Vers 22h, hier soir, Algériens et Qataris d'El Jazeera sont parvenus à un accord mutuellement acceptable sur les droits de retransmission radio des matchs de football du Mondial 2010. La veille la télévision qatarie, détentrice de ces droits, avait exprimé des exigences jugées inacceptables par la direction générale de la Radio algérienne. Et l'affaire a pris une tournure politique. Le ministre de la Communication, Nacer Mehal, a appelé jeudi la chaîne satellitaire qatarie «El Jazeera « à «la raison». Invité à donner son avis au sortir du siège du Conseil de la Nation sur l'attitude adoptée par cette chaîne à propos des droits de retransmission du Mondial de football sud-africain dans le monde arabe, M. Mehal a exprimé le voeu que ses responsables «retrouvent la raison». L'Algérie, a-t-il dit, ne cèdera jamais devant «un quelconque chantage» et ne «se rangera à aucun marchandage d'aucune sorte». «La dignité nationale et la souveraineté de ses institutions ne se discutent pas», a-t-il martelé. Le nouveau ministre de la Communication a également appelé les responsables de cette chaîne à «se conformer aux règles et pratiques commerciales universellement connues dans ce domaine». Cette affaire est devenue publique après la diffusion inattendue d'un communiqué de la Radio algérienne. Il révélait que El Jazeera a tenté d'imposer «non seulement le paiement (par la radio) de droits nettement plus élevés que la moyenne commerciale universellement admise, mais également de diffuser sur les ondes de ses trois chaînes nationales le commentaire d'un des commentateurs sportifs bien connu de cette chaîne qatarie». En l'occurrence, elle voulait imposer la voix de Hafid Derradji, Algérien expatrié et vedette de cette chaîne. La radio jugeait que «ce comportement n'a aucun lien avec les règles d'éthique qui régissent les relations commerciales». Ce package surprenant, ou cette vente concomitante, a fait réagir la Radio algérienne qui l'a qualifié de «première mondiale», tout en jugeant que cette proposition est «assimilable à un acte de piraterie». Ce sont les exigences qataries, visiblement poussées à l'extrême, qui ont emmené la direction générale à prendre à témoin tout le monde. L'affaire a été prise en charge par le ministre de la Communication, mais aussi, selon des sources sûres, par le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Le ministre des Affaires étrangères du Qatar a également été saisi. Tous ont agi pour que les dirigeants de cette chaîne de télévision tempèrent leurs exigences et s'inscrivent dans les normes usitées dans ce domaine. Ce « pressing » diplomatique a désamorcé une affaire qui commençait à prendre une tournure politique, entre deux pays liés par d'excellentes relations bilatérales. Les négociations ont repris hier pour s'achever tard, vers 22 heures. Les deux parties, la Radio algérienne et El Jazeera TV, sont parvenues à un accord sur la cession des droits de retransmission des matchs de football du Mondial sud-africain. L'accord s'est réalisé sur la base « des droits normaux », a-t-on appris hier de source sûre, mais on ne nous a pas précisé le montant obtenu par El Jazeera, confidentialité commerciale oblige. Par contre, notre source nous a indiqué que « les matchs seront retransmis en direct sur les chaînes 1, 2 et 3 de la Radio nationale » et qu'il y aura des débats dans les studios de Radio Algérie Internationale. Bonne nouvelle pour tous les auditeurs nationaux. Il reste que ce dénouement positif laisse intacte la problématique générale de l'argent et du football, celle de la « philosophie sportive » de la FIFA, celle du sort qui est fait aux spectateurs, sans lesquels le football ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui.