« Al Nafida», tel est le titre de l'adaptation de la célèbre pièce d'Emmanuel Roblès, dont la générale a eu lieu le mois d'avril dernier, et qui a été rejouée au TRO dans la soirée de mardi dernier. Réécrite par Brahim Hachmaoui, la particularité d'«Al Nafida» est qu'elle reprend à son compte «La fenêtre», mais dans une version «algérianisée». L'histoire, au lieu de se passer pendant la Seconde Guerre mondiale, a lieu quelques années après pendant la guerre de libération nationale! Et sans que ce ne soit révélé, on imagine que l'histoire se déroule à Oran. Une jeune femme, du nom de Clara, vivant seule dans un petit appartement dont la fenêtre donne sur une prison, vient de se tordre la cheville et, de ce fait, limite au maximum ses sorties au dehors. Celui qui l'a aidée à se relever le jour de l'accident est un jeune «indigène» nommé Djamel. Ce dernier, après quelques petites enquêtes ici et là, réussit à découvrir son adresse et part illico lui rendre visite. A partir de là, une belle histoire d'amour est née. Clara, séduite par ce jeune homme, ne tarde pas à s'en éprendre et prend pour confidente sa voisine de palier, Lucia, qui lui sert, sa cheville tordue oblige, d'infirmière de fortune. Clara est aux anges, ce jeune homme, dont le métier est de jouer du violon dans «la Pergola», un restaurant du centre-ville, l'a envoûtée. Pour le coup, Lucia réclame de le rencontrer à tout prix. Un rendez-vous s'arrange mais au final le charme semble s'estomper: ce que veut ce jeune homme, ce n'est pas Clara, mais la libération de son pays. Et derrière le costume du musicien se cache en fait celui du «Moudjahid». Qu'à cela ne tienne pour Clara oserons-nous dire ! L'amour est-il au-dessus de tout ça ? Va-t-elle donc, comme on peut se l'imaginer, le dénoncer auprès de la police coloniale ? Ou alors prendra-t-elle son courage à deux mains et décidera-t-elle de l'aider dans sa noble tâche de libérer son pays? Et lui, son vœu est-il seulement l'indépendance de son pays ou alors ne nourrit-il pas, pour cette jeune femme, de véritables sentiments ? Cette pièce théâtrale, d'une durée d'une heure vingt minutes, est truffée de suspenses et tient en haleine le spectateur jusqu'à la tombée du rideau. On peut noter une performance, celle de Claire Taous Khazem, qui a réussi le tour de force de jouer le rôle de Clara dans un arabe correct, alors qu'en vérité, elle est d'origine américaine et ne sait pas parler cette langue ! Elle est connue du public pour avoir interprété le monologue « Rim la Gazelle». Celui qui a joué le rôle de Djamel est Mohamed Yabdri («malgré tout bladi, je t'aime» et «le projet»), et c'est Fadila Hachmaoui, très connue dans le milieu théâtral oranais, qui a interprété le rôle de Lucia. Quant au policier français, il a été interprété par Samir Bouanani, connu du grand public pour avoir joué dans le célèbre one-man-show «Moutazaouidj fi outla». Il joue là un rôle aux antipodes de celui dans lequel le public est habitué à le voir, et autant dire que la mayonnaise a pris du premier coup.