De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Comme l'année dernière -et probablement pour trois ou quatre ans encore - les soirées du Ramadhan riment avec plongeons dans l'eau rafraîchissante de la Méditerranée, en tout cas, pour les estivants qui préfèrent le bain de minuit aux soirées culturelles ou autres activités ludiques, et qui possèdent un moyen de locomotion pour les mener à l'une ou l'autre des plages oranaises. Ce mois d'août est tellement chaud qu'il est très difficile de résister à l'appel de la mer, particulièrement lorsque les soirées intra-muros se révèlent brûlantes. C'est pour cela que beaucoup n'hésitent pas à prendre le chemin de la corniche oranaise. D'autres, en revanche, les jeunes en particulier, préfèrent les longues soirées de dominos ou de jeux de cartes entre amis, dans les cafés, les mahchachete ou simplement sur le trottoir, près de la maison. On installe une table et des chaises, on prépare du thé, on achète un peu de chemia, et les parties se succèdent jusqu'au premier appel du muezzin. Certains pimentent leur gaada avec des joints, sans se soucier du qu'en dira-t-on ni du risque encouru en cas de contrôle policier. Il y a longtemps, en effet, que le kif est pratiquement entré dans les mœurs des Oranais qui ne se cachent plus pour s'adonner à ce dangereux plaisir. Les femmes, de leur côté, ont découvert la joie insolite de la soirée… sur un rond-point.Accompagnées de leurs enfants et voisines, des dizaines de femmes ont pris l'habitude de se rendre sur ces nouveaux ronds-points que les architectes ont embellis d'espaces verts et de jets d'eau. Et depuis que le rond-point du nouveau Centre des conventions d'Oran a été «mis en service», des centaines de femmes s'y rendent en famille pour profiter de la fraîcheur produite par les jets d'eau et de l'animation qui y règne désormais chaque soir. Et c'est ainsi que ce rond-point -prolongé par une longue promenade sous les palmiers en direction de la cité Akid-Lotfi - a volé la vedette à celui du Sheraton, et est devenu un lieu tellement fréquenté qu'il est très difficile d'y circuler en soirée. Il reste que les amateurs des activités culturelles peuvent plus ou moins épancher leur soif des arts en se rendant au théâtre où des pièces sont produites chaque soir, à la Cinémathèque ou dans d'autres lieux, tels le conservatoire Ahmed - Wahbi (des concerts de musique) ou l'institut Cervantès dont les responsables ont prévu des activités spéciales Ramadhan. Depuis le début du mois sacré, le théâtre Abdelkader Alloula a abrité Al Nafida, adaptée de la Fenêtre d'Emmanuel Roblès par Brahim Hachmaoui et jouée par Mohamed Yabdri, Claire Thaous Khassem, Fadela Hachemaoui et Samir Bouanani, et le Projet, un one - man - show de Mohamed Yabdri. Les amateurs de cinéma peuvent retrouver à la Cinémathèque des classiques archi-connus du cinéma algérien (d'ailleurs, on n'a pas fait mieux depuis !!) : les Vacances de l'inspecteur Tahar, les Folles Années du twist de Mahmoud Zemmouri, Hassan Terro, le Clandestin de Benamar Bakhti, Un toit, une famille de Rabah Laradji… Les responsables de la Cinémathèque ont aussi prévu la projection de plusieurs films de cinéma allemand et polonais : Mort aux SS de Eva et Czeslow Petelski, réalisé en 1961, l'Evadé de l'enfer de Witold Lesiewicz (1958), Signes particuliers, néant de Jerzy Skolymowski (1964), le Dernier Convoi de Roland Jurgen (1962), Une femme à abattre de Ralphe Lothar (1961)… et d'autres œuvres des deux pays. Ce Ramadhan, il y en a pour tous les goûts à Oran.