Malgré les divergences entre les membres de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), la marche hebdomadaire décidée lors la réunion de la semaine dernière est maintenue. A l'issue d'âpres discussions, la CNCD, ou du moins une partie de ses membres, a décidé hier d'organiser une autre marche populaire à Alger. C'est ce qu'a annoncé le président d'honneur de la Ligue algérienne des droits de l'homme, Ali Yahia Abdenour. Ce dernier, qui intervenait à l'occasion d'un point de presse qui a duré à peine deux minutes, a fait savoir qu'une marche similaire à celle du 19 février sera organisée samedi prochain et débutera de la place des Martyrs pour arriver à la place du 1er mai. A peine cette phrase terminée, Ali Yahia Abdenour a été chahuté par une partie de l'assistance qui criait qu'une partie de la coordination n'était pas d'accord avec cette décision. S'ensuivit alors une véritable cacophonie dans la salle, qui venait d'abriter une réunion qui a duré près de six heures pour se mettre justement d'accord sur les actions à entreprendre après l'empêchement de la marche de samedi par les services de sécurité. Ainsi la SNAPAP, la LADDH, le CNES d'Oran, le CLA et le SATEF sont contre l'organisation de la marche samedi prochain pour manque d'organisation. Le responsable du SNAPAP, Rachid Malaoui, a déclaré hier aux journalistes que «nous ne voulons pas que les partis politiques nous imposent leurs idées». «Nous demandons à ce que les partis politiques soutiennent la coordination mais nous refusons qu'ils soient à l'intérieur», a-t-il lancé devant la presse. Même s'il ne cite pas nommément le RCD, Malaoui faisait clairement allusion à ce parti, représenté hier par plusieurs responsables, dont le député Tahar Besbès qui, malgré son plâtre à la jambe et une minerve autour du cou, s'est déplacé pour participer à la rencontre. «Nous refusons que la démocratie soit confisquée par des partis politiques», tonne un autre responsable du SNAPAP. Ce syndicat a affiché hier une ferme opposition à l'organisation d'une marche, mais aussi la participation des partis politiques à toutes les actions de la CNCD, qui a connu hier un véritable éclatement du fait des divergences qui sont apparues au grand jour. La position du SNAPAP n'a pas été du goût de certaines associations d'étudiants que l'on présente comme étant proches du RCD. En effet, des étudiants ont crié leur colère à l'intérieur de la salle quand un syndicaliste a déclaré que les «étudiants sont à Ben Aknoun», allusion faite aux centaines d'étudiants qui observent depuis plusieurs jours un rassemblement devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. La réunion de la CNCD s'est déroulée dans un climat électrique. Les cris et les «prises de bec» entre les membres de la CNCD parvenaient jusqu'à l'extérieur où les journalistes attendaient la tenue du point de presse. D'ailleurs, la conférence de presse prévue à 14 heures a été décalée de plusieurs heures, dans une tentative de se mettre d'accord sur l'action de samedi prochain. Le seul qui semble pourtant croire fermement à cette marche, c'est Ali Yahia Abdenour. Le président d'honneur de LADDH a parlé hier «d'une minorité qui ne veut pas s'incliner devant la majorité». Il appellera, par ailleurs, à l'organisation de marches dans toutes les wilayas samedi prochain. A noter enfin que certains membres de la CNCD se sont opposés à la présence du «Quotidien d'Oran» à la réunion qui a débuté le matin, alors qu'ils ont toléré d'autres organes de presse. Ces personnes nous reprochent d'avoir étalé les divergences des membres de la CNCD lors de nos précédentes éditions.