attaquer au vol et au piratage qui est un acte condamnable par la loi et par Dieu ». Al Jazira, ce quelqu'un d' «autre» qui a acheté les droits et qui les fait payer cher, souhaiterait sans doute avoir une «fatwa» contre le piratage du Mondial. En effet la tendance, ce printemps est au système D chez les accros des images cryptées. Mais là aussi, la barrière d'entrée financière est élevée. Certaines solutions alternatives comme la Dreambox ne sont pas liées au Mondial. Elles permettent moyennant un modem de 10.000 dinars et un abonnement mensuel de 1000 dinars d'avoir les bouquets Canal+, Al Jazeera Sport, Art, Show-times détail de poids, l'option reste tributaire d'une connexion Adsl qui fonctionne. L'ASBU en dehors du jeu Quel est le modèle de transaction qui aurait pu permettre aux grands publics du Maghreb de voir l'intégralité de la Coupe du monde de football ? Un achat en première main des droits d'images en consortium par les chaînes publiques arabes, regroupées dans le cadre de l'ASBU. Cela ne correspond pas à la logique «de valorisation » de l'évènement par la FIFA qui a cédé au plus offrant quitte à exclure des centaines de millions de téléspectateurs de la fête mondiale du ballon rond. Pressé moralement, La FIFA a accepté de faire un effort pour que le Mondial soit accessible pour les pays d'Afrique subsaharienne. En 2006, nos voisins du Sud ont pu voir les matchs gratuitement. Les pays du Maghreb sont classés comme émergents. Ils paieront donc comme les riches le droit de voir la Coupe du monde dans le commentaire de leur langue. Il restera la solution des chaînes publiques allemandes. Elles sont libres d'accès. Les spécialistes commenteront pour eux-mêmes.