La maison des jeunes de Ghazaouet, nouvellement inaugurée, a abrité ce samedi sa première conférence dont le thème portait sur le choc des civilisations et qui a réuni d'éminents professeurs et étudiants des universités d'Oran, Tlemcen et Maghnia, des hommes de religion dont l'imam de la Grande Mosquée de Ghazaouet et Monseigneur Henri Tessier. Selon le professeur Ahmed Bendaoud, organisateur de la manifestation, c'est dans le cadre des activités scientifiques et culturelles du groupe anthropologique de l'association Ad Fratres que cette conférence-débat, autour du thème du dialogue des civilisations et de son rôle dans le rapprochement et la communication entre les peuples et les nations, a eu lieu. L'un des objectifs de cette conférence n'est autre que la promotion de la culture de tolérance et le respect d'autrui, la nécessité de coexistence pacifique entre les religions, les cultures et les langues. Monseigneur Tessier présentera, dans son intervention, l'Emir Abdelkader comme initiateur du dialogue entre Islam et Christianisme à travers deux exemples : d'abord, une lettre qui a été écrite à l'évêque Pavy d'Alger en 1862, dans laquelle il explique son engagement pour sauver les chrétiens de Damas, qui se fondait sur la loi musulmane et les droits de l'humanité. Il a présenté ensuite certaines positions de l'Emir dans son livre spirituel des Mawaqif, qui sont des stimulants spirituels pour les chrétiens (par exemple ce qu'il avance sur les mystères de Dieu qui dépassent tout entendement humain, ou ce qu'il dit sur la dignité de l'homme à qui le Créateur a confié la charge (amana) de la création. Quant à M. Taïbi, docteur en anthropologie, auteur de «Pour une théorie du terrorisme» (mémoire de la pratique terroriste dans toutes les religions monothéistes) et l'Algérie au XIXe siècle : analyse des structures sociales et mentales, il exposera les enjeux des concepts et des sens dans la structuration de l'universel. Il essaiera d'apporter un éclairage critique sur la distance qui sépare le sens académique en usage dans les sciences des civilisations et les connotations idéologiques abhorrées par les laboratoires de la géopolitique. M. Salah Boubeker, docteur en théorie littéraire, déplacera le débat sur le plan littéraire en parcourant une œuvre de Mohammed Dib, à savoir «L'Infante maure», parue en 1985. M. Yagoubi Bachir, conservateur de la bibliothèque de l'USTO, débattra avec une assistance venue en nombre à cette 1ère conférence de la nouvelle maison des jeunes, du livre en tant que produit civilisationnel, sans espace et sans âge, vecteur de valorisation de l'information et de la communication. En marge de la conférence, un correspondant de presse (du Quotidien d'Oran) présentera, pour la promotion de l'écriture, M. Brahimi Mourad, auteur de «Rien qu'une empreinte digitale», un livre dont on ne gardera pas qu'une histoire de prison, mais bien plus, puisque c'est un hommage rendu à tous les cadres de la Nation incarcérés pour mettre l'Algérie à genoux, mais aussi, en filigrane, un hommage rendu à la femme à travers quelques mots que la pudeur a laissé échapper. M. Brahimi Mourad, haut cadre à la wilaya d'Oran, laissera quelques exemplaires de son livre, à titre purement symbolique, à la bibliothèque de la nouvelle maison des jeunes, en espérant qu'ils soient le prélude à d'autres ouvrages qui viendront grossir les rayons.